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Les troubles bipolaires en débat

« Comme pour tous les pays du monde, l’Algérie n’échappe pas aux troubles bipolaires qui est une pathologie universelle.

«Comme pour tous les pays du monde, l’Algérie n’échappe pas aux troubles bipolaires qui est une pathologie universelle. D’ailleurs, l’Algérie est confrontée à un problème très sérieux. Tous les pays du monde utilisent un médicament appelé les sels de lithium qui est l’un des médicaments les plus efficaces administré aux patients qui souffrent des troubles bipolaires. Mais hélas, pour des raisons qui nous sont inconnues, ce médicament a disparu depuis plus de vingt ans en Algérie », a indiqué hier, le Dr Mohamed Taleb, président de la société franco-algérienne de psychiatrie et chef du pôle de psychiatrie et d’Addictologie de Vernon, lors des travaux de la 13e journée internationale de psychiatrie, qui s’est déroulée au niveau de l’auditorium du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, sous le thème « Les troubles bipolaires ». Notons que les troubles bipolaires, qui sont aussi connus sous le nom de psychose maniacodépressive, sont des maladies qui entraînent des dérèglements de l’humeur se manifestant par des phases tant de dépression que d’excitation (manies). A ce sujet, le Dr Taleb précisera que les patients sont ainsi privés des « sels de Lithium » qui est un médicament essentiel pour eux. « C’est un produit de référence à travers la plupart des pays du monde en matière de soins des troubles bipolaires ; son indisponibilité est incompréhensible. On nous ramène des médicaments qui coûtent extrêmement chère et qui sont peu efficace. Tandis que les sels de lithium coûtent trois fois rien. Mais nous ne nous en disposons pas, en Algérie, et ça c’est un vrai problème, qu’il faut poser à toutes les parties concernées », a-t-il ajouté. Cette rencontre a rassemblé plus d’une centaine de participants dont des professeurs et des étudiants en psychiatrie, des maîtres assistants et des médecins venus des quatre coins du pays et de l’étranger. Les vingt-sept communications présentées ont tiré au clair certains points restés jusque-là incompris, concernant les troubles bipolaires. Les thèmes étaient variés. Pour sa part, Le Pr Ziri, DG du CHU Mohamed Nedir de Tizi-Ouzou, expliquera que l’organisation de ces journées cible essentiellement la formation et l’information des spécialistes. L’ouverture officielle de cette journée a été faite par le Pr Ziri. Suivie par une introduction au thème des troubles bipolaires, faite par le Pr Tedjiza, en poste à l’EHS Drid Hocine d’Alger. « Problème de genre dans les situations de conflits » est l’intitulé de la seconde communication présentée par le Pr Ladjali d’Alger. Pour sa part, Le Pr Patrick Martin développera le thème de « L’approche neurobiologiques et pharmacologiques de la bipolarité ». Dans son allocution « Les gènes de vulnérabilité aux troubles bipolaires et à la schizophrénie », le Dr Guessaibia de l’EHS Frantz Fanon de Blida affirmera que « le trouble bipolaire et la schizophrénie semblent partager une même base génétique et des facteurs de risque communs, mais restent encore aujourd’hui, aux yeux des psychiatres et de la communauté scientifique, deux maladies distinctes avec certainement des particularités génétiques ou environnementales. Alors, troubles bipolaires ou schizophrénie ? La génétique bouscule les frontières ! ». Quant au Dr Seklaoui du CHU de Tizi-Ouzou, elle indiquera, dans sa communication intitulée « Toxicomanie et troubles bipolaires », que 41 à 65 % des individus présentant un trouble addictifs ont eu à un moment donné de leur vie un trouble bipolaire. « Les troubles bipolaires et l’addiction sont des affections complexes et multifactorielles impliquant des causes génétiques, environnementales et développementales », conclura le Dr Seklaoui, ajoutant « dans la plupart des travaux épidémiologiques, la notion de toxicomanie est particulièrement fréquente chez les sujets souffrant de troubles bipolaires. Malgré l’importante prévalence des troubles bipolaires et des conduites de dépendances, les relations entre les uns et les autres ne sont pas parfaitement définies ». Interrogé quant à la prise en charge des troubles bipolaires dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le Pr Ziri dira : « Les troubles bipolaires sont une maladie très fréquente. Mais c’est également une maladie qui est sous diagnostiquée et qui reste méconnue. Au jour d’aujourd’hui il n y’a pas eu d’études quant à cette maladie en Algérie. Mais ce qu’il est important de savoir est que des patients existent et que nous faisons de notre mieux pour leur prise en charge. Actuellement, tout se fait dans ce sens. De plus, les médicaments sont disponibles ». Interrogé quant à la non disponibilité des « Sels de Lithium », le Pr Semaoune, chef de service à l’hôpital central de l’armée conclura « les raisons ne sont pas connues. La seule explication est que la marge bénéficiaire est moindre. » Les laboratoires, selon lui, préfèrent ramener des médicaments plus chers pour gagner plus.

Samira Bouabdellah

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