La récente et très controversée sortie médiatique du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani a eu pour effet de fragiliser encore plus les assises du parti au niveau de la wilaya de Bouira. Les militants commencent peu à peu à prendre leurs distances et à se démarquer du patron du la plus vieille formation politique. En effet, dans les coulisses du parti, du moins à l’échelle locale, on ne se gêne plus pour critiquer ouvertement Saâdani et dénoncer son « zèle ». Certains de ses partisans, notamment des élus aux APC de Lakhdaria et Aomar, commencent à se démarquer de lui et à carrément rallier le camp de Belayat, qui serait, selon certains d’entre eux, « plus sage ». Pour certains observateurs de la scène politique locale, les attaques de Saâdani contre le chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), ont accentué le climat de tension et de méfiance au sein de cette formation politique. Et pour cause, des élus FLN partisans de Saâdani estiment que ce dernier est « allé trop loin ». Un élu à l’APC de Kadiria nous a même confié qu’il jugeait ses déclarations comme étant « une atteinte à la souveraineté nationale ». Au niveau des communes de Bouira, Lakhdaria et Kadiria, et même à Sour El Ghozlane, l’une des municipalités acquise au clan Saâdani, certains élus songent déjà à rallier les rangs du clan de Belayat, voire soutenir le candidat Benflis. A dire vrai, le malaise au FLN de Bouira ne date pas d’hier. Il est beaucoup plus profond. En effet, dès son élection, l’ex- troisième homme du pays ne faisait pas l’unanimité à Bouira. Il est considéré comme un « despote » dans sa gestion et un fervent adepte des décisions à la hussarde. Une attitude qui a été récemment décriée, lors d’une réunion du bureau de wilaya qui a très vite tourné au vinaigre (lire notre édition du 2 février). Mais alors, pourquoi a-t-on attendu aussi longtemps pour s’élever contre cet homme ? La réponse se trouverait, d’après certains analystes, du côté des hommes de main de Saâdani. Ils sont nombreux et très persuasifs. Des lieutenants fidèles et dévoués à l’actuel SG et qui ne tolèrent aucune incartade ou le moindre avis contraire à ses méthodes de gestion. Ils useraient même parfois de méthodes peu orthodoxes pour « faire régner le calme » et faire tenir le cap. Mais ces derniers ont également des intérêts à protéger et une « carrière » à entretenir. Et là ils ont clairement senti le vent tourner en leur défaveur. Ils appliquent désormais, la logique du chacun pour soi et Dieu pour tous. Parmi eux, on citera l’actuel Mouhafedh de Bouira, M. Nouri, qui essaie tant bien que mal de tenir la barre. D’après des sources proches de l’ex- parti unique, ce sont les « protégés » de Saâdani qui ont sonné le cor de la « révolte », les premiers, et ce, dès mercredi dernier, en apprenant que leur mentor allait être esté en justice par le DRS. À partir de là les rangs de Belayat ont commencé à grossir et on attend avec une certaine impatience la destitution de Saâdani de la tête du parti. Avec tout cela, l’on pourrait croire que le patron du FLN est « Out ». Pas complètement, puisque une partie des militants ne se sont toujours pas démarqués de lui. Par ailleurs, il y a ceux qui refusent, du moins publiquement, de prendre partie et se contentent d’un discours de consensus. « Nous sommes avec l’ANP, digne héritière de l’ALN et nous refusons qu’on porte atteinte à cette institution », dira un cadre du parti. Cette même source ajoutera : « nous sommes attachés à la direction du parti et fideles à ses orientations ». Ce discours assez prudent reflète le profond climat d’incertitude et d’appréhension qui domine à Bouira, à l’instar des autres Mouhafadhas du pays. Un constat s’impose donc : le FLN à Bouira est au bord de l’implosion. Des militants désabusés et déboussolés, mais également des cadres qui guettent le moindre écho de Hydra pour changer de camp et se positionner en circonstance. C’est la débandade! Et la prétendue opposition dans tout cela? Que compte-elle faire? Compte-t-elle exploiter la situation ? Eh bien, rien ou presque. Car, ni le FFS qui est secoué par de violentes dissensions ni encore moins le RCD, qui a perdu son aura d’antan, ne sont assez viables et crédibles pour profiter du chaos qui règne au sein du FLN.
Ramdane.B
