Il était un peu plus de huit heures, et comme chaque lundi, il y avait une foule qui attendait que les portes de la wilaya s’ouvrent. Lundi, une journée qui signifie beaucoup pour les automobilistes qui se sont vus retirer leurs permis de conduire. La salle d’attente de la wilaya s’est avérée trop exigue pour contenir les contrevenants qui attendaient leur tour avant de passer devant la fameuse commission de retrait de permis. Vers neuf heures, un agent de l’administration entre dans la salle pour demander aux personnes présentes de remettre les convocations. Des gens venus de la région de Bouira, mais également de Sétif, Mascara et autres wilayas lointaines s’empressent de remettre leurs convocations au fonctionnaire. “On vous appellera au fur et à mesure…soyez patients” dit l’agent. Aussitôt un jeune homme se lève et l’interpelle : “La police de Bechloul vient de me retirer le permis pour défaut de port de la ceinture de sécurité…où dois-je récupérer mon permis” interroge le jeune visiblement pressé de rentrer en possession de son document rose. Le fonctionnaire le toise avant de lui répondre : “Le jour où vous recevrez une convocation, vous viendrez pour passer devant la commission. Pas avant!” Dépité le jeune homme insiste quand même, mais sans grande conviction. Dans la grande salle de la wilaya, les représentants des différents services constituant la commission sont déjà présents et s’attellent à l’étude des dossiers qui leurs sont soumis. Des dossiers dont le chiffre atteint, en moyenne, la soixantaine. Il faut savoir que lorsque la Sûreté, la Gendarmerie ou la Police de la route, procède à un retrait de permis, la commission doit convoquer l’intéressé avant un mois, faute de quoi son permis de conduire lui sera automatiquement restitué. Un délai relativement court pour traiter l’ensemble des dossiers remis chaque jour au niveau de la DRAG de Bouira par les brigades de motards de la route. La commission est composée de neuf représentants : la DRAG, les Transports, la Sûreté Nationale, la Police, la Gendarmerie, les Mines et l’Industrie, un examinateur désigné par la Direction des Transports et un examinateur des Auto-école mandaté par leur syndicat ainsi qu’un représentant de la DTP. La tâche n’est pas toujours facile pour ces neufs représentants qui, dès les premières heures de la matinée, travaillent sans relâche jusqu’à 16 heures, tout en écoutant “les raisons” qui ont poussé les contrevenants à enfreindre le code de la route. Le plus souvent, les chauffards ont conscience du danger qu’ils provoquent avec leur conduite dangereuse, et ils reconnaissent les torts qui leurs sont reprochés. Pourtant, ce ne sont pas sur les faits qui leur sont justement reprochés qu’ils expliquent, mais sur des raisons d’ordre social. “Je dois nourrir toute une famille avec mon permis de conduire” est généralement l’argument sensible qui revient le plus souvent. Parmi les infractions qui reviennent le plus fréquemment, l’absence du port de la ceinture de sécurité, le non respect des panneaux de signalisation (le stop en général), le téléphone portable au volant, et l’excès de vitesse.Le dépassement dangereux avec chevauchement de la ligne jaune continue n’est pas en reste d’ailleurs avec les autres infractions. Pour cela, et à défaut de pouvoir se justifier de la transgression du code de la route, les contrevenants sont parfois accompagnés de leurs avocats, tout au moins ceux qui sont à l’origine d’accidents mortels. Entre douze à vingt quatre mois de retrait de permis pour les chauffards criminels. Une peine qui ne pourra certes pas remplacer la vie d’une innocente victime. La commission, elle, se doit d’étudier attentivement les moindres détails des dossiers avant de rendre son verdict. Un verdict qui ne manque pas de soulever les ires des chauffards malveillants. Et ces chauffards redoublent d’ingéniosité pour récupérer leur document. Pour cela, ils n’hésitent pas faire des déclarations de perte au niveau des commissariats, et de ce fait ils se font délivrer des duplicata de leurs documents confisqués. A ce sujet, il serait souhaitable qu’un fichier national soit créé pour éviter ce genre de pratiques frauduleuses. Notons enfin que pour ceux qui contestent la décision prise par la commission de retrait de permis, il y a une possibilité d’effectuer un recours pour être réhabilités. Depuis l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions prises à l’encontre des chauffards, en date du premier mars dernier, une sensible régression des retraits de permis a été enregistrée. Sur près de 120 dossiers par semaine étudiés par la commission de la wilaya de Bouira durant le mois de mars, actuellement quelque 60 dossiers sont examinés chaque lundi.
Hafidh. B
