« Je l’ai étranglé avec mes deux mains, puis je lui ai cogné la tête contre le sol ». Ce ne sont pas des déclarations d’un criminel notoire, mais les aveux d’une mère célibataire, âgée de 18 ans, qui a mis fin à la vie de son nouveau-né pour cacher sa honte. L’accusée H. Nadjet qui a comparu hier devant le tribunal criminel répondait au jury d’un air placide, en relatant avec des gestes, les faits qui se sont déroulés, la nuit du 21 mai 2005 à Makouda. Le président de la séance questionne sur les raisons qui l’ont poussée à commettre un tel acte. La réponse était tout bonnement que c’était pour dissimuler l’acte de viol. « Avez-vous des remords de conscience ? », l’interroge de nouveau le juge. « Non ! », réplique t-elle sèchement. Pour tenter de la convaincre de la gravité de son acte, le magistrat a montré des photos de l’enfant au crâne fracassé. Des photos qui ont suscité l’émotion dans la salle. Le juge n’a trouvé à dire que de réciter quelques versets du Coran qui châtient ce genre d’actes. Malgré l’insistance du jury, l’auteur a maintenu la version, selon laquelle elle a pu accoucher toute seule de son enfant, puis elle l’a assassiné. En entendant les cris, sa sœur qui était dans l’autre pièce a couru pour l’aider à couper le cordon ombilical et l’emmener à l’hôpital. “Ma sœur a trouvé l’enfant mort, c’est pour cela qu’elle a déclaré devant le juge d’instruction que c’est un enfant mort-né”, dira t-elle. Selon sa thèse, personne n’était au courant de sa grossesse. Même le père de l’enfant n’a été informé que la veille du crime, c’est-à-dire le 20 mai. Ce dernier a nié toute relation avec l’accusée. Le procureur général, qui a requis dix ans de réclusion criminelle, ne s’est pas attardé dans son réquisitoire. Il a juste soutenu que les faits avoués s’accordent avec l’enquête menée par le parquet. La défense a axé son intervention sur les conditions de vie de sa cliente. “A l’âge de dix ans, elle a quitté son domicile familial pour vivre avec sa sœur divorcée”. Pour l’avocat de la défense, l’accusée est une victime de la société « qui n’a pas connu l’amour paternel”. La preuve pour la défense et qu’elle a caché son acte jusqu’au jour fatidique, “ce qui révèle”, soutient-il “un manque de communication dans la famille ». L’auteur, selon l’avocat, présente un déficit d’instruction et une vive spontanéité, ce qui explique sa décision hâtive de tuer son bébé.Au terme des délibérations, le tribunal criminel l’a condamnée à trois ans de prison ferme. Elle a bénéficié de larges circonstances atténuantes. A signaler que sa sœur H. Louisa, âgée de 39 ans, accusée de complicité dans cette affaire, n’était pas présente à l’audience.
M. Aït Frawsen