Moulith, un patrimoine à sauvegarder

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C’est en longeant le chemin de wilaya n°6 et en bifurquant vers le nord que l’on tombe à pic sur la placette du village Mira, où trône, face à l’école primaire, la grande mosquée du village.

à quelques encablures de là se dresse la stèle réalisée par un artiste bien connu de la région, Igheroussene Mansour, et dédiée par l’association culturelle Youcef Oukaci au grand chanteur engagé de la région, feu Abdelkader Meksa. Le village Mira, que domine le rocher dit «Achrouf n’Mira», qui fut un lieu hautement stratégique durant la guerre de libération, tire son nom du mot berbère «Ira», qui signifie l’endroit des tigres. En effet, et selon les témoignages des anciens du village, un tigre vivait jadis dans la forêt qui se trouve à proximité du village et fut tué par les Français. D’autres disent que le mot Mira est d’origine espagnole et veut dire «vision». Les Espagnols l’ont nommé ainsi car le village est situé sur les hauteurs et offre une vue imprenable, à la fois sur la mer, au nord, et sur les reliefs du Djurdjura, au sud. Le village est composé de quatre quartiers que sont Agouni Mira, qui est la partie basse, Aqeniche, au centre, Moulith, qui ouvre sur la mer, et Achrouf, partie haute donnant un passage vers l’ancien village. Moulithe est composée d’anciennes maisons kabyles, dont certaines sont toujours en l’état d’origine. L’architecture kabyle y est prédominante et les légendes bien gardées. En effet, l’ancien village, ou Mira Taqdimit, est un endroit exotique où mystères et évasions à travers les temps sont garantis. Malheureusement, les traces et les vestiges historiques sont à l’abandon et se dégradent au fil des temps, au grand désespoir des amoureux des sites historiques. Pourtant, une initiative allant vers la réhabilitation des lieux, en classant ce quartier comme patrimoine historique national, fut à l’ordre du jour, en 2005, lors de l’hommage rendu à feu Meksa Abdelkader, conjointement par l’association culturelle Youcef Oukaci, le comité du village Mira et la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou. Hélas, ce projet est resté lettre morte et rien de concret n’a été entrepris dans ce sens, à ce jour. Du coup, c’est toute la commune de Timizart qui perd un atout prépondérant dans l’activité touristique et économique, tant l’endroit offre des potentialités énormes dans le domaine. «Achrouf n’Moulithe», est situé en lisière de la grande forêt, luxuriante, belle et sauvage des Ath Djennad. L’accès à l’ancien village offre une vue éblouissante sur les plaines, vastes et riches, d’Azaghar, que domine, au loin, le majestueux Djurdjura. Chemin faisant, on peut faire une halte au niveau de l’ancienne mosquée, qui surplombe la tombe du grand artiste de la région et qui, selon notre avis, mérite restauration. Le long de la RN71, on peut s’altérer de l’eau fraîche et limpide des nombreuses sources qui s’y trouvent, Tala Gourawen et Lâinser n’Ugalid. Il aurait suffit, nous dira Belaid, fils de Moudjahid, de dresser des stèles commémoratives des nombreuses batailles qu’ont livré nos Moudjahidine face à l’armée française, de prévoir des lieux de camping pour les nombreuses familles qui viennent visiter l’endroit, pour redorer le blason d’Achrouf n’Mira, surtout si l’on sait qu’en bas du village se trouve Tafoughalt, lieu historique où l’Aârch des Ait Djennad se rassemblait pour prendre des décisions importantes lors de la période de la présence des turcs. Occasion des plus propices pour se recueillir sur la tombe du grand barde et ambassadeur de la région, le fameux poète Youcef Oukaci. En attendant que ce rêve se concrétise, Tamoulith sombre dans l’oubli et la commune tourne le dos à des potentialités à même de la hisser vers la prospérité et le developpement.

Ait Slimane Amazigh

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