Des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-Ouzou se sont réunis, en fin de semaine dernière, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, pour commémorer le 58ème anniversaire de l’opération "L’oiseau bleu",; une tentative de l’armée coloniale d’infiltrer, en 1955, des maquis en Kabylie, mais déjouée et retournée par l’Armée de libération nationale (ALN) au profit de la cause nationale.
Lors de cette rencontre, organisée par l’Union nationale de la jeunesse algériennes (UNJA), un ancien Moudjahid et un des acteurs de cette opération, Ouzaid Mohamed, dit Mouh Oumouh, a raconté aux présents comment il avait vécu cette période, très délicate, où lui et ses compagnons d’armes, qui étaient sous le commandement d’Amar Toumi, s’étaient faits recruter par l’armée française dans le cadre de cette opération qui visait à monter un contre-maquis et étouffer la guerre de libération nationale. Sur instruction de Krim Belkacem, Ouzaid Mohamed et ses amis avaient, ainsi, rejoint l’armée coloniale qui leur avait fourni des armes, dont deux fusils-mitrailleurs, se chargeant même de leur entraînement dans la perspective de leur infiltration au sein des rangs de l’ALN. « Nous étions devenus des éléments douteux. Même nos proches ne nous faisaient pas confiance et s’interrogeaient sur le fait que, le jour, nous étions les amis de la France, et la nuit nous devenions des Moudjahidine », se rappelle M. Ouzaid. Garder le secret de cette démarche était la clef de la réussite de l’opération. « Les éléments chargés par Krim Belkacem de rejoindre l’armée française ont pu, ainsi, rester environ une année sans que les Français ne se doutent de leur retournement et de leur réel appartenance à l’ALN », a ajouté ce moudjahid. Il ajoutera que « cette infiltration a permis de découvrir des harkis qui n’étaient pas encore connus et qui activaient discrètement au profit de l’armée coloniale ». Selon le conférencier, le 29 septembre 1956, Krim Belkacem, qui craignait que ses hommes soient découverts, donna l’ordre à tous les infiltrés de quitter les rangs de l’armée française. Ils procédèrent même à des embuscades qu’ils tendirent aux soldats français entre le 29 septembre et le 1er octobre 1956. Après ça, l’armée française s’est vengée par des représailles contre les populations civiles, notamment lors de la bataille d’Agouni Ouzidhoudh, dans la région d’Iflissen, au mois d’octobre de la même année, où pas moins de 97 Moudjahid et 12 civils sont tombés au champ d’honneur, se rappelle, encore, avec beaucoup d’émotion M. Ouzaid. M. Ouali Ait Ahmed, dit Si Ouali, ancien Moudjahid, a expliqué que, grâce à l’opération « L’Oiseau bleu », connue également sous l’appellation de la « Force K », l’ALN a pu récupérer 1.200 armes ainsi qu’une importante somme d’argent, qui avaient été ensuite, utilisées pour les besoins de la lutte armée pour la libération nationale.