97 greffes rénales seulement réalisées depuis 2006

Partager

Le service d’hémodialyse du centre hospitalo-universitaire de Tizi-Ouzou a accueilli, depuis le début de l’année en cours, 11 nouveaux malades insuffisants rénaux chroniques, pour subir un traitement par hémodialyse. Ce qui porte le nombre de patients traités au niveau du dit service à 119 malades. La célébration de la journée mondiale du rein, qui coïncide avec le 13 mars de chaque année, est l’occasion de rappeler que les infections rénales touchent de plus en plus de personnes. « Je veux voir le professeur, je suis très malade et la machine ne fonctionne pas, il faut qu’il m’ausculte », criait Karim, hier, dans les couloirs du service d’hémodialyse du centre hospitalo- universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou. Le patient se plaignait d’une énième panne de la machine : « on l’a branchée puis elle s’est arrêtée », disait-il. Des pannes fréquentes qui surviennent parfois en pleine séance de dialyse. Un supplice de plus pour les malades. Mais il faut signaler que le service d’hémodialyse, d’une capacité de 28 générateurs de dialyse, dont seuls 24 sont en service, ne parvient plus à répondre à la demande. Il est en effet de plus en plus sollicité et sa capacité d’accueil est depuis longtemps dépassée. Chaque jour, plus d’une soixantaine de malades y afflue, dont plusieurs cas urgents venus des communes limitrophes et parfois même des autres wilayas. D’après un responsable du service d’hémodialyse, 11 nouveaux cas ont été accueillis au niveau du centre depuis le début de l’année en cours. Ceci vient porter le nombre de malades dialysés au sein du service à 119 personnes. Et bien évidemment, le chiffre ne reflète pas la réalité du terrain. Et le nombre de malades atteints d’insuffisance rénale est encore plus important lorsque l’on sait qu’un nombre tout aussi important de malades est traité au niveau de cliniques privées.  Par ailleurs, même dans les établissements sanitaires privés, les places sont limitées et les nouveaux malades ont du mal à être retenus. Surtout lorsque l’on sait qu’une fois qu’on est relié à une machine, c’est pour la vie. « Un poste c’est vital pour un malade. A moins que ce dernier ne soit greffé ou qu’il décède, il ne quittera jamais sa machine », nous dira un malade qui attendait sa troisième séance de la semaine. L’infection rénale se répand de plus en plus et touche des sujets de plus en plus jeunes. Le constat est celui du président de l’association de soutien aux malades hémodialysés de la daïra de Mekla, B. Bouferguane. L’association, créée officiellement en 2012, est certes encore jeune, mais ses adhérents avoisinent les 80, dont la majorité sont des malades, nous dira son président. Il ajoutera : « Le constat est là. Ce qu’il faut c’est beaucoup plus de sensibilisation ». Une sensibilisation qui constitue en effet le cheval de batail de l’association dont le programme se base sur l’information des malades d’un côté mais bien plus des autres citoyens. Sensibiliser contre les risques de la maladie, et les facteurs aggravants, tels le diabète, l’hypertension artérielle ou encore la prise à long terme de certains médicaments. Il y a également le problème du don de reins. Car, en effet, si des greffes rénales sont réalisées au niveau du CHU, leur nombre demeure encore très limité. « Entre 10 et 20 greffes sont réalisées au niveau du service de néphrologie de l’hôpital », a déclaré le Dr. Badaoui, maître assistante au niveau du dit service. A Tizi-Ouzou, et depuis 2006, ou a eu lieu la première greffe rénale, « 97 greffes ont été réalisées », selon la même source. La greffe rénale n’est certes pas la seule solution pour traiter les malades souffrant d’insuffisance rénale. Il y a aussi le traitement par l’hémodialyse, ainsi que la dialyse péritonéale. Néanmoins, elle demeure la meilleure solution. Car elle permet aux malades de reprendre le cours normal de leurs  vies et leur assure un confort et une réinsertion sociale. Et si la greffe n’est pas automatique, c’est aussi parce que dans la majorité des cas, les donneurs ne sont pas compatibles. Après une large exploration du couple (donneur et receveur), il peut y avoir une contre indication médicale, chirurgical psychologique ou psychiatrique, ou incompatibilité et la greffe n’est plus autorisée. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il faut sensibiliser sur la greffe à partir d’un donneur décédé. Selon le Pr. Nekhla Ahmed, chef du service chirurgie thoracique et vasculaire, au sanatorium de Baloua, « c’est toute la politique national de prise en charge des personnes malades d’infection rénale qui doit changer. Car au lieu de construire des centre de dialyses, il faut encourager la politique de la greffe rénale ». Un travail de fond doit ainsi se faire pour notamment encourager les greffes depuis les personnes décédées. « Ce genre de greffe est encore inconcevable pour les familles des personnes décédés », dira-t-il, ajoutant que le travail psychologique de sensibilisation doit commencer par eux.

Tassadit. Ch.

Partager