Tazrourt, un hameau et des souffrances

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En empruntant le chemin de wilaya n° 15 vers l’Est, à partir du centre-ville de Tizi N’Berber, le promeneur découvrira, en bifurquant à gauche avant l’embranchement menant à Kefrida (Taskriout), un joli hameau, juché sur une colline, appelé Tazrourt.

Située à l’Est de la commune de Tizi N’Berber, à la limite avec la commune voisine d’Aokas, cette bourgade est présentement constituée d’une quarantaine de foyers. En réalité le douar de Tazrourt est composé des villages d’Ath Idhles, Tihmilt, El Merdj, Ighil Wirem, Zaniche, Tavorth N’Daoud, Tisserghine, Tazrourt-centre, Tala Mehdi et Waggaz. C’est du moins, ce que nous expliquera dda Mustapha, un sexagénaire de la région, qui dira que ce découpage était, à l’époque, en rapport avec les prérogatives territoriales du régisseur désigné par l’administration coloniale. Les habitants de ces villages constituent un tiers de la population de la tribu d’Ath Ouaret Ouali laquelle, avec la tribu d’Ath Bouïssi, compose la population de la commune de Tizi N’Berber. Notre interlocuteur fera un retour dans l’histoire et dira que leur ancêtre Ali a eu trois enfants Ouaret OuAli, Allal OuAli et Slimane OuAli. Slimane était allé s’installer à Boukhelifa. Sa descendance est appelée Ath Slimane. Allal serait mort sans avoir eu d’enfants alors que Ouaret a eu cinq garçons dont deux, Braham et Aissa, sont les ancêtres des habitants du grand douar de Tazrourt. Aujourd’hui, quand on parle du village de Tazrourt, on le limite géographiquement au hameau qui se trouve à la frontière Est avec la commune d’Aokas. Déclaré zone interdite durant la guerre de libération, ce dernier a vu une centaine de ses meilleurs fils tomber au champ d’honneur. D’ailleurs, durant la guerre, les habitants de Tazrourt se sont réfugiés chez leurs proches, dans d’autres localités, et n’ont pu rentrer chez eux qu’à l’indépendance. Malgré ce lourd sacrifice, se sentant lésés et abandonnés, les habitants de Tazrourt n’ont arraché la reprise des travaux d’aménagement du chemin intercommunal, reliant leur localité au chef-lieu de la commune d’Aokas, qu’après avoir saisi, à maintes reprises, toutes les autorités compétentes et procédé à la fermeture de la route RN9 et du siège de la daïra. La réhabilitation de cette route est plus que nécessaire pour les habitants de Tazrourt dont la majorité d’entre eux travaille à Aokas ou à Béjaïa, donc obligée d’emprunter, matin et soir, cette voie pour rejoindre leurs lieux de travail. Si la majorité des habitants de Tazrourt sont fonctionnaires, d’autres développent de petites activités d’élevage et d’agriculture telle que l’oléiculture comme la plupart des montagnards kabyles. Le mouvement associatif de cette localité est très actif. Il a pu arracher, dans le cadre des PPDRI, une maison de jeunes et un terrain de football. Ce village est également doté d’une école primaire et d’une unité de soins. La fierté de la région est incontestablement la fontaine réalisée par les romains laquelle existe à ce jour. L’eau ruisselle toujours dans cette fontaine et les services municipaux ont procédé à son aménagement pour sauvegarder ce qui est appelé communément, aujourd’hui, Tala N’Tazrourt. Les habitants de Tazrourt aspirent, comme le soulignera Laid, un cousin de Mustapha, à de meilleures conditions de vie notamment la réhabilitation de la route principale, une meilleure alimentation en eau potable et le branchement de leurs foyers au réseau du gaz de ville pour éviter l’exode.

A. Gana

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