L’année des vaches maigres

Partager

Dès que l’aube s’extrait de la nuit, des procession d’hommes et de femmes mi-sommeillant mi-babillant, et engoucés dans leurs habits, prennent la direction de leurs oliveraies. Dans certaines huileries, on s’affaire encore à dégauchir les pièces tordues, à vérifier les moulins et à rafistoler les scourtins effilochés avant l’entame de la trituration, alors que quelques unes ont pris des encablures d’avance en ayant déjà procédé à l’extraction de l’oléagineuse.Signe des temps, les propriétaires d’oliveraies s’y prennent prématurément pour engranger leur récolte même si les conditions climatiques défavorables, de l’avis de paysans bien ferrés sur cette culture, devrait plutôt inciter à une cueillette tardive.On se prend à rêver de l’époque où la campagne ne débutait qu’à la fin d’ “Ikechachen”, une période du calendrier agricole traditionnel qui coïncide avec la fin du mois de novembre et à l’issue de laquelle les baies donnent la pleine mesure de leur rendement. De nos jours, la cueillette prend l’allure d’une embarrassante corvée dont on s’empresse de s’acquitter avant que l’hiver ne déchaîne ses rigueurs.Cela, naturellement, sans se soucier, outre mesure, des blessures infligées aux arbres qui sont soumis de manière récurrente et maladroite au “supplice” du gaulage : feuilles tombées, branches cassées… Cette méthode de récolte est en grande partie responsable du fort taux d’acidité de l’huile qui induit une dépréciation de sa qualité et de sa valeur marchande.Il est prématuré, en ce mois de décembre, de se prononcer sur l’issue d’une olivaison qui ne fait que commencer, car une foule de facteurs tels que le déficit en pluviométrie et les préjudices causés aux oliviers par la neige de janvier 2005, permettent d’affirmer d’ores et déjà qu’on ne s’attend pas à des pics de production.

Nacer Maouche

Partager