Djelouah abdenour est propriétaire et gérant d’une huilerie traditionnelle au village Seddouk Ouadda, dans la commune du même nom. Il ne se limite pas à la production de l’huile d’olive mais il a essayé les grains d’oléastre (azebouj) et ceux de lentisque (thidhekth) d’où il a extrait des huiles destinées à la médecine. Il ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il pense essayer bientôt d’extraire l’huile des noyaux des amandes. Nous l’avons sollicité pour plus d’informations sur son activité et il a accepté de nous accorder cet entretien.
La Dépêche de Kabylie : Quand avez-vous acquis votre huilerie et pourquoi avez-vous choisi cette activité ?
Djelouah Abdenour : J’ai entamé l’exploitation d’une huilerie traditionnelle il y a de cela cinq ans. Un choix judicieux, du fait que beaucoup d’oléiculteurs optent pour les huileries traditionnelles, car ils trouvent son huile meilleure que celle produite dans des huileries modernes. Ils la trouvent fine et légère.
Vous faite aussi l’extraction d’autres huiles provenant d’arbres sauvages ?
Les autres huiles que j’ai découvertes sont destinées à la médecine traditionnelle. L’année passée, je me suis intéressé à la production d’une huile provenant des grains d’oléastre. L’huile extraite je l’ai vendue à 2 000 DA le litre, à la foire de l’olive organisée en février 2013, par la commune d’Akbou où j’ai exposé mon produit. Elle se vendait très bien et j’ai même écoulé toute ma production. Son prix est élevé parce que son rendement est très faible, avec seulement 7 litres par quintal. Cette année, je me suis intéressé à l’extraction de l’huile des grains de lentisques qui sont d’un rendement encore plus faible, à savoir 5 litres par quintal. D’ailleurs, je compte la vendre à 4 000 DA/le litre. Actuellement, je suis en train de cueillir les noyaux des amandes pour extraire une huile végétale de table.
Allez-vous vers une industrie agro-alimentaire de transformation des produits du terroir ?
Pour songer à une industrie agro-alimentaire, il faudrait d’abord réunir des moyens colossaux. Mais je ne dirais pas que cette éventualité relève pas de l’impossible car pour moi, tout est possible. Mais dés que j’aurai les moyens nécessaires, je me pencherai sur la transformation des grains des fruits comme ceux de la figue de barbarie (akermous), des noyaux des pêches, de la caroube,… etc.
Qui achète ces huiles spéciales ?
Pour le moment, je les vends aux particuliers qui les utilisent comme soins thérapeutiques. Mais plus tard, les scientifiques pourraient s’y intéresser pour voir à quoi elles sont bonnes aussi.
Comment cueillez-vous les graines d’oléastres et de lentisques ?
Quand il fait beau, je sors avec mon fils pour aller dans les bois et cueillir les graines. La cueillette des grains de lentisque est plus complexe, du fait qu’ils sont petits et ne tombent pas à terre. Donc, parfois, il faut les arracher avec les feuilles. Nous les passons au tamis spécial où les graines tombent et les feuilles y restent.
Faite-vous une autre activité agro-alimentaire en parallèle ?
J’exploite aussi un petit moulin à grains pour la mouture du poivron et piment sec. La poudre extraite est utilisée dans les sauces des plats. Là aussi, j’étendrai la mouture aux grains d’orge et de blé car les farines obtenues comportent des fibres facilitant la digestion. Une farine, parfois, recommandée par les médecins pour les maladies de l’estomac et de l’intestin.
Avez-vous participé à des foires agricoles locales ?
J’ai participé à la foire de l’olive d’Akbou en février 2013, à la fête de la figue de Béni Maouche le mois passé et à la fête des produits du terroir de Benidjellil, il y a dix jours. Là je viens de recevoir une invitation, des responsable de la commune de Semaoun, pour une éventuelle participation à une foire de l’olive, qui sera organisée prochainement.
La production oléicole de cette année sera-t-elle bonne ou moyenne ?
Certains oléiculteurs en voyant des olives tombées à terre pensent à une maladie, mais moi de par mon expérience en tant que fellah, je pense le contraire. La production et le rendement seront meilleurs cette année. Mais ce n’est qu’un avis. Attendons donc la campagne de ramassage qui va démarrer, ces jours-ci, pour avancer avec exactitude ce qu’il en est.
Un mot pour conclure ?
Mon vœu c’est d’acquérir une machine spéciale, destinée à la transformation des grains d’arbres sauvages si les services agricoles consentent à m’accorder une aide pour son acquisition, car leurs transformations avec l’huilerie traditionnelle ne sont pas adéquates.
Propos recueillis par L. Beddar