Nessis, le calice jusqu’à la lie

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La localité de Nessis, relevant de la commune d’Aïn Türk, à une dizaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, va enfin bénéficier d'un plan d'aménagement urbain.

Les travaux devrant débuter au mois de mai prochain, toucheront notamment l’assainissement, la réhabilitation du réseau d’AEP, le revêtement de la voirie, etc. Le coût de cette opération est estimé selon le maître d’ouvrage, à plus de 25 millions de dinars. Les citoyens de ce bourg, l’un des plus démunis de cette commune, accueillent cette nouvelle avec joie, mais aussi avec beaucoup d’appréhension. Et pour cause, plusieurs plans d’aménagement ont été consacrés à cette localité par le passé mais avec un résultat qui laissait souvent à désirer. Le dernier plan en date remonte à 2011, quand les autorités locales de l’époque avaient annoncé d’importants travaux avec un montant qui avoisinait les 100 millions de dinars. Cela étant, ces travaux n’ont finalement rien changé. Cette bourgade végète toujours dans l’insalubrité l’insécurité et la misère. En effet, Nessis ne nécessite pas seulement une simple opération d’aménagement, mais une véritable prise en charge, car cette cité aux allures de bidonville se meurt à petit feu et ses habitants souffrent le martyr. Pour preuve, les habitations où vivent les citoyens de cette localité ne sont que des taudis en zinc. Ce qui complique davantage la vie à ces derniers qui ne savent plus à quel saint se vouer pour améliorer leur cadre de vie qui ne cesse de se dégrader au fil des années. C’est dans ces rudes conditions que les citoyens de ce quartier survivent. Le mot «survie» n’est guère galvaudé au vu de la misère qui frappe cette localité. Un habitant rencontré racontera: «Nous sommes complètement marginalisés! Notre village accuse un manque criard en matière d’aménagement urbain. Voyez par vous-même, rien n’est fait afin d’améliorer notre quotidien. Les autorités locales nous ignorent et nous méprisent. Me concernant, j’ai fuit Kadiria dans les années 90. À cette époque-là on croyait que nos conditions de vie allaient s’améliorer avec le temps. Cependant, c’est tout à fait le contraire. Elles ne cessent de se dégrader». Interrogé sur les nouvelles mesures prises par les autorités locales, notre interlocuteur nous fera part de son scepticisme quant à ce sujet: «Vous savez, chaque année on nous annonce que des travaux de réhabilitation et d’aménagement viennent d’être inscrits au profit de notre localité mais au fil du temps, rien ne se pointe à l’horizon. Que des promesses sans suite». Concernant les logements, quelques citoyens rencontrés dénoncent l’«injustice» qui prédomine, selon eux, dans ce secteur. Il existe des villas de hautes factures, nichées sur les hauteurs de ce quartier, ce qui crée un contraste, pour le moins déroutant, entre les deux. Selon eux, ces villas appartiennent à de riches commerçants ayant fait fortune dans la pomme de terre. Un sexagénaire, rencontré aux abords de la mosquée, expliquera : « Ce qui se passe ici, c’est de l’injustice pure est simple, sinon comment expliquer que de nouveaux débarqués ont pu bénéficier d’actes de propriété pour construire et, dans le même temps, nous, les pauvres malheureux, sommes toujours considérés comme des occupants illégaux et traités comme des parias ? C’est la politique de deux poids, deux mesures ! Ni la mairie, ni les autres services de la wilaya n’ont accepté de nous accorder la moindre aide, c’est scandaleux !».

R. B.

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