Le FFS a tenu, avant-hier, son Conseil National dans une ambiance qui prête peu à l’enthousiasme, avec la démission tonitruante de la totalité des membres de la fédération de Béjaïa.
L’ordre du jour de cette session portait sur la situation à Ghardaïa et sur l’activité du parti. Ali Laskri a abordé à l’ouverture du Conseil, au nom du directoire collégial, plusieurs points ayant un lien avec l’élection présidentielle et la révision de la constitution, dont il a affirmé que se « sont des échéances qui alimentent le débat. La commission politique du Conseil National est déjà à pied d’oeuvre pour permettre l’organisation d’un débat sérieux et libre”. Il a en outre ajouté que le FFS était convaincu qu’il pourrait mettre en place une stratégie qui soit aussi cohérente qu’efficace, et dans la continuité des valeurs et des principes du parti, rappelant qu’“il n’y avait pas de position définitivement arrêtée sur la question, au sein de l’instance présidentielle, qui rendra publique la sienne au moment opportun”. L’orateur a poursuivi son argumentaire, à cet égard, en disant que “la discrétion du FFS sur ces questions est le fruit d’une volonté délibérée», affirmant que “toute l’action du parti, depuis le 5ème congrès, vise à renforcer son audience, sa crédibilité et son implantation», ajoutant qu’«il n’y a pas de démocratie sans élections», mais que la tenue d’une élection, fut-elle présidentielle, fut-elle libre, « ne suffit pas pour en finir avec un système autoritaire ». A propos de l’ordre du jour du Conseil National qui porte, notamment, sur l’analyse de la situation politique, nationale et régionale, M. Laskri a expliqué que la priorité était d’abord donnée à la situation dans la wilaya de Ghardaïa, où, a-t-il estimé “le cycle violent redémarre de plus belle”. Rappelant que le FFS a mis en place une mission parlementaire d’information, l’orateur a souligné qu’«il serait bon de faire le point sur les faits et d’analyser précisément la situation pour envisager des perspectives de sortie de crise ». En ce qui concerne l’activité du parti, M. Laskri a indiqué qu’il était nécessaire de donner aux cadres et militants du FFS, les moyens de les faire profiter de la teneur des débats, sur plusieurs questions importantes qui ont eu un impact auprès de l’opinion, à travers les meetings organisés par le parti ou de son action parlementaire. Il a cité comme exemple, les questions du gaz de schiste, des droits de l’Homme, du Sahel, de la situation régionale et internationale et de la situation économique et sociale du pays. M. Laskri a également fait savoir que les structures post-congrès du parti “continuent d’être mises en place dans une sérénité inédite», affirmant que le FFS attachait une importance particulière au climat et à la rigueur dans lesquels cela se déroule, car, a-t-il dit, “la stabilité du parti lui permettra d’aborder les prochaines étapes de la vie politique dans les meilleures conditions”. Cependant, pas un mot n’a été dit sur le renoncement massif à leur mandat fédéral de plus d’une trentaine de cadres. En fait, c’est toute la structure organique de Béjaïa qui a claqué la porte et fait courir au parti un abandon généralisé de ses militantes et militants et, à court terme, si la situation perdurait, l’atomisation pure et simple du plus vieux parti d’opposition du pays. Un séisme qui ébranle carrément les fondations de cette formation politique et que le directoire collégial, nouvellement «nommée» pour suppléer au retrait de son président, a tout simplement ignoré. C’est à croire que le FFS a perdu la boussole et le sens de la realpolitik, en occultant les desideratas de cadres et de militants d’une région qui lui était presque totalement acquise. En fait, cette démission collective était motivée, selon les rédacteurs de la lettre vitriol adressée par les désormais ex membres de la fédération FFS de Béjaïa à la direction du parti, par le fait que les tergiversations et le flou artistique entourent le fonctionnement, depuis déjà assez longtemps, du FFS et sont devenus insupportables, depuis l’installation du nouveau directoire. «Pour un militant responsable et engagé qui fonctionne et agit à la conviction, conviendrez-vous, la démission est tout aussi une manière d’assumer ses responsabilités, dont celle de ne pas avoir à cautionner des pratiques, des attitudes, des comportements, des positions et des méthodes diamétralement opposées, étranges et étrangères aux idéaux, aux principes et aux valeurs pour lesquels nous nous sommes engagés», écrivent-ils. Les premiers signataires de la démission (30 cadres) estiment que «des événements, des faits, des dérives, au fil des jours et des mois, nous éloignaient visiblement davantage de notre parti, de sa ligne politique originelle, de son éthique, de ses traditions de concertation, de débats contradictoires et constructifs, de ses repères idéologiques et philosophiques, de son identité (…)». Il y va sans dire que le FFS, qui voit ses rangs se réduire en peau de chagrin, prend le risque de s’attirer la désaffection du gros de ses militantes et militants.
Sadek A.H.