Convergences et divergences

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S’il y a des visions qui convergent, dans les programmes électoraux des six candidats à la présidentielle du 17 avril prochain, il existe également, et à forte conviction, de chacun d’entre eux, des divergences de concepts et de lignes directrices de ce que devrait être l’Etat avec ces démembrements institutionnels.

Le second jour de la campagne électorale, entamé dimanche par l’ensemble des candidats, a été l’occasion, pour les six postulants à la magistrature suprême, de rappeler la misère sociale des Algériens, la stagnation de l’économie du pays, pour certains, et l’absence totale de base d’une économie émergente pour les autres, la crise du logement, la difficulté d’accéder à des soins de qualité…etc. Bien que tous appellent, comme d’une seule voie, à un vote massif, le jour du scrutin, le 17 avril prochain, pour «élire le candidat qui soit apte à gérer le pays durant les cinq ans à venir», les concurrents de la course au Palais d’El Mouradia s’accordent aussi sur la nécessaire révision de la Constitution. Abdelaziz Belaid, qui énonce deux «principes fondamentaux de la Constitution» qu’il propose d’amender s’il est élu, s’est toutefois limité à ramener «le mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une seule fois», et «un chef de gouvernement issu de la majorité parlementaire». Deux points vers lequel convergent, pratiquement, tous les candidats, à commencer par Ali Benflis, qui défend, mordicus, les deux principes, notamment le second sur lequel il insiste. Ali Benflis défend donc ce qu’il qualifie de «Constitution consensuelle», qui sera l’émanation d’un «dialogue en vue de l’élaborer avec toutes les forces politiques et la société civile, après un large et profond dialogue». Benflis explique à ce sujet que «les parties prenantes pourraient discuter, proposer et s’opposer, en cas de non entente sur certains principes». Le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, propose, lui aussi, de revoir la Loi fondamentale. Pour lui, «le processus de réforme en cours, une fois parvenu à son terme, en fera une réalité lui donnera pleinement son sens, la consolidera par une plus grande harmonie institutionnelle, une cohérence accrue de l’action publique et l’édiction de nouvelles priorités bien ordonnées, rompant avec les pratiques qui se sont avérées inopérantes». Son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, a clairement parlé de «l’amendement de la Loi fondamentale et la mise en œuvre, sur le terrain, de la démocratie participative». «L’officialisation de Tamazight» s’avère être le fer de lance de la candidate Louisa Hanoune, pour une révision constitutionnelle qu’elle ne dit pas expressément. La secrétaire générale du PT, qui part comme dans «une guerre» dans cette campagne électorale, laisse néanmoins sous-entendre une profonde révision de la loi fondamentale, puisqu’elle a axé son thème générique sur «la deuxième République». Les autres candidats, bien qu’ils soient plutôt pris dans l’engrenage des maux sociaux et de la «crise sociale» qui frappent la société algérienne, n’évoquent pas plus que le candidat du Front El-Mostakbal, au sujet de la révision de la Constitution.

Le modèle économique qui divise

La règle des 51/49 s’avère être le point qui culmine dans la divergence des programmes économiques des candidats. Alors qu’Abdelaziz Belaid et Ali Benflis promettent d’offrir plus aux entreprises étrangères voulant investir en Algérie dans un cadre de partenariat avec les investisseurs locaux, les deux candidats (issus pourtant de la maison FLN) qui deviennent à l’occasion plus libéraux, rien que dans l’espoir d’attirer le soutien de quelques Capitales européennes en difficultés économiques, se heurtent farouchement à «la guerrière» Louisa Hanoune, qui n’a pas hésité à les descendre en flammes lors de ses deux premières sorties. La Trotskiste a d’abord répliqué contre l’ancien chef du gouvernement qu’elle accuse de «vouloir faire de nos travailleurs des esclaves pour les entreprises étrangères», et au deuxième de tenter de «faire de l’Algérie une zone franche» pour les occidentaux. Hanoune se maintient dans son orbite socialiste. «Je m’engagerais à amender la Constitution qui consacrera la consolidation des acquis socioéconomiques», en d’autres termes, Hanoune s’inscrit en plein dans le mile du plan économique de Bouteflika. Celui-ci, en s’axant sur la «réindustrialisation» et l’attraction de l’investissement national et étranger, espère tirer la croissance économique vers le haut. Il compte ramener cette croissance à 7%. Quid des autres candidats. Moussa Touati préfère, pour cette entame de la campagne, rappeler aux Algériens « la dure réalité de la cherté de la vie et de la baisse du pouvoir d’achat». Très vague et trop généraliste dans ses propos sur les volets social et économique, Touati se laisse inspirer du modèle socialiste type, où la rente de l’Etat doit profiter à tous les pans de la société. Idem pour Ali Fawzi Rebaïne qui se limite, à présent, à énoncer les grandes lignes devant faire œuvre « pour une meilleure couverture sanitaire et redonner à l’éducation ses lettres de noblesse», et ceci, pour le président de AHD 54, passe par «la réécriture de la Constitution».

M.A.T

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