Un taux de pénétration appréciable, mais…

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Bouira est l’une des wilayas qui ont le plus fort taux de raccordement au gaz naturel, avec un pourcentage qui avoisine les 70%, selon les services de la SDC. 

Il faut  dire que la wilaya a connu un bond qualitatif et quantitatif en la matière. En 1999, le taux de raccordement n’était en effet que de 18%. D’ailleurs et selon les chiffres des services de Sonelgaz, la wilaya est classée 1ère à l’échelle de la Kabylie. Mais tous ces chiffres et ce constat assez élogieux cache néanmoins certaines carences dans le secteur. Parmi les problèmes que rencontrent les autorités concernées, on note le sempiternel obstacle des oppositions. Ces dernières freinent de manière considérable l’avancement des travaux de pénétration du gaz naturel, notamment dans la partie Est de la willaya. Ainsi et comme il a été évoqué à maintes reprises dans ces mêmes colonnes, les localités de Takerboust, Bahalil et une partie de la commune de Saharidj, ne sont toujours pas raccordées. D’ailleurs, l’ex-directeur de la SDC de Bouira a regretté « le manque de coopération » de la part des citoyens de ces localités : «  Nous avons fait tout notre possible afin de convaincre les citoyens de nous laisser travailler, mais en vain », a-t-il expliqué. De plus, ce responsable a admis que les entreprises réalisatrices « avaient du mal à travailler », sous la pression et «  les caprices » des riverains.  « Cette région est très particulière. Les citoyens s’entêtent à refuser toutes les propositions et empêchent les entreprises de travailler », a-t-il affirmé. Mais ces arguments n’ont visiblement pas convaincu le premier magistrat de la wilaya. Ce dernier a récemment mis en place une commission d’enquête, dans le but de mettre en lumière certaines défaillances des entreprises, notamment l’entreprise Kahrif.  Dans d’autres localités, à l’ouest de la wilaya, le problème des oppositions se pose également. Dans le bourg de Boumiya, relevant de la commune d’Aomar, c’est un citoyen qui a bloqué tout un projet de raccordement au gaz naturel, en refusant que les canalisations passent sur ses terres. Des cas similaires sont légions à travers l’ensemble du territoire de la wilaya. 

Des oppositions encore et toujours ! 

Outre les oppositions, on enregistre également des retards dans les travaux de raccordement, notamment dans les communes d’Ath Rached, Maâla et Zbarbar. Mais le programme continue et les opérations se multiplient. Plusieurs communes du Sud et de l’Est de la wilaya sont programmées. L’on vient d’apprendre le lancement des travaux de raccordement au gaz naturel pour plusieurs villages de la commune d’El-Hachimia. Il s’agit entre autres de Kouadri Ahmed, Menanda, Sentouh et Sedra. Les villages d’Ouled El hadj,  Ouled Bouzid, Dghafla  et Douadoua seront programmés d’ici la fin de l’année 2014. D’autres communes éloignées de la wilaya ont également été raccordées, l’année dernière, à l’instar des localités d’Ath-Leqsar, au Sud-est de la wilaya et des communes d’Aïn-Laloui, Bir-Ghbalou, Raouraoua et El-Khabouzia à l’Ouest de la wilaya. Les communes du nord et sud de la wilaya n’ont pas été oubliées non plus. Les services de la direction de la Sonelgaz de la wilaya prévoient des opérations d’extensions du réseau de gaz de ville vers les villages des communes suscitées. Entamée l’année dernière, la couverture de ces zones est estimée à 55%. Elle devra atteindre les 80% d’ici le mois de décembre prochain. Pour le courant de cette année 2014, d’importantes opérations sont également en vue. L’on site, par exemple, les communes d’El-Mokrani et de Souk El-Khmiss, qui seront raccordées dans les prochains mois. Plusieurs villages de la commune d’Aïn-Bessem sont concernés par ce volet de l’opération, à l’instar des villages de Sidi Yahiya, Ouled Zidan et Ouled Brahim. L’étude du projet ayant été finalisée, les travaux de raccordement devraient commencer dans les prochains mois. Cependant et si les habitants de certaines communes ont eu la chance d’en finir avec la bonbonne du gaz butane, d’autres continuent à en pâtir. L’on citera la commune d’Ath-Rached, à une trentaine de kilomètres au Sud-est de la wilaya. En effet, et selon les propos des responsables communaux, les services de la direction de la Sonelgaz de la wilaya de Bouira avaient prévu une étude pour la réalisation du projet dès la fin de l’année 2012 et avaient également prévu de lancer les travaux de raccordement au mois de septembre 2013. Mais à ce jour et au grand dam de la population locale, les travaux n’ont pas encore commencé. Et l’on ignore pour l’instant les raisons de ce retard. La population continue ainsi de courir après la moindre bonbonne de gaz butane.

Les stations d’enfutage tournent à plein régime, mais…

Les populations de ces communes rurales et isolées se rabattent donc, faute de gaz naturel, sur les bonbonnes de gaz butane.  Mais le hic est que celles-ci se font de plus en plus rares, notamment en période hivernale. 

Et quand elles sont disponibles, leur prix est exorbitant. Il varie entre 450 et 500 voire 600 DA la bonbonne. Pourtant selon les services de la Direction de l’énergie et des mines (DEM) de Bouira, les deux stations d’enfutage, de Chorfa et Oued El Bardi, tournent à plein régime. D’après les même services, l’unité de Chorfa peut contenir jusqu’à 100 tonnes de GPL et couvre essentiellement les dix (10) communes de l’Est de la wilaya. Mais comme neuf d’entre-elles sont déjà raccordées au réseau du gaz naturel, hormis la commune d’Ouled Rached qui le sera bientôt, l’unité approvisionne quelques communes de Béjaïa et de Bordj Bou-Arreridj. Pour celle d’Oued El Bardi, elle dispose d’une grande capacité de production et de stockage. Elle produit environ 16 000 bonbonnes de gaz par jour, avec une capacité de stockage de 1000 tonnes de GPL. Ainsi et selon la DEM de Bouira, aucune pression sur le gaz butane n’a été enregistrée pour l’année écoulée. Mais alors, comment expliquer que dans certaines localités de la wilaya, on ait encore du mal à trouver la moindre bonbonne ? Y-aurait-il une défaillance en matière d’acheminement ? D’après les services de Naftal et la DEM, l’approvisionnement se fait «  de manière quasi quotidienne », a-t-on expliqué.  Cependant, ces mêmes responsables avouent que l’état déplorable des routes dans certaines localités éloignées ne leur facilite pas la tâche : « Il faut être réaliste. On ne peut pas faire des miracles avec des routes en piètre état et à certains endroits impraticables », ont-ils expliqué.  

« Nous sommes débordés ! »

Les cas les plus éloquents, on les retrouve, notamment, dans les communes montagneuses de Boukram, Maâla, Zbarbar, à l’Ouest, et Taguedit, Mokrani et Hadjra El Zarga, au sud du chef-lieu de la wilaya. 

Dans ces communes, les citoyens sont contraints d’acheter du gaz butane à prix d’or. Celui-ci flirte allègrement avec les 600 et 700 DA. Et c’est là que les services de la DCP devraient entrer en jeu, afin de réguler les prix et mettre fin à l’inflation galopante des prix. Les revendeurs et autres détaillants imposent leur loi. Certains d’entre eux profitent de la période hivernale pour doubler, voire tripler, les prix et ce, dans une totale impunité. Que font donc les services de contrôle de la DCP ? Pour le savoir, attache a été prise avec des responsables locaux de la direction du Commerce de Bouira. Ces derniers, assurent qu’ils effectuent des contrôles réguliers, mais le manque d’effectif ne leur permet pas d’être partout et de couvrir toutes les localités. : «  Nous sommes débordés ! On ne veut pas faire dans le tout répressif, mais certains revendeurs nous obligent à verbaliser à tout va ».        

Ramdane. B et Oussama. K

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