Graves accusations à l’encontre du PDG

Partager

Le bras de fer qui oppose, depuis maintenant deux ans, les travailleurs de l’entreprise des travaux routiers de Béjaïa (ETR) au P-DG de la société est loin de connaître son épilogue.

De nouvelles graves accusations de malversation, de mauvaise gestion et d’abus de pouvoir ont été portés, dernièrement, par la section syndicale de l’entreprise spécialisée dans la construction et l’entretien de routes, à l’encontre de son P-DG.  Dans un rapport transmis au Premier ministre, dont nous détenons une copie, plusieurs « anomalies dans la gestion ont été mises en lumière » selon les travailleurs. « Le P-DG a loué un véhicule, pendant la période de grève, pour une somme de 940 000 DA, de quoi acheter une voiture toute neuve », a-t-on soulevé dans ledit rapport. Aussi, la section syndicale de l’ETR reproche au P-DG d’avoir dépensé une somme colossale dans des affaires judiciaires qui l’ont opposé aux travailleurs. « Les honoraires engagés par le P-DG (huissiers de justice, avocats…) pour poursuivre les travailleurs de l’entreprise en justice s’élèvent à 3 500 000 DA, et tout cela s’est soldé par un acquittement des travailleurs poursuivis (jugement du 03/12/2013) », a-t-on souligné tout en reprochant au même P-DG d’avoir fait abstraction des accords conclus entre SGP-TP SINTRA, l’union de wilaya UGTA de Béjaïa et la fédération du bâtiment et travaux publics, qui incitaient à l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre des travailleurs grévistes. En outre, le PD-G est, également, accusé de percevoir « sans raison valable » une prime de logement depuis plusieurs années. « Le P-DG perçoit indûment une prime de logement mensuelle, depuis 2008 à ce jour, d’un montant de 25 000 DA, alors que, suivant la circulaire émanant de la SGP- Annaba, cette prime est accordée en cas de résidence hors de la wilaya du siège de l’entreprise. Or, ce n’est pas le cas pour le P-DG de l’ETR, puisqu’il réside à Béjaïa même », a-t-on noté dans ledit rapport. Les travailleurs de l’ETR s’élèvent contre ce qu’ils qualifient « d’abus du pouvoir et de harcèlement systématique », dont ils souffrent de la part de leur responsable qui se traduirait dans la pratique, selon eux, par « des sanctions injustes et des mutations arbitraires de certains agents à des postes de travail sans rapport avec leurs qualifications ». Et par-dessus tout, le P-DG de l’ETR est accusé de non respect des dispositions de la convention de partenariat, ayant conduit à la création d’un groupement SNC Sidane – ETR Béjaïa, pour l’exploitation de la carrière Mehira, sise à Kherrata. Selon les termes de ce contrat, SNC Sidane est appelée à verser, annuellement, la somme de 6 millions DA à l’ETR, « mais, dans la réalité cette somme n’a jamais été versée, de 2007 à ce jour », a-t-on déploré. 

Le PDG s’en lave les mains et contre-attaque

 

Contacté par nos soins, pour avoir sa version des faits qui lui sont reprochés, le P-DG de l’ETR-Béjaïa, M. Kebiche en l’occurrence, a réfuté en bloc toutes ces accusations. « C’est un pur mensonge et de la diffamation à laquelle les auteurs rendront des comptes devant les juridictions compétentes », a-t-il déclaré d’emblée, avant d’apporter ses réponses aux accusations de ses détracteurs, qu’il a qualifié de « manipulateurs ». « Effectivement, j’ai loué un véhicule pour la simple raison que ces travailleurs ont immobilisé tout le matériel de l’entreprise, dont les véhicules de service. Ils ont même crevé les roues de tous les véhicules et fermé le portail. J’ai, en ma possession, le PV d’huissier de justice qui confirme mes dires. Donc,  pour faire face aux besoins en déplacements de l’entreprise, nous avons loué un véhicule », s’est défendu le P-DG de l’ETR. Quant aux honoraires faramineux dépensés dans les poursuites judiciaires à l’encontre des travailleurs grévistes, M. Kebiche ne regrette rien, tant que cela a été fait « pour l’intérêt de l’entreprise ». « Ma responsabilité au niveau de cette entreprise m’oblige à déposer plainte contre les gens qui étaient en grève illégale et qui ont porté atteinte au patrimoine de l’entreprise, en touchant à son matériel et en s’en prenant même aux personnes. J’ai engagé les poursuites judiciaires nécessaires contre ces éléments- là. Que cela coûte 1 ou 5 millions DA, je n’ai fait que défendre les intérêts de l’entreprise. Quel que soit le montant, je l’aurais engagé. C’est ceux qui ont déclenché un mouvement de grève illégal qui doivent répondre de leurs actes, car la justice a qualifié leur grève d’illégale et les frais de justice sont à leur charge. Quant à la décision de leur acquittement, cela est absolument faux », a précisé le responsable. Appelé à s’expliquer sur la prime du logement que les travailleurs lui reprochent de percevoir « illégalement », M. Kebiche affirme que cet avantage est tout simplement inclus dans son contrat de travail. « J’ai un contrat de cadre dirigeant, qui a été librement négocié et signé avec le Conseil d’administration. Il a été transmis à l’assemblée générale et contrôlé par un commissaire aux comptes. Ma rémunération et tous les avantages que je perçois sont fixés par les termes de ce contrat, conformément au code du commerce. S’il y a anomalie, je répondrai devant qui de droit », s’est-t-il défendu. Par ailleurs, et interrogé à propos du non versement de la somme de 6 millions DA par la SNC Sidane à l’ETR, dans le cadre d’un partenariat conclu avec l’entreprise, M. Kebiche, réfute catégoriquement cette information. « Je m’inscrits en faux par rapport à ces déclarations. Les termes de ce partenariat sont exécutés à la lettre. Ce versement est effectué », a-t-il rassuré. Pour ce qui est des accusations « d’abus de pouvoir et d’autoritarisme », il répond par ces mots : « J’assume pleinement ma gestion ». Et d’accuser, à son tour, la section syndicale de l’ETR, d’exercer dans l’illégalité. « Je rappelle que ce conseil syndical est composé d’ex grévistes, qui ne représentent pas l’ensemble des travailleurs. Tout le travail de ce syndicat se focalise sur les faux problèmes qu’ils exposent. Ils demandent le payement des salaires de 11mois de grève, et bien, sachez que je ne payerai jamais cela, car il y a une décision de justice qui qualifie leur mouvement de grève d’illégale. Aussi, je ne retirerai pas les plaintes déposées en justice pour atteinte au patrimoine de l’entreprise. Encore une fois, j’assume totalement ma gestion », a souligné M. Kebiche qui, toutefois, affirme que « les portes du dialogue restent ouvertes à ceux qui veulent poser leurs doléances d’une manière responsable et respectueuse ».

Boualem Slimani

Partager