Des jeunes chômeurs du village Hammam K’sana, relevant de la commune d’El Hachimia, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Bouira, sont revenus à la charge, hier et avant-hier, pour réclamer, encore une fois, des postes d’emploi à la station thermale, entreprise privée implantée dans leur commune.
En effet, et selon l’un des contestataires que nous avons contactés, cette action de protestation se veut, d’abord, « un signe de solidarité avec un jeune villageois travaillant dans l’établissement et qui vient d’être suspendu par la direction de l’établissement, dont on exige la réintégration ». Les jeunes réclament également des postes de emploi pour l’ensemble des jeunes chômeurs issus du village. C’est la troisième action du genre, en l’espace de deux mois. Ils ne comptent pas, d’ailleurs, lâcher prise, et veulent inciter les responsables locaux ainsi que la direction du complexe touristique à répondre favorablement à leur demande. « Jusque-là rares sont les jeunes issus de notre village qui ont bénéficié de travail au niveau du complexe. La majorité des travailleurs de l’établissement sont de Bouira, Sour El Ghozlane ou El Hachimia, alors que la majorité des jeunes villageois souffrent d’un chômage accru et sans précédent », explique l’un des jeunes protestataires. Contacté par nos, le maire d’El Hachimia s’est montré totalement compréhensif envers les revendications des jeunes de cette localité isolée. « Il est clair que le complexe touristique attire toutes les convoitises. Or, ce que les jeunes ignorent, c’est que le recrutement au niveau de cette entreprise répond à une politique basée sur des profils spécifiques et recherchés selon les besoins et non sur des critères régionaux », nous dira notre interlocuteur. Ce dernier affirme également qu’il tentera, dans les prochains jours, une médiation entre les différentes parties en conflit, et ce, dans le but d’apaiser rapidement la situation et permettre la réouverture du complexe touristique. À signaler, également, que les villageois contestataires avaient profité de leur action pour remettre sur le tapis d’autres revendications d’ordre socioéconomique. Ils réclament l’amélioration de leur cadre de vie et l’intervention des pouvoirs publics, à travers l’inscription de projets de développement au profit de leur village, la réouverture de la salle de soins du village et la réhabilitation du CW99 reliant leur hameau au chef-lieu communal d’El Hachimia. Interrogé à ce sujet, le même responsable affirme que plusieurs projets de développement sont inscrits dans le cadre d’un plan spécial dédié au désenclavement de cette localité.
Le directeur du complexe parle de «manipulation»
Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, attache a été prise avec Dr Mellouk, l’un des gestionnaires de ce complexe. Ce dernier, qui s’est présenté à notre bureau, a tenu à clarifier certaines choses. Ainsi, et selon notre interlocuteur, toute cette histoire ne serait que «pure manipulation ». D’après ce responsable, « la genèse de l’affaire remonte au mois de novembre dernier, lorsque l’un des employés du complexe, un veilleur de nuit plus précisément, s’est vu refusé un changement de poste qui n’était pas justifié ». « En date du 6 novembre 2013, un acte de fermeture et d’empêchement d’accès de nos employés et clients a été mené sous l’instigation de notre veilleur de nuit, pour une raison présumée de notre refus de satisfaire ses doléances relatives à un changement de poste de travail », expliquera Dr. Mellouk. Interrogé à propos des raisons qui auraient poussé ce travailleur à « déstabiliser » ce centre, il dira : « Quelques mois après voir convolé en justes noces, ce monsieur voulait être affecté au poste de gardien de jour. Mais le hic, c’est que ce poste n’existe pas. Pourquoi devrait-on en créer un, du moment que tout le personnel est présent. C’est absurde !». Questionné au sujet des mesures prises par la direction, en vue de rouvrir le complexe, notre vis-à-vis a été très clair sur le sujet : « Les éléments de constat ont été notifiés aux autorités locales concernées dès 8h du matin, le jour du mouvement de protestation, et portés à la connaissance du Procureur de la République près le tribunal de Ain Bessam. Par la suite, et aussitôt que l’intervention des services de la Gendarmerie nationale effectuée le 7 novembre, s’est montrée non dissuasive, une réunion de conciliation a été organisée en présence du P/APC. Cependant, nous avons décliné l’offre de nous rendre à Hammam K’sana pour la raison évidente que cette initiative ne se justifiait ni par l’existence de conflit de travail avec notre personnel, ni par des griefs avec la population riveraine ». A une question relative à d’éventuelles mesures prises par la direction, afin de mettre un terme à ce conflit, Dr. Mellouk répondra : « Au regard de la persistance des conditions liées aux contraintes de sécurité de notre personnel et aux manques à gagner subis, une mesure conservatoire de cessation de la relation de travail a été notifiée aux instances concernées et à l’ensemble de nos employés activant dans tous les services, à l’exception des postes de gardiennage. Cette mesure a concerné 22 employés ». Notre interlocuteur conclura en déclarant que « prenant acte des assurances et des démarches engagées en notre direction par les riverains et leur représentant présent à la réunion de la daïra, la station thermale a été rouverte le 28 novembre, avec la reprise de l’ensemble des employés, à l’exception de M. Nekkaz Amar, licencié pour manquement grave à ses obligations professionnelles ». Selon Dr. Mellouk, « c’est cet ex-employé et ses acolytes » qui seraient derrière toute cette agitation.
Oussama K.

