Les mendiants omniprésents

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À l'instar de nombreuses villes de la wilaya de Tizi-Ouzou, Boghni n'échappe pas à la multiplication du nombre demendiants.

Ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur. En effet, à chaque coin de rue, devant les administrations, devant la mosquée, devant les boulangeries, partout c’est le même décor. Des jeunes femmes, arborant de vieux vêtements, parfois entourées de petits mômes déguenillés, tendent la main aux passants. D’où viennent-elles? Comment sont-elles arrivées jusque-là? Ce sont là des questions qui taraudent l’esprit des habitants de la ville qui n’ont pas connu auparavant de telles situations. « J’habite ici depuis plus de quarante ans et je n’ai jamais vu autant de mendiants. Ceux qui venaient occasionnellement demander de l’aumône se comptaient sur les cinq doigts d’une seule main. Et puis, ils sont connus. Ces derniers temps, ce n’est plus le cas. Ils sont tous étrangers à la région », nous dira un commerçant du centre ville. Quant aux subterfuges utilisés pour soutirer des pièces d’argent, ils sont nombreux. Certains exposent des ordonnances médicales, d’autres délèguent à leur place des enfants en bas âge et une autre catégorie de personnes exhibe des passeports. Il s’agit à les entendre, de familles ayant fui la guerre civile en Syrie venues trouver asile en Algérie. Effectivement, ces « réfugiés », non recensés, ont envahi aussi bien les rues que les mosquées. Mais apparemment ces dernières restent leurs lieux de prédilection. « Elles se postent devant l’entrée de la mosquée jusqu’à la prière de l’Aicha et puis elles disparaissent dans la nature. On ne sait même pas où elles dorment. A notre connaissance, il n’y a aucun centre prévu à cet effet dans la région et même sur tout le territoire de la wilaya. Personne ne sait si ces personnes sont recensées par les services concernés ou pas. On croit savoir qu’elles sont livrées à leur sort », nous confiera un fidèle accosté devant la mosquée de la ville. La situation devient de plus en plus inquiétante. Les parents d’élèves sont les premiers à vivre avec cette peur au ventre, quand on sait que ces personnes rôdent aux alentours même des écoles. « Avec les temps qui courent, on ne peut laisser un enfant se rendre seul à l’école », nous dira une mère qui attendait son enfant devant son école. En définitive, ces personnes vulnérables ne trouvent pas d’autres moyens pour « gagner » quelques dinars, qu’en utilisant cette méthode peut être la plus tolérée de toutes, mais il n’est pas dit de laisser de telles pratiques proliférer dans notre société. Quand est-ce que les services sociaux prendront en charge toutes ces personnes? Ni les pouvoirs publics ni, encore moins, les associations caritatives n’ont pris jusque-là la situation en main afin de séparer le bon grain de l’ivraie.

Amar Ouramdane

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