Pour la mise en place d’une institution académique de la langue amazighe

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La mise en place d’une institution académique, dotée d’une autorité scientifique de la langue amazighe, a été vivement recommandée, samedi à Ghardaïa, à l’issue d’un colloque consacré à la thématique de « néologie, les corpus informatisés et les processus d’élaboration des langues de moindre diffusion ». Les participants ont préconisé la conception et l’élaboration de dictionnaires scientifiques et scolaires de langue amazighe, la gestion de la variation lexicale, les aspects iconiques ainsi que la grammaire amazighe. Le décuplement des unités de recherches, dans différentes régions du pays, au parlé amazigh a été également prôné lors de cette rencontre, afin d’enrichir à partir du terrain le lexique linguistique et d’engager une réflexion scientifique sur l’importance d’asseoir une méthodologie en vue de promouvoir Tamazight. Organisé par le centre national pédagogique pour l’enseignement de Tamazight (CNPET), en collaboration avec le ministère de l’Education nationale, le colloque a réuni une pléiade de professeurs, linguistes et chercheurs universitaires, algériens et étrangers, qui ont examiné l’état des lieux, les contraintes pédagogiques et les moyens de promotion de l’enseignement de la langue amazighe. Ce colloque constitue un espace de dialogue et d’échange scientifique d’expériences en matière de préservation et de promotion des langues de moindre diffusion, a souligné Abderrezak Dourari, directeur du CNEPT, précisant que cette rencontre vise à trouver les moyens et méthodes scientifiques susceptibles de promouvoir Tamazight sur tous les plans, en tenant compte de l’évolution scientifique et technique. Cette rencontre «permet aux enseignants et professeurs algériens d’acquérir les méthodologies, pour décupler les capacités de production dans le domaine de la langue permettant de confectionner un dictionnaire scolaire et scientifique selon les normes mondiales», a-t-il fait savoir. Les chercheurs et universitaires doivent fédérer leurs recherches sur la langue amazighe, à travers l’organisation de rencontres périodiques et la création d’unités de recherche dans différentes région, a estimé M. Dourari. Selon le directeur du CNEPT, ce colloque est l’occasion, aussi, de faire le point sur l’expérience de l’enseignement de Tamazight, intégrée en 1997 dans le système éducatif national, d’évaluer les résultats et d’améliorer la qualité de son enseignement dans les écoles. Cette manifestation a été marquée par la présentation d’exposés portant sur les thématiques de «la néologie et la rédaction scientifique en Tamazight «; «la création lexique en besoins d’expression «; «la néologie dans la construction identitaire» et «le marché linguistique algérien et la demande néologique». Les intervenants ont déploré les contraintes pédagogiques et le manque de moyens pour la promotion de l’enseignement de Tamazight, rappelant la nécessité d’accorder un intérêt particulier à l’enseignement ainsi qu’à la diffusion de cette langue, considérée comme un enrichissement de la culture nationale. Mettant en relief les dimensions historiques, culturelles et socioéconomiques de la culture amazighe, les participants ont exhorté les citoyens à participer à l’enrichissement lexical et linguistique de cette langue. En marge de ce colloque de deux jours, des rencontres avec les «Azzaba» (dignitaires religieux dans l’organisation ancestrale de la société du M’zab) ont été organisées pour permettre aux participants du colloque de prendre connaissance de l’organisation sociale et de la sociologie de la région.

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