Le tunnel dépassé

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Les usagers du tunnel de Kherrata, lequel se trouve actuellement dans une situation lamentable, souffrent le calvaire au quotidien.

Réalisé par une entreprise italienne et mis en service en 1988, ce tunnel, le plus long en Algérie avec ses six kilomètres environ, sur un tronçon de la RN09 reliant les wilaya de Béjaïa et Sétif, ne répond plus aux normes exigées en matière de sécurité pour assurer un trafic routier fluide. Conçu à l’époque pour un trafic automobile ne dépassant pas les 20 000 véhicules par jour, il ne supporte plus, aujourd’hui, le nombre élevé de véhicules, légers et lourds, qui y passent quotidiennement, près de 40 000, selon un responsable à la DTP de Béjaïa. Après deux décennies, depuis son ouverture à la circulation, ce tunnel est en nette décrépitude. Ses systèmes de sécurité qui renferment la ventilation, l’éclairage, les issues de secours, les alarmes…etc., sont complètement défaillants et nécessitent une mise à niveau urgente. « Le système de ventilation de ce tunnel ne fonctionne plus. C’est l’asphyxie à l’intérieur, à cause du manque d’aération et de l’impossibilité d’évacuation de la fumée », déplore un transporteur desservant la ligne Kherrata-Béjaïa. En effet, les ventilateurs en place, qui souffrent de vétusté et qui sont en proie à des pannes récurrentes, n’arrivent plus à évacuer convenablement la fumée et les gaz d’échappements dégagés par les véhicules. Le problème de la fumée influe négativement sur la visibilité à l’intérieur de ce tunnel. « La visibilité à l’intérieur du tunnel est très faible. Cela pose beaucoup de problèmes aux conducteurs », regrette un transporteur, assurant la navette Béjaïa-Sétif. « Normalement, on doit peindre l’intérieur de ce tunnel en blanc pour qu’il y ait davantage de lumière et une meilleure visibilité pour les conducteurs », suggère-t-on. A toutes ces défaillances techniques, soulevées par les usagers, s’ajoute le manque d’entretien. « Il y a beaucoup de saleté à l’intérieur de ce tunnel. Il y a vraiment un manque d’entretien. Ça rend la respiration très difficile », indique-t-on. Notons, par ailleurs, que ce tunnel n’est pas encore doté d’un système de surveillance par caméras, alors que les services de la gendarmerie ne peuvent poster des patrouilles à l’intérieur en raison des gaz d’échappement non évacués et du manque d’espace. En effet, ce tunnel renferme seulement deux voies, sans accotements. L’état peu reluisant du tunnel l’a transformé en véritable coupe-gorge. « Il y a beaucoup d’accidents de circulation qui se produisent à l’intérieur de ce tunnel. Et à chaque fois, on passe plusieurs heures pour évacuer les blessés et libérer la circulation », a-t-on déploré. L’autre problème qui devait être pris en charge par les services concernés est celui lié aux infiltrations des eaux de pluie à l’intérieur, faute d’un système d’étanchéité efficace. « En hiver, d’importantes quantités d’eau s’infiltrent des parois en béton et rendent la chaussée glissante, ce qui est à l’origine de nombreux accidents mortels », a-t-on souligné.

Boualem Slimani

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