Le massacre des oliviers continue au niveau de la commune d’Oued El Bardi, à une dizaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Ce sont en effet pas moins de 220 oliviers qui sont en train d’être rasés à coups de bulldozer. Ces arbres appartiennent à la famille Merzouki. Le porte-parole officiel de cette famille, M. Mourad Merzouki, que nous avons rencontré hier, nous dira être anéanti par ce qu’il considère comme un « crime ». Il nous expliquera : « Ils (les autorités ndlr) sont venus, avant-hier, pour déraciner nos arbres. Ces oliviers sont notre héritage. Le legs de notre père. Il est mort une deuxième fois ». Notre interlocuteur nous apprendra que c’est un concessionnaire automobile qui a commis le massacre : « Mais je n’en veux pas à cette entreprise. J’en veux aux autorités qui ont donné leur feu vert à cette action ignoble et criminelle », a-t-il accusé. M. Merzouki tiendra à nous préciser : « le wali de Bouira a pourtant donné des instructions fermes pour qu’on ne touche pas à ces arbres. J’ai même eu des assurances de la direction des PME/ PMI qu’elle n’allait pas toucher aux oliviers. Et ce, conformément aux instructions du wali bien sûr. Cependant, le fait est là. Nos arbres sont en train d’être décimés ». Nous avons sollicité des explications de M. le wali et sa réponse fut très claire : « Je n’ai jamais dit cela ! En revanche, je ne vois d’objection à ce que les propriétaires fassent transplanter leurs arbres ailleurs ». M. Merzouki nous rétorquera, pas très convaincu : « Transplanter ? Oui, mais où ? Ils nous ont pris toutes nos terres ! ». A propos des recours qu’il compte introduire, M. Merzouki nous dira : « Je compte, dès aujourd’hui (hier NDLR), porter plainte. Se taire face à ce massacre, c’est être consentant. Nous nous battrons jusqu’au bout contre cette injustice et nous userons de tous les moyens ». A propos des indemnisations, M. Merzouki nous dira : « ce qui nous intéresse désormais c’est mettre fin à ce que je qualifierai de complot fomenté contre ma famille et tous les propriétaires terriens de la région. Personnellement, leur argent je n’en veux plus. Aujourd’hui, nous menons un combat contre l’injustice flagrante et le mépris ». Pour rappel, cette zone d’Oued El Bardi fait partie de l’extension de la zone industrielle de Sidi Khaled. Au mois de juillet dernier, les bulldozers avaient commencé leur sale besogne, en rasant plusieurs oliviers centenaires. Chose qui a fait réagir les propriétaires qui ont organisé plusieurs sit-in et autres manifestations. Mais force est de constater que toutes ces actions n’ont pas abouti. Les propriétaires en appellent au Premier ministre pour qu’il intervienne pour mettre un terme à ce qui est déjà qualifié de « crime contre la nature ».
Ramdane.B
