L’anarchie perdure !

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Le secteur du transport continue de soulever des vagues ces dernières années à Tizi-ouzou. Le voyageur est soumis à un parcours de combattant au quotidien, parfois contraint de passer des heures pour un petit déplacement à l’intérieur même du chef-lieu de wilaya.

Désormais, pour se déplacer à Tizi-Ouzou c’est devenu un projet. La circulation routière au niveau de la ville semble se compliquer, de jour en jour, notamment aux heures de pointes. À cause des encombrements enregistrés, tout au long de la journée, le trafic routier est devenu infernal. Les différentes entrées de la ville où sont implantées les stations de fourgons de transport de voyageurs sont bouchées dès la matinée. Le cas de la nouvelle station EDIMCO qui déborde sur la RN12, improvisée à la hâte à l’entrée ouest en venant d’Alger, est édifiant. Et ça dure depuis plusieurs semaines sans que personne ne bouge le petit doigt. Les transporteurs approchés au niveau des différentes stations de la ville se plaignent de différentes carences, notamment en matière de sécurité ainsi que du stationnement. Mais le plus grand problème, selon eux, reste celui lié aux embouteillages. «J’ai pris le transport de l’ancienne gare routière aux environs de 14h30 et je n’ai pu arriver à la fac qu’à 16h20», déplore Fadhma, étudiante à l’université Hasnaoua. Amar, transporteur assurant la ligne la Tour – le siège de l’ADE, affirme pour sa part que «Pour faire l’itinéraire en aller et retour, il me faut parfois plus de deux heures. Les embouteillages sont devenus un véritable problème, notamment de la montée de l’université Hasnaoua jusqu’au CHU Mohamed Nedir». Même constat pour ce qui est des autres circuits. Selon d’autres transporteurs et même des usagers, le problème semble avoir accentué par la mise en œuvre du nouveau plan de transport au centre-ville de Tizi-Ouzou, notamment avec la délocalisation de toutes les stations de fourgons et de bus menant vers les communes et daïras environnantes. Le but de ces opérations qui visaient à désengorger la ville a été complètement raté. 

Le nouveau plan des transports au chef-lieu, une amélioration nommée «galère»!

De plus l’usager est doublement pénalisé. Non seulement, il subit des désagréments mais en plus, il perd du temps et paye encore plus. Au niveau de la plupart des stations, il n’y a ni abribus ni plaques de signalisations. Le calvaire des usagers dure depuis 2011, lorsque les premières stations urbaines ont été délocalisées vers les gares intermédiaires, implantées à la périphérie Sud et Est de la ville. Les voyageurs des différentes localités se sont alors retrouvés contraints d’effectuer une escale dans les nouvelles stations, soit celle de Oued Aïssi, de Béni Douala où du pont de Bougie, avant de rejoindre, par bus du transport urbain, la ville des Genêts. Une chose qui a entièrement bouleversé les habitudes des citoyens et provoqué la colère des transporteurs. Les stations ont été livrées à la hâte, avant la fin des travaux d’aménagement. Résultat : absence de commodités, de sanitaires ou de boutiques d’accompagnement et de poste de police pour assurer la sécurité notamment en période hivernale où le noir enveloppe la ville dès la fin de la journée. Ce qui fait que même les transporteurs ne s’attardent pas trop sur place. En effet, il est difficile de trouver un fourgon qui vous emmènera par exemple jusqu’à Aïn El Hammam au-delà de 18h, parfois même bien avant. 

La nouvelle gare de l’EDIMCO, un cas édifiant des délocalisations hâtives des stations

La nouvelle gare de l’EDIMCO constitue, cependant, l’un des points les plus noirs des récents réaménagements retenus à travers le nouveau plan de transport, au niveau du chef-lieu de Tizi-Ouzou. Son implantation quasiment sur la voie publique, rend la circulation plus que pénible sur le tronçon de la RN12 appelé Saïd Amirouche. Du reste, le danger est omniprésent sur place, avec ces voyageurs qui traversent la route, en continue, pour ne pas rater le fourgon qui dessert leur localité. La présence de motards de la police sur place n’arrange en rien la situation. Que ce soit au danger encouru par les usagers ou aux bouchons qui s’éternisent de part et d’autres et qui rendent la circulation quasiment immobile. Le matin, le bouchon s’allonge jusqu’à atteindre le barrage fixe de la police, à plusieurs centaines de mètres plus bas. Mme Terki, directrice des transports de Tizi-Ouzou, ne veut visiblement pas assumer une telle catastrophe. Elle explique, toutefois, avec diplomatie que le transfert de cette gare à ce lieu, pas du tout indiqué sous son règne, s’inscrit dans la continuité du travail qui a été entamé en 2010, bien avant son arrivée. «L’option du transfert des stations de transports de localités vers des stations intermédiaires était retenue depuis longtemps. Il y’a eu d’abord celle de Oued-Aissi, de Sikh Oumedour et puis de Béni Douala. Par la suite, nous avons transféré celle qui était au niveau de l’ancienne gare routière qui abritait, notamment les transporteurs de Tigzirt, Draa Ben Khedda et Tadmaït vers ce site de l’EDIMCO dans la précipitation. On a été contraint de le faire car le siège de l’ancienne gare sera orienté pour autre chose, voir une suite de la placette de l’olivier. L’ancienne gare sera changée en un lieu de loisir pour les familles. Nous avons, d’ailleurs, donné notre accord à l’APC dans le but d’offrir une belle image de la cité. D’autant plus ce lieu se situe à l’entrée de la ville», a-t-elle expliquée avant de reprendre : «Je suis arrivée en mai 2013 et j’ai trouvée cette idée déjà mûrie. Nous avons, donc, procédé à l’aménagement de la station EDIMCO dans la hâte. Mais juste après, nous nous sommes mis à chercher un autre terrain. Chose faite grâce au wali. Nous avons réussi à trouver un grand terrain de plus de 5 hectares juste à l’entrée de la ville, soit en bas du Relais Routier Le Mistral. Ce cite sera donc aménagé en future station urbaine à la place de l’actuelle qu’héberge l’ancienne EDIMCO. Cela devrait régler la fluidité du trafic routier sur ce tronçon. Les aménagements seront réalisés par l’APC. Mais c’est là une station urbaine qui sera prise en charge par notre direction. 

Vers l’instauration de permanences à chaque station… Au moins ça !

Sur le sujet de la disponibilité des transporteurs, Mme Terki affirmera : «En ce qui concerne les transporteurs de Tizi-Ouzou, ils ont tous des autorisations pour travailler de 5h du matin jusqu’à minuit en été et jusqu’à 22 heures en hiver.» D’ailleurs, notre interlocutrice affirmera que ceux qui ne le feront pas seront sanctionnés. «Maintenant, nous devons connaître ces gens qui ne travaillent pas au-delà de 18h. Nous leur avons exigés à ce qu’il y ait une permanence au niveau des différentes gares de la Kabylie, que ce soit pour les taxis où les TPV. D’ailleurs, nous avons envoyé un écrit au syndicat dans ce sens. Ils doivent nous adresser une liste de personnes qui assureront la permanence chaque mois. Nous avons commencé à travailler sur ça. Il y a déjà un début de reprise de permanence dans la wilaya», conclura-t-elle.

Samira Bouabdellah

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