Une pièce contre l'inertie intellectuelle

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Une plaidoirie théâtrale et poétique pour la réhabilitation du statut et de la fonction sociale des intellectuels dans le monde arabe, intitulée « Les poèmes brûlés », a été présentée, lundi soir au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, par la jeune troupe de la coopérative artistique et culturelle « Facetroupe ». Cette pièce, qui se rapproche beaucoup de la déclamation poétique, a été élaborée par Djamel Guermi qui a mis en scène un texte virulent au ton de dénonciation du poète et dramaturge Djamel Saadaoui. Dans un espace scénique ouvert dénué de décor fixe, « Les poèmes brûlés » met en scène un jeune poète arabe, interprété par le comédien palestino-syrien Mohamed Dib, militant par les vers pour une société libre, non corrompue, qui se bat pour des idées et non pour des leaders. S’apprêtant à quitter son pays en proie aux troubles, le poète ne retrouve pas son dernier manuscrit, visant à réveiller les consciences de son peuple, brûlé par son colocataire qui s’est révélé être un agent du régime dont la mission était de faire taire le poète ou l’enrôler. Lors de cet acte, les deux hommes essayaient de se convaincre mutuellement de rester et rejoindre les rangs du pouvoir en place et mettre son intellect à son service, ou quitter le pays pour continuer la lutte depuis l’étranger. Refusant l’aplaventrisme de certains intellectuels qui ont vendu leurs consciences à des régimes corrompus qui ne leurs offrent que le droit de flatter l’égo des dirigeants, le jeune poète se retrouve emprisonné et torturé. Dans cette séquence, le prisonnier devient geôlier en interrogeant ces tortionnaires, intellectuels des sérails arabes, sur leurs consciences et les raisons qui les ont poussé à servir la corruption et le culte des personnes et de l’argent. Toujours en vers, la pièce met aussi en scène de façon burlesque un dirigeant, imbu de sa personne, commandant à des écrivains des poèmes à sa gloire d’une manière humiliante et méprisante. Malgré une audace prononcée, ovationnée par le public, le texte poétique restait trop direct dans le discours et ne laissait pas de place pour les lectures personnelles des spectateurs, le dramaturge Djamel Saadaoui souhaite par ce texte « secouer les consciences vu l’actualité des pays arabes et le déclin de l’intégrité intellectuelle ». Cependant, le spectacle n’était pas au rendez-vous de cette soirée théâtrale qui a brillé par le texte bien plus que par la prestation des comédiens pas très habitués des scènes. Pourtant le choix du metteur en scène Djamel Guermi s’était porté sur un concept minimaliste sur le plan du décor et des accessoires, proche du théâtre populaire de Kateb Yacine, qui demande de grandes capacités d’interprétation. La pièce « Les poèmes brûlés » de la coopérative artistique et culturelle « Facetroupe » sera présentée sur la scène de la salle El Mouggar le 1er mars et à Ibn Khaldoun le 15 du même mois en plus d’une représentation prévue à Koléa.

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