L’adieu planétaire

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Nelson Mandela s’est éteint, jeudi, en début de soirée à l’âge de 95 ans, chez lui à Johannesburg.

Mandela est mort dans la nuit d’avant-hier jeudi. C’est le président de la République Sud Africaine, Jacob Zuma, lors d’une intervention télévisée, qui l’avait annoncé. “Notre bien-aimé Nelson Mandela, le président fondateur de notre nation démocratique, nous a quittés. Il est décédé en paix, entouré de sa famille, aux environs de 20h50. Notre nation a perdu son plus grand fils”. Aussitôt, le monde s’est arrêté de tourner. L’humanité entière a  instantanément porté le deuil de l’homme cardinal. L’Algérie encore plus, tant Madiba était aimé par les Algériens et les aimait par-dessus tout. Nelson Mandela était le militant anti-apartheid le plus intransigeant, le plus farouche et aussi le plus humain. Il tenait à ce que son pays soit une nation dont tous les enfants vivent en osmose, aussi bien noirs que blancs. Il disait de son combat : «Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique, dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble, en harmonie, et avec les mêmes opportunités. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et agir. Et, si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.»  Elève spirituel de Gandhi, et comme lui, il prêchait la non-violence. Mais lorsque la violence s’imposait, au corps défendant de son peuple, il la préfère à la coquetterie du pacifisme dans la géhenne des exactions multilatérales du système raciste.  Nelson Mandela est emprisonné dans l’île-prison de Ruben Island, sous le numéro de matricule 46664, où il reste dix-huit de ses vingt-sept années de prison. En prison, sa notoriété s’étend au niveau international. Sur l’île, il effectue des travaux forcés dans une carrière de chaux. Les prisonniers y sont victimes de kératite due à la poussière et à la lumière. Mandela doit d’ailleurs, plus tard, se faire opérer de ce fait du canal lacrymo-nasale. Les prisonniers échangent néanmoins leurs connaissances dans ce qui deviendra « l’université Mandela», parlant aussi bien politique que de William Shakespeare, Nelson Mandela récitant et enseignant le  poème « Invictus » (Invaincu) de William Ernest Henley afin de les encourager. Quand ils ne vont pas à la carrière, Mandela et les autres détenus cassent des cailloux dans l’une des cours de la prison avec des cadences éprouvantes. Sa terrible prison deviendra, au fil du temps, «l’université Mandela», tant elle est devenue l’école de la résistance à l’apartheid. Toutefois, Mandela et ses codétenus n’étaient plus seuls. L’apartheid était mis au pilori par la communauté internationale, comme crime contre l’humanité. A ceci, l’Algérie y était pour quelque chose. La 29e session de l’ONU en 1974, présidée par l’Algérie, représentée par son ministre des Affaires étrangères en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika, avait proposé et obtenu l’exclusion de l’Afrique du sud de l’Assemblée. Depuis, la RSA demeurera en dehors de la communauté internationale jusqu’à la fin du régime raciste en 1991. Aussitôt libéré en février 1990, Madiba, avant son élection à la présidence de la RSA,  consacrera sa première visite officielle à l’Algérie, en mai 1990. S’exprimant à la coupole, lors d’un meeting, il dira entre autres : «C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme». Il s’en est allé vers la légende et la légende lui a ouvert les bras. Il a, incontestablement, marqué de son empreinte l’histoire de l’humanité.

S. Aït Hamouda

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