La salle de cinéma du chef-lieu de la commune de Tizi Gheniff, seule structure culturelle de la localité réalisée au début des années 80 mais touchée par le séisme de mai 2003 et réformée par les services du CTC à cause des fissures qui sont apparues, doit être démolie. Il faut dire que la menace est réelle et que si une secousse tellurique, même de faible magnitude, touchait la région, elle s’écroulerait et causerait de gros dégâts. Cela fait plus d’une année qu’on parle de sa démolition, mais jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’entreprise en charge de cette mission n’est pas encore intervenue. » C’est un danger même pour les habitants des alentours », pense un commerçant de la rue principale du centre-ville, qui espère, néanmoins, que les autorités qui ont annoncé le lancement, dans un futur proche, d’un projet d’une grande salle de spectacles, tiennent leur promesse, surtout que les jeunes de la région, ne bénéficient d’aucune autre structure culturelle ou de loisirs. » C’est une grande perte pour la ville. Si elle avait été réalisée dans les règles, elle aurait résisté au séisme. Il ne faut pas oublier que des constructions relevant de l’époque coloniale sont toujours debout, ici et ailleurs. Souhaitons qu’à l’avenir, la salle de spectacle qui la remplacera sera bâtie dans les règles pour tenir et résister aux aléas de la nature », ironisera notre même interlocuteur, septuagénaire, nostalgique de cette époque où des films hindous étaient projetés en continu dans cette salle où il a plein de souvenirs. Dans cette ville, comme d’ailleurs dans les villes limitrophes telles que Draâ El Mizan ou Boghni, les salles de cinéma qui drainaient des milliers de jeunes sont, aujourd’hui, fermées, laissant un grand vide culturel, alors que les foyers de jeunes, réalisés ici et là ne sont pas encore opérationnels. » Tout a été mis de côté. Nos jeunes sont happés par des salles de jeu ou les cybercafés. Ils n’ont plus cette culture cinématographique ou théâtrale, que nous avions à notre époque. Tout a été fait pour créer autour d’eux du vide et de l’oisiveté », regrettera un père de famille, lui aussi nostalgique de son époque. Ceci dit, la population de Tizi Gheniff attend impatiemment la réalisation de cette salle, dont on dit qu’elle contiendra cinq mille places. » Assister à un gala artistique que donnerait dans notre localité un grand nom de la scène comme Akli Yahiatène, dans une salle couverte, plutôt que dans un stade où il y a beaucoup d’anarchie, est un rêve pour les mélomanes comme moi », dira un jeune friand de galas artistiques.
Amar Ouramdane
