La mendicité s’amplifie

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La mendicité se propage à un rythme inquiétant à Tazmalt. En effet, ils sont toujours plus nombreux ces loqueteux habillés de vétilles à investir l’espace public. Dès la pointe du jour, des hommes, des femmes et parfois même des enfants, écument les quatre coins de la ville, se disputant l’altruisme et la générosité des âmes charitables. A proximité du marché hebdomadaire, se tenant les mercredis et jeudis, des femmes mal nippées font la planche en compagnie de toute leur smala. « C’est un stratagème usé jusqu’à la corde. On se sert de ces enfants qu’on exploite sans état d’âme pour apitoyer les gens. C’est honteux », réagit un quadragénaire, qui refuse de « se faire plumer », tonne-t-il. Assise à même le sol, une vieille pancarte épinglée sur son giron, une femme d’un certain âge tend la sébile, à grand renfort de formules religieuses et titillant l’ego des bienfaiteurs. Plus loin, une fille d’âge nubile apostrophe les passants pour tenter de leur soutirer quelques piécettes. « Mon père nous a abandonné il y a belle lurette. Ma mère enchaine les petits métiers pour gagner sa croûte sans trop y parvenir. Je suis donc obligée de mendier pour l’aider à nourrir six bouches », raconte-t-elle, la mine figée dans un rictus de dépit. « Mais on ne doit pas se laisser abattre par l’adversité tant qu’il y aura des croyants », assène-t-elle à la cantonade. Mais à bien y regarder, ces mendiants ont beau jouer sur le registre de l’apparence « mesquine », leurs discours fait rarement mouche et rares sont les citoyens qui se laissent prendre. « Ces présumés pauvres sont en réalité plus riches que le commun des citoyens. Ils ont simplement trouvé un moyen facile pour se faire de l’argent sur le dos des autres », dira un jeune père de famille.

N. Maouche

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