Le public algérois était invité à explorer l’univers musical particulier, fait de rencontres et fusions improbables, de la chanteuse algéro-brésilienne Anissa Bensalah qui a animé jeudi un concert à Alger. Lors de ce concert, organisé par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), la chanteuse a baladé son public avec sa voix puissante et poignante au timbre proche des tziganes dans une ambiance samba et bossanova propre de la musique brésilienne. La musique forro, musique traditionnelle brésilienne, faisait aussi partie du spectacle d’Anissa Bensalah avec les instruments de percussion qui lui sont propres comme le triangle et les tambourins ainsi que la danse traditionnelle l’accompagnant. Véritable fusion identitaire, de père algérien et de mère brésilienne, cette chanteuse née à Haïti, introduit de légères influences rythmiques orientales, une part de jazz classique avec une petite section cuivre et une basse sur laquelle elle raconte sa recherche de son identité tant sur le plan administratif que culturel. Habituée de la scène depuis l’âge de 15 ans, Anissa Bensalah s’est essayée à interprété entre autres, des textes du poète syrien Adonis sur compositions de musique brésilienne, ou à déclamer quelques vers du poète palestinien Mahmoud Darwich traduits en français. Malgré une diction incompréhensible en arabe, Anissa Bensalah a présenté un titre dédié aux enfants palestiniens et dénonçant le mur de la honte qui a séduit le public par sa mélodie tantôt mélancolique tantôt guerrière et les expressions scéniques de la chanteuse. Chantant parfois assise, la jeune chanteuse a insufflé une ambiance très spirituelle dans la salle de par son jeu de scène oscillant entre des danses tribales énergiques, des pas timides de forro et une présence effacée. Dans un esprit jazzy les quatre musiciens accompagnant la chanteuse se sont aussi offert une petite session d’improvisation chacun pour mettre en avant leur apport instrumental et leur maîtrise. Avec sa prestation, Anissa Bensalah a présenté au public un dialogue musical entre ses diverses origines et influences culturelles, elle qui a vécu entre Haïti, Dakkar et Beyrouth et qui a été révélée par un album chanté en portugais, en arabe et en français sorti en 2013 intitulé “Matriz”.
