Pour la première fois depuis 2008, plusieurs victimes du terrorisme, issues de différentes communes de la wilaya de Bouira, se sont regroupées, hier, à la grande salle du théâtre communal «Saleh Sadaoui» du centre-ville de Bouira, pour assister aux travaux de renouvellement du bureau de wilaya de l’organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT), dissout depuis le décès de l’ex-président du bureau, M. Mohand Laadjel.
L’assemblée élective a été également marquée par la présence d’une délégation nationale composée de la vice-présidente, Mme Malika Mohammed, ainsi que du porte-parole de l’organisation, M. Ahmed Mekoui. Mettant à profit ce rendez-vous, les participants ont tenu en premier lieu, à dénoncer « la non-prise en charge de leurs droits et de leurs principales revendications ». L’opération du renouvellement du bureau de wilaya s’est soldée par l’élection de M. Boualem Kamal à la tête du bureau local. Ce dernier sera chargé de la désignation des membres du secrétariat du bureau de wilaya, tous doivent être adhérents à l’organisation. Le même responsable sera également chargé du lancement d’une campagne d’adhésion et de ré-adhésion et du recensement des victimes du terrorisme et de leurs familles à l’échelle de la wilaya de Bouira. Le nouveau président s’est également engagé à l’installation de sections locales à travers les 45 communes que compte la wilaya de Bouira, ainsi que pour l’acquisition d’un local pour abriter le bureau de wilaya. Juste après l’élection, place au débat. Les victimes du terrorisme semblaient déterminées à mettre en exergue leurs revendications sociales. Sur place, plusieurs victimes n’ont pas hésité à dénoncer les conditions de leur prise en charge sociale. «Nous avons pleinement le droit au logement et à l’emploi», a clamé l’un des intervenants. Pour ce dernier, il est temps de « penser à la prise en charge efficace de cette frange de la société notamment en matière d’emploi, d’habitat et d’enseignement». « Nous demandons que nos droits les plus légitimes ! », a-t-il réitéré. Et d’ajouter: «Nous n’avons pas bénéficié de logements depuis plusieurs années ». Les intervenants, qui se sont succédé au micro, ont également soulevé d’autres doléances, pour une meilleure prise en charge des familles et des veuves des victimes de la décennie noire. «Les familles des victimes de terrorismes ne bénéficient pratiquement de rien. Alors qu’on continue à souffrir jusqu’à aujourd’hui ! Les enfants des victimes du terrorisme n’ont pas bénéficié de leur droit à la scolarisation, alors qu’ils étaient obligés de quitter les bancs des écoles durant la décennie noire. Au même titre que les veuves des victimes ainsi que les handicapés qui continuent de vivre dans des conditions lamentables et à souffrir en silence !» ont-ils dénoncé. Plus grave encore, les intervenants ont affirmé qu’ils sont systématiquement « exclus » des aides émanant de la direction sociale, notamment le couffin du Ramadhan et des bourses de scolarisation. Le summum de la désolation paraît lorsque des femmes, épouses de victimes du terrorisme, affirment que plusieurs familles habitent toujours dans des bidonvilles. A noter finalement, que les services de la wilaya avaient recensé prés de 3 000 victimes du terrorisme depuis l’avènement de ce phénomène.
O. K.