On aurait cru voir un paon parader avec sa grâce et sa féerie sur les planches du théâtre régional Kateb Yacine, jeudi passé lors du spectacle de flamenco traditionnel présenté par la compagnie « Amalgana compania flamenca », ce fut 75 minutes de pur bonheur. Le paon, incarné par Samara, qui n’est autre qu’une Algérienne qui n’a rien à envier aux danseuses espagnoles de flamenco, était accompagnée par Sergio Matesanz à la guitare, Allende au chant, Ana Barban chanteuse également et Fernando Maya à la percussion. Un spectacle à la fois gracieux, féerique mais qui dégage une force physique et une grande technique. Par son interprétation majestueuse, Samara a conquis le public de la ville des genets, qui l’applaudira longuement.Cette artiste qui s’est mise au flamenco, qu’elle découvrit au cours d’un voyage à Séville, est d’origine Algérienne, mais c’est à Paris, capitale des arts et des artistes par excellence, quelle découvre cette danse et cette passion pour le chant. En 2007, elle s’installa à Madrid, elle fit la rencontre du guitariste Sergio Matesanz, futur co-fondateur de la compagnie. Elle deviendra, à la fois, directrice artistique et technique de la compagnie. Vivant entre Paris et Madrid, Samara et sa compagnie proposent leurs spectacles à l’international. La directrice artistique de la compagnie répondant aux questions de la presse locale, et à question d’un confrère sur les thèmes que l’artiste a présenté sur scène, elle rétorquera : « J ai abordé des thèmes comme la joie, la trahison, la mort, la douleur, l’amitié… Bref, un panel assez large où, dans chaque tableau, mon objectif est de transmettre un message, une émotion et de les faire partager au public, et ce malgré les différences linguistiques. C’est cela qui est bien avec le flamenco… on arrive à partager des émotions malgré les barrières linguistiques ». Quant à son appréciation, par rapport au public venu nombreux, elle dira : « C’est génial d’avoir ce retour, c’est vraiment génal ! » L’artiste nous décortiquera le répertoire que sa compagnie a présenté : « Nous avons présenté un répertoire traditionnel. Le flamenco est un répertoire folklorique, où tous les artistes puisent. La première danse que j’ai présentée est une solea, avec la robe longue à la traîne. J’ai dansé Maladie et, à la fin, j’ai dansé Portongosse. Le danseur a, quant à lui, exécuté une danse dénommé Maledria, et le chanteur a interprété Perceveria. C’est le répertoire traditionnel du flamenco dans lequel on puise et l’on interprète à sa façon. Le chanteur a présenté un autre chant, Segueria, qui est un chant assez tragique parlant de la mort, de la perte d’un être cher, c’est un registre assez dramatique, et au fur et à mesure au le spectacle avance chaque tableau dégage une émotion particulière chez le public, même si l’on ne comprend pas l’espagnol. Je pense que le public est réceptif et il suffit juste de partager des émotions, après, si on comprend l’espagnol, on apprécie encore plus le spectacle dans avec la poésie et les chants présentés. Il est vrai que ce n’est pas ma culture de naissance, je suis née en Algérie, j’y ai grandi, je suis algérienne à 100% et je suis partie pour mes études. Cette culture m’a fascinée, à la fois par sa musique, ses traditions, son histoire… et j’ai plongé dedans pour ne plus jamais en ressortir… ». L’artiste racontera ensuite le début de la compagnie et ce qui l’avait motivée : «On a monté cette compagnie il y a deux ans. C’était moi qui en ai eu l’idée, j’avais envie de vivre ma passion, alors c’est pour cette passion pour le flamenco que j’ai laissé tomber tout le reste. C’était facile de convaincre le reste de la troupe, dans la mesure où nous avions la passion du flamenco en commun, on avait envie d’amener le flamenco là où les gens le connaissaient le moins… le flamenco est une danse très technique, difficile et très physique, où la part du perfectionnement est très importante. Le plus beau dans cette danse est que l’on voit encore des danseurs de 50 et 60 ans sur scène, c’est une danse qui évolue en technicité avec l’age. J’ai constaté qu’il y a beaucoup d’étrangers qui se mettent au flamenco et s’y intègrent aisément. On doit respecter cette culture et ne pas la dénaturer… C’est ma passion et je la vit à fond». En ce qui concerne son agenda artistique, elle nous indiquera : « Nous allons présenter un spectacle en Tunisie, au mois de mai, nous prendrons part à un festival de folklore populaire dans le sud de l’Italie, et, normalement, on est programmé au Canada… J’ai également l’intention de présenter mon projet dans d’autres wilayas. Ici, à Tizi-Ouzou, M. Ould Ali nous a fait confiance et j’espère que ce sera de même dans les autres régions du pays. À long terme, je projette de faire des cours d’initiations et, pourquoi pas, une école de flamenco, ici en Algérie, ça me fera extrêmement plaisir de réaliser cela…».
Karima Talis