La décantation naturelle !

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Les choses sérieuses pour la campagne électorale de la Présidentielle d’avril devront commencer dans une dizaine de jours. Passé le délai des recours, les candidats qui auront réussi à dépasser l’épreuve de la décantation constitutionnelle auront la dure tâche de convaincre les électeurs.  Tous les scénarios s’offrent désormais aux Algériens. Avec seulement une poignée de candidats à avoir été reçus à l’examen des parrainages validés par le Conseil constitutionnel, les Algériens auront, néanmoins, tout vu depuis l’ouverture de la course aux candidatures. Pas moins de 130 personnes se sont précipitées vers le ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires de souscription de signatures individuelles, après avoir déposé la lettre d’intention de se porter candidat. Jusqu’à hier, et à l’expiration du délai fixé pour le dépôt des dossiers de candidature, il y a eu plus de retraits de candidatures, annoncées publiquement, que de déposants. La valse des renoncements, entamée par Sofiane Djilali, du Jil El-Jadid, et clôturée, avant- hier, par l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, témoigne du degré de responsabilité politique qu’ont ces personnalités publiques vis-à-vis de la société algérienne.  Même s’ils évoquent tous, à l’exception du chef du parti El-Krama, « la fermeture du jeu électoral » après l’annonce officielle de la candidature de Bouteflika, le point d’arrêt qu’ils ont marqué avant même de se mesurer devant le Conseil constitutionnel, est en soi une attitude peu courageuse, politiquement.   Au départ, la cascade de candidatures a sérieusement impressionné les citoyens. Le nombre montait crescendo atteignant la centaine. Puis une autre trentaine d’intentions de candidatures est venue s’ajouter, comme pour amplifier l’étonnement populaire. Bien qu’il soit légitime pour tout citoyen jouissant de ses droits civils de se porter candidat à la Présidence du pays, ce trop grand nombre de candidatures n’est pas sans dommages sur le crédit qu’accordent les citoyens à cette haute fonction de l’Etat. Sur les 132 ayant retiré les formulaires de signatures individuelles auprès du ministère de l’Intérieur,  il y avait 18 chefs de partis politiques, des anciens chefs de gouvernement, des ex-militaires, dont des généraux à la retraite, des députés, des immigrés, d’anciens ministres, des fonctionnaires et des marchands de légumes anonymes.  Tout ce « beau » monde s’est donc retrouvé face à une très dure épreuve, imposée par l’article 139 de la loi électorale. Mais les choses importantes devraient être traitées avec sérieux et tact, y compris lors du renoncement. Et si les anonymes ayant retiré les formulaires de signatures ont su garder l’anonymat jusque dans leur échec à se conformer au dit article du code électoral, les personnalités les plus en vue sur la scène publique, elles,  n’ont pas brillé par leur discrétion. D’où leurs annonces, avec fracas, de « se retirer » tout en exhibant des chiffres ou des documents d’huissier, à l’instar de Benbitour, dans l’espoir de convaincre que « l’élection est jouée d’avance ».  D’aucuns s’interrogent sur le fait que des candidats à la candidature, pourtant très en vue sur la scène publique, aient si peu l’audace d’aller affronter le test de validation, en optant pour le plus facile des replis. Le courage politique des six candidats qui s’étaient retirés en pleine campagne électorale, en 1999, semble avoir étouffé les graines de régénération !

 M.A.T

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