Contrairement au logement social locatif, participatif et promotionnel, l’habitat rural a enregistré moins de retard, malgré certaines anicroches.
C’est un programme qui a bénéficié d’une enveloppe financière de 27,63 milliards de dinars. Jusqu’à la fin du mois de novembre dernier, 23 982 unités, sur les 43 285 inscrites depuis 2005, sont déjà achevées au niveau de la wilaya. L’engouement pour la formule de l’habitat rural et sa réussite sur le terrain a assurément une explication : le caractère rural de la wilaya de Bouira. En effet, sur une population totale de 731 229 habitants, 62 % (soit 447 015 habitants) sont répartis sur le flanc sud du Djurdjura (de la commune de Taghzout jusqu’à Aghbalou), sur les monts des Bibans (d’El Hachimia jusqu’à Ath Mansour en passant par Ath Laqsar, Ath Rached, Adjiba, Ahnif), sur le massif de l’Atlas blidéen (de Souk El Khemis à Boukram, en passant par El Mokrani, Zbarbar, Guerrouma, Maâla, Bouderbala) et sur la région pre-steppique (daïras de Bordj Okhris et Sour El Ghozlane). L’un des facteurs qui ont puissamment facilité l’accès à la formule du logement rural dans la wilaya de Bouira est la disponibilité du foncier, particulièrement dans les plaines et dans les régions pré-steppiques. Les pouvoirs publics ont, de leur côté facilité les procédures de délivrance des attestations de la propriété en se contentant d’exiger un certificat de possession en l’absence d’un titre de propriété en bonne et due forme. À l’échelle de la wilaya, ce sont des centaines d’actes de possession qui sont délivrés chaque mois. Le programme de l’habitat rural a permis, entre autres, aux autorités de la wilaya de s’attaquer aux anciens camps de regroupement établis par l’armée française, à savoir ceux de Aïn Oulbane (Kadiria), Ben Haroun et Chebet El Akhra (Djebahia), Kerarib (Aomar), Tala H’lou et El Mokrani-centre (commune d’El Mokrani), Ighrem (Ahnif) et le camp de Saharidj. Incontestablement, le programme de l’habitat rural a permis la revitalisation de plusieurs régions de la campagne de la wilaya de Bouira après qu’elle fut, pendant plusieurs années, soumise au diktat des groupes terroristes. L’on a constaté qu’au cours de ces dernières années, des centaines de ménages ont rejoint leurs villages après des années passés en « exil » dans les villes (Alger, Bouira, Boumerdès,…). Avec le soutien aux activités de développement rural décidées par l’État, la vie commence à revenir dans les coins les plus reculés de la campagne bouirie. Il y a lieu de signaler que dans certaines zones, des hameaux sont carrément crées sur des terres complètements vides à la faveur du programme de l’habitat rural. C’est surtout le cas dans certaines communes de la région pré-steppique où la disponibilité du foncier a rendu possible la création d’habitats groupés. C’est là une typologie encouragée et recherchée aujourd’hui par les pouvoir publics afin de limiter les infrastructures et équipements qui sont censés accompagner la construction d’un logement (piste, raccordement aux réseaux électrique et de gaz, branchement d’eau potable, assainissement). Ce genre de contraintes est aujourd’hui vécu par plusieurs communes. Certaines habitations rurales, construites depuis deux ou trois ans, ne sont pas encore raccordées aux divers réseaux. La typologie d’habit groupé est en train d’être initiée au sud de la wilaya de Bouira, précisément sur deux sites de Z’bara, dans la commune de Taguedit où est prévue la construction de 98 unités de logements ruraux, et ce, en application de l’instruction interministérielle du 26 janvier 2012. La viabilisation et le lotissement seront réalisés par l’État sur des terrains publics. Les bénéficiaires se verront accorder la cession du terrain et un permis de construire. Sur cette base, l’aide publique leur sera libérée en deux tranches.
N. M. Taous