Des insuffisances persistent

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Selon les conclusions de l’inspection de la commission santé hygiène et environnement de l’APW, rien ne semble évoluer dans le secteur de la santé où maintes insuffisances sont relevées à chaque sortie. 

Les prestations laissent à désirer. Car malgré les dernières réformes, le secteur reste loin des espérances des citoyens qui continuent de faire les frais de toutes les défaillances. En effet, la commission santé hygiène et environnement de l’APW, constituée de quatre personnes, à leur tête le Dr Msela, a effectué durant la matinée de jeudi dernier, une sortie inopinée pour inspecter les différents services de l’EHS psychiatrique Fernane Hanafi de Tizi-Ouzou et s’enquérir de la prise en charge des malades. Nous avons accompagné la délégation. 

Arrivés sur place, M. Abassène, directeur de l’EHS psychiatrique, qui nous a reçus dans son bureau, nous apprendra qu’il attendait une commission ministérielle qui allait arriver d’un moment à l’autre. D’emblée, le même responsable attirera l’attention des membres de la commission quant au problème que pose la clôture de la psychiatrie. 

« La clôture est trop basse, ce qui permet aux intrus d’y accéder facilement. 

De plus, cela pose également un problème puisque les malades peuvent profiter d’un moment d’inattention pour prendre la fuite », dit-il en poursuivant : « Nous avons signalé cela plusieurs fois à la DSP. Mais rien n’a été fait ». À ce sujet, Dr Msela rassurera M. Abassène, en lui affirmant qu’une enveloppe a été dégagée pour cela et qu’elle se trouve au niveau de la DSP de Tizi-Ouzou. 

Une clôture trop basse

Accompagné de son adjoint, le directeur des lieux nous a fait visiter tous les services de la structure qui s’étale sur une superficie de 12 hectares. « Nous sommes en train de donner un coup de neuf à la structure. Et je tiens à signaler que nous n’avons pas assez d’argent pour tout refaire. 

Raison pour laquelle, chaque année, nous ciblons un service et nous procédons aux travaux qui s’imposent », dira M. Abassène. Le premier point inspecté est le service des urgences.

 Tous les membres de la délégation furent unanimes à dire que c’est le service le plus sensible. Le premier constat qui a été fait concerne l’exiguïté du bloc. Une toute petite salle d’attente, à laquelle est accolé un petit bureau, aménagé en salle de réception des malades. Puis, il y a l’étroite salle des consultations et une autre salle où se trouvent trois lits. Cette dernière, dira le directeur, est le lieu où les malades sont calmés. Ils y restent de deux à trois heures avant que les médecins ne décident de les hospitaliser ou de les laisser rentrer chez eux. 

Les médecins rencontrés expliqueront aux membres de la commission que la moyenne d’hospitalisation est de 45 jours, pour un total de 330 lits. « Les cas sociaux nous gênent énormément. 

Vous avez remarqué l’exiguïté de la structure. Pourtant, certains de ces cas restent ici plus d’une année. Ils sont soit abandonnés, soit hospitalisés sous X. 

Cela nous fait des places en moins pour les vrais malades qui ont, eux, besoin d’être hospitalisés », précisera un médecin, avant d’ajouter que, maintenant, les médicaments sont disponibles en quantité suffisante. 

« Avant, nous enregistrions des ruptures de stock à cause de la PCH. Mais ce problème a été réglé.

 Il fut un temps où nous achetions les produits d’urgences chez le privé », explique-t-il. 

Pour sa part, le directeur de l’EHS précisera que le budget de l’année 2013 a été consommé à 98%. Lors de cette visite, les problèmes rencontrés dans la procédure d’internement ont été soulevés.  A cet effet, Dr Berguiche, membre de la commission APW expliquera qu’il faut inciter les pouvoirs publics à revoir et à assouplir la procédure d’internement qui est trop stricte. 

Le service pédopsychiatrie pas encore à 100%

Avant de sortir de ce service, M. Abassène indiquera que lors d’une réunion, tenue la semaine dernière, ils ont proposé l’inscription d’un projet de structure qui abritera le service administratif et judiciaire de l’EHS. Par la suite, la délégation s’est rendue au service de pédopsychiatrie, réceptionné en juillet dernier. Ce service est dédié à l’accueil des enfants et des adolescents. Mais il n’est pas opérationnel à 100%. Le chef de service expliquera que, pour le moment, leurs seules prestations consistent en la consultation externe, en matière de pédopsychiatrie et psychiatrie juvénile. Par ailleurs, et même si le gros des travaux de construction des locaux a été achevé l’on enregistre un manque en moyens matériels. Selon le directeur de l’EHS, aucun budget n’a été prévu pour ce service. 

D’ailleurs, le peu de matériels qu’il y avait, sur place, « a été acquis avec le budget de fonctionnement de l’EHS », dira-t-il. Pour ce qui est du service orthophonie, M. Abassène révélera qu’il a acheté des tests dont le coût est d’1 million de dinars. Interrogé sur le fait que la structure ait été ouverte avant la fin de tous les travaux, le responsable dira : « Nous avons reçu l’instruction d’ouvrir le 5 juillet et c’est ce que nous avons fait ». 

Le deuxième étage, quant à lui, est toujours fermé pour travaux. De l’extérieur, nous avons constaté que les fenêtres du deuxième étage n’ont pas de barreaux. Interrogé à ce sujet, M. Abassène expliquera qu’il avait signalé ce problème et que celui-ci sera pris en charge dans les jours à venir. Sur demande du Dr Msela, la délégation est descendue dans la cave de la structure. Sur place, le président de la commission n’a pas caché sa déception et son mécontentement. 

La cave, qui, selon le directeur et son adjoint, devait être aménagée en magasins, se réduit à un débarras où sont stockés, pêle-mêle, l’ancien matériel, de vieux lits et de vieilles chaises. 

Ensuite, la délégation s’est rendue au pavillon des femmes. Sur place, le constat des membres de la commission fut qu’il y a une certaine amélioration du service, en comparaison aux années précédentes. Le chef dudit service relèvera, pour sa part, certains problèmes qui persistent, notamment le manque en matière de personnel et en certains produits pharmaceutiques. « Nous enregistrons des ruptures de stock pour quelques produits à cause de la PCH », affirmera le médecin spécialiste du service, ajoutant : « Il nous arrive carrément de faire des ordonnances pour les parents ». 

La délégation s’est ensuite déplacée au niveau du chantier du centre de désintoxication. Selon les responsables, les travaux avaient repris. Mais sur les lieux, nada ! Nous ne trouvâmes qu’un chantier clôturé où rien ne bougeait. Il n’y avait aucun ouvrier. Et aucun matériel n’était visible. Pourtant, ce n’était pas encore le week-end ! Par ailleurs, au niveau des cuisines, Dr Msela et ses accompagnateurs furent satisfaits. 

Tout y a été refait à neuf. 

Une bonne hygiène, un nouvel équipement et les trois chambres froides fonctionnent. A l’extérieur, en ralliant les pavillons 3 et 4 des hommes, nous avons interrogé M. Abassène sur le non entretien des espaces verts et la laideur des bâtiments qui renvoient une image des plus stressantes, ainsi que l’état dégradé des ruelles dudit établissement. Il expliquera qu’il n’était pas chose facile de s’occuper de 12 hectares, surtout avec le manque d’agents et l’insuffisance du budget mis à leur disposition. « Il faut refaire tout l’extérieur et recruter des agents qui s’occuperont des espaces verts. 

L’état actuel des choses renvoie une image hideuse de l’établissement », lancera Dr Msela. Le constat au niveau du pavillon des hommes fut des plus effarants. 

Dr Msela a qualifié les lieux de « vétustes et infectes ». 

Des magasins réduits à des débarras ! 

Tout comme au niveau du service des femmes, aucun patient n’a de tenue. Certains portaient de vieux pantalons troués et tachés. Quant aux locaux, notamment au pavillon 4, ils sont dans un état lamentable, avec des odeurs nauséabondes et des fenêtres complètement cassées. Seul point positif, l’atelier où sont installées des machines de sports. Le directeur de l’EHS psychiatrie de Oued-Aïssi affirmera que ce pavillon sera pris en charge l’année prochaine, toujours sur le budget de fonctionnement de son établissement. La visite prit fin au niveau du service où sont hospitalisés les cas jugés dangereux. Ils sont au nombre de 19, dont 4 femmes. Le directeur précisera que ces patients ont été internés sur arrêté du wali. A l’intérieur, le constat est plutôt positif, que ce soit pour l’hygiène ou pour la prise en charge. Lors de cette visite, le problème des résidents a été soulevé une fois de plus, par le directeur et le Dr Adène, responsable du service fermé. Le directeur précisera que son établissement n’est pas universitaire. Selon lui, la convention ne peut être que bénéfique pour les résidents. Elle leur permettra de travailler dans un cadre réglementaire.  En marge de cette visite, certains employés dudit établissement se sont plaints auprès du président de la commission, expliquant qu’ils se sentent « lésés » concernant les affectations à des postes supérieurs. Par ailleurs, une source proche de l’EHS psychiatrique de Oued-Aissi, jointe par téléphone durant la soirée de jeudi, indiquera que la commission ministérielle, apparemment arrivée sur les lieux juste après le départ de celle de l’APW, aurait passé un savon au responsable de l’établissement. La même source expliquera que ladite commission était « mécontente et en colère » quant à l’ouverture du service de pédopsychiatrie avant la fin des travaux à 100%.

Samira Bouabdellah

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