Quand le fol espoir de voir sa situation matérielle prendre un essor qualitatif et personne, se transforme en terrible désillusion, quand ce qui est présenté comme une formalité tout au plus se mue en cauchemar, alors ont finit par se dire que quelques chose de pas ordinaire se passe dans nos institutions. Des institutions qui comme la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) sont présentées comme faisant partie, au même titre que l’ANSEJ, l’ANGEM, l’emploi des jeunes, du dispositif mis en place par l’Etat pour lutter contre le chômage.A.M., A.L. et M. A., tous jeunes offrent la double particularité d’être au chômage et d’avoir éprouvée le dispositif. CNAC, depuis la collecte des premiers documents exigés, jusqu’au fameux sésame que représente l’attestation d’aéligibilité, une sorte d’apothéose qui vient, cerise sur le gâteau, couronner de succès un long, long parcours. La procédure première ayant été épuisée et alors qu’ils n’attendaient que la mise à leur disposition des fonds par la banque, c’est le coup de massue ! L’organisme bancaire préteur tout en marquant son accord de principe impose la production de pièces que les intéressés sont dans l’impossibilité de produire. Ce qui rend du coup la procédure et par extension le dispositif fortement entachés de suspicion. Et l’indicible sentiment pour nos trois prétendants d’avoir été roulés dans la farine, d’avoir fait les frais “d’un système pour le moins banal qui après avoir donné son feu vert, le conditionne par des procédures injustifiées et iniques, se déjugeant du coup”.
La CNAC et ses particularitésLa CNAC créée en 1994 par décret exécutif 94/188 du 6/07/1994 a été dotée de trois missions principales : l’assurance du risque chômage à travers la prise en charge des employés licenciés pour raisons économiques, la réinsertion des chômeurs à travers des cycles de formation et l’aide aux entreprises en difficulté. En 2004, il lui a été adjoint un dispositif de soutien à la création d’activités par les chômeurs promoteurs âgés de 35 à 50 ans, réglé par le décret 03/151 du 30/12/2003. La CNAC se distingue par l’existence d’un comité de suivi et de validation composé des cinq banques, de la CNAC et des chambres professionnelles. Ce comité a pour tâche de se prononcer sur la viabilité des projets qui lui sont soumis. La CNAC assure aussi l’accompagnement des promoteurs pendant cinq semaines et la validation du savoir-faire du postulant.Depuis sa mise en place, la CNAC a reçu 515 dossiers de prêts. 203 ont été validés par le CSV et 128 déposés auprès des banques. 58 ont été agrées et 11 entreprises ont vu le jour.
Trois promoteurs bloquésA. M., 41 ans, chômeur, a satisfait à toutes les étapes exigées avant d’obtenir l’attestation d’éligilibilité au dispositif de soutien à la création d’activités. Le créneau choisi par notre promoteur se rapporte au transport et à la livraison sous froid de produit e denrées alimentaires. Ce qui passe nécessairement par la possession d’un véhicule spécifique. L’accord de la banque portant sur un prêt de 135 millions de centimes lui a été signifiée en date du 14 avril 2005. Jusque-là donc, tout semble baigner dans l’huile ! Grande toutefois fut la surprise du bénéficiaire quand il s’est mis à rassembler les documents exigés a priori par la banque. La production d’un registre de commerce devint vite un casse-tête… kabyle, car tenant de la quadrature du cercle. Jugez-en : pour avoir un RV, il faut produire une carte de transport et pour obtenir ce dernier document, il est exigé une carte grise. Une carte grise qui n’existe pas car le véhicule n’existe pas ouy tout du moins n’a pas été encore acheté. Précision de taille, tous les autres points exigés par l’organisme financier ont été satisfaits : autorisation communale, adhésion au fond de garantie contre paiement de la somme de 14 175 DA, prêt au CNAC non rémunéré… La Direction des transports se défend en évoquant l’absence de cadre, conventionné entre la CNAC et le ministère des Transports.L’autre, M. A., est lui originaire d’Akbou. Son projet, porteur, concerne la menuiserie aluminium et le PVC et nécessite un apport financier de 5 millions de dinars. Le dossier bien ficelé a reçu l’aval du CSV à travers l’obtention de la fameuse attestation d’éligibilité. Notre promoteur lui aussi a cru un instant qu’il était arrivé au bout de ses peines. Erreur, car là aussi, au moment d’emprunter le long chemin qui mène vers le RC, M. A. a été prié de produire avant de prétendre à l’autorisation communale une étude d’expertise de structure, visée par le CTC. Cela concerne la bâtisse où il envisage d’exercer son activité. La réponse du CTC a été sans équivoque et négative au motif que toutes les constructions antérieures à 2004 ne sont pas conformes aux nouvelles normes.Quant à notre troisième interlocuteur, A. L., il a, après avoir passé avec succès les différentes étapes menant à l’attestation d’élibilité pour l’obtention d’un prêt relativement modique de 500 000 DA destiné au financement d’un petit métier(barque de pêche), été confronté au problème de l’hypothèque. Non pas qu’il soit retif à cette idée. Mais tout simplement et comme il le dit avec candeur et naïveté, parce qu’il ne possède, en propre, rien ! Ni maison ni bien d’une certaine valeur…
De la nécessité d’améliorer le dispositif par la suppression des entravesCes trois témoignages mettent en exergue la réalité d’un environnement socioéconomique peu propice à l’éclosion des jeunes et des moins jeunes. Les déçus ne font même pas le distingo entre les différents maillons de la chaîne. Dès lors que cela coïnce quelque part, c’est tout le dispositif qui est éreinté. “Chat échaudé craint l’eau froide”. Ali, 40 ans, des idées plein la tête, hyperactif, reprend à tout bout de champ cet apophtègme pour signifier qu’il ne croit guère en ce dispositif comme en tous les autres. Argant d’une expérience grande comme ça, il affirme : “Ils reprennent de la main gauche ce qu’ils te donnent de la main droite”. Décrypté, cela donne : “Les banques après avoir marqué leur accord imposent des conditions d’une dureté telle que cela équivaut à une fin de non-recevoir”.Même si nombre d’arguments ne tiennent pas la route, ils illustrent en fait un état d’esprit marqué par une méfiance vis-à-vis des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics. Dans le cas de la CNAC, le faible taux de réalisation apporte de l’eau au moulin de ses détracteurs. Même si les véritables raisons sont ailleurs.Réinstaurer la confiance par une information juste et saine est une nécessité. Faciliter l’accès au crédit par une simplification des procédures est l’autre segment vers lequel devrait tendre la réflexion. Ce qui ne signifie pas bien entendu qu’il faille supprimer les garde-fous garantissant la réussite d’une opération. La croissance, la reprise économique ainsi que les différents dispositifs incitant à la création d’entreprises, voilà autant de cadres pourvoyeurs d’emplois !Ils ne sont certes pas parfaits, mais une fois affinés, améliorés, simplifiés, ils peuvent donner un sérieux coup de fouet à l’économie nationale tout en contribuant à résorber le fléau du siècle, le chômage.
Mustapha R.