Benyounès et Ghoul triomphent à Tizi-Ouzou

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Il y a eu autant de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur de la salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, à l’occasion du meeting électoral d’Amara Benyounès et Amar Ghoul. 

Les membres du directoire de campagne de Bouteflika étaient contraints de faire attendre les plus jeunes dehors, pour y placer d’abord les plus âgés. Mais ces derniers, qui se sont déplacés en nombre inattendu, avaient déjà rempli la salle. Elle était bondée à tel enseigne que les représentants des médias étaient obligés de se bousculer sur un périmètre réduit et négocier pour pouvoir couvrir l’événement. Par moments, les bousculades faisaient craindre des débordements. Les organisateurs s’avouaient dépassés par autant de personnes qui tenaient à se frayer une place pour assister au premier meeting de campagne au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika dans la ville de Tizi-Ouzou.  10h, le meeting des secrétaires généraux des partis MPA et TAJ devait commencer une heure plus tard. L’intérieur de la salle était déjà bondé de monde depuis quelques dizaines de minutes. Les organisateurs s’affairaient alors à ramener d’autres chaises, pour permettre notamment aux personnes âgées d’assister au meeting à l’aise. Ça n’a pas suffi, non plus, pour satisfaire tout le monde. Dans les travées de la grande salle, un espace également occupé l’on s’appuyait sur le dos de son voisin car, au fil des minutes, les espaces se rétrécissaient d’avantage. On se donnait, dés lors, la consigne de fermer les portes et de laisser les malheureux retardataires dehors. « Il n’ y a plus où rajouter, ne serait-ce qu’une seule personne, veuillez expliquer à ceux qui attendent dehors qu’il est impossible de les faire entrer, pas un centimètre d’espace de libre ici.. », avait annoncé tel un ordre, un organisateur à ses camarades qui tenaient les portes d’entrée. D’aucuns appréhendaient justement cette affluence. Mais, par mesures de sécurité les membres du directoire de campagne n’avaient pas d’autre alternative que de maintenir le meeting de Benyounès et Ghoul dans cette salle de 840 places. Elle en a finalement contenu plus d’un millier. Un pari réussi. Hier, rien ne dénotait de la moindre prétention à parier sur la réussite de l’événement, tant les organisateurs affirmaient qu’ils s’attendaient à cela. La sympathie envers le secrétaire général du MPA, qui va en croissance, mais aussi l’adhésion de différents pans et sensibilités politiques à la candidature du Président sortant, aura déjà donné des idées aux organisateurs, quand au réel débordement du nombre de sympathisants qui allaient affluer vers le meeting d’hier.

«Pactiser avec le diable, rien que pour s’opposer »

10h40. L’annonce de l’arrivée des deux hommes qui animeront le meeting a surchauffé les galeries. La sonorisation qui diffusait de la musique a cessé. La salle scandait, à ce moment, les slogans de campagne au profit du Président-candidat. L’on clamait, aussi, à tue-tête, le chef du MPA. Il y avait bien une quasi-dominance des militants et sympathisants de ce parti qui venaient, à juste titre, grossir les rangs. La mobilisation des organisations de la société civile, à la faveur de ce meeting a été également, un facteur de réussite de l’événement. Ceux qui sont restés se sont finalement résignés à patienter jusqu’à la fin du meeting.

Dans les coulisses où étaient logés momentanément Benyounès et Ghoul, l’ambiance était comme celle que l’on vit dans les moments de retrouvailles. Sauf que le temps était compté pour les deux hommes, invités à monter sur scène à peine reposés du voyage. Ils y seront escortés par les organisateurs qui étaient contraints de jouer des coudes pour se frayer un chemin vers la scène. Avant de céder la parole aux deux responsables, le directeur de campagne du candidat Bouteflika à Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi a prononcé une brève allocution à travers laquelle il a notamment affirmé la volonté énergique du directoire de campagne de Tizi-Ouzou à oeuvrer pour la réussite de cette élection, loin de la violence et des attaques inutiles. Très attendu par l’assistance, Amara Benyounes a entamé son discours par un hommage à l’un de ses amis qui n’est plus de ce monde.  « Cette auguste salle me donne des frissons&hellip,; elle me fait revivre mes meilleurs moments. A chaque fois que j’y accède, je ne peux ne pas me rappeler de mon ami, ce très cher ami avec lequel j’ai milité pendant 20 ans. Vingt ans d’une vie commune que j’ai passée avec Mustapha Bacha que Dieu ait son âme. Mustapha, qui est aujourd’hui présent à nos côtés grâce à ses frères qui m’honorent par leur présence ici même», a déclaré Amara Benyounès, avec une voix qui dégageait beaucoup d’émotion.  Quelques centimètres séparaient, en effet, la scène et les rangées où s’étaient installés les membres des familles de Ramdane Abane, de Mohand Oulhadj, de Mustapha Bacha et de tant d’autres parmi la famille révolutionnaire. Il y avait, pêle-mêle, des enfants de Chahid, des anciens Moudjahidine, bien installés dans la salle au milieu de ce millier de personnes venus, comme eux, soutenir l’enfant des montagnes de la Kabylie dans son parcours de soutien à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Dans la salle, pleine à craquer, aucune voie discordante n’a été élevée. Tous les indices affichaient ostentatoirement l’adhésion des présents à ce qui se disait, à ce qui se faisait par Amara Benyounès et Amar Ghoul, « cet enfant de Ouarsenis » qui n’a de cesse de réclamer, lui aussi, son amazighité. « Nous sommes fiers et nous le resterons, de cette région pleine de symboles », dira le SG du TAJ, qui poursuivit : « Nous sommes des amazighs et nous en sommes fiers aussi ».

«Nig wevrid, daw wevrid, leqraris davrid»

Le premier à prononcer son discours fut Amar Ghoul. Dans un verbe prononcé direct et « francisé », le secrétaire général du TAJ a rappelé la nécessité de « consolider la force et la solidarité qu’il y a au sein du peuple algérien, afin de préserver la paix et la stabilité du pays». Ghoul n’a pas tari d’éloges « le brassage des cultures et des identités qui font de nous un peuple uni  ».  Rappelant que la constitutionnalisation de Tamazight a été l’une des « décisions courageuses qu’aucun autre président n’est en mesure de prendre », Ghoul a laissé entendre que Tamazight aura une autre dimension dans la loi fondamentale, lors de sa prochaine révision. Comme il a affirmé dans un discours aux allures d’une certitude, que la wilaya de Tizi-Ouzou « aura bel et bien un programme de rattrapage dans les infrastructures de base ». « Nous allons consolider nos efforts pour rattraper les retards de développement de cette région et d’autres régions du pays », a-t-il assuré. Benyounès, plus porté sur le ton politique, n’a pas cherché ses mots pour lancer des torpilles à l’encontre des « boycotteurs », réunis à la salle Harcha, alors que « rien ne devait les rassembler ! ». Et d’enchainer, sous une salve d’applaudissements, synonyme d’acquiescement annoncé que « rien que pour s’opposer à Bouteflika, ils sont réellement prêts à pactiser avec le diable ». Bien que « rien n’étonne de leur part », explique-t-il, avant de rappeler que « notre printemps à nous, date de 30 ans. Un printemps qui a fleuri de liberté de démocratie, grâce aux militants, justes et sincères, qu’on a essayé malheureusement, de salir ».  Au sujet de la santé de Bouteflika, Amara Benyounès a tenu à rassurer en confiant l’avoir rencontré jeudi 20 mars, en compagnie du vice-Premier ministre portugais, venu en visite de travail dans un cadre d’échanges économiques. « Je vous assure que nous avons rencontré un Bouteflika en pleine santé et qu’il suit, comme à ses anciennes habitudes, les affaires du pays ». Et d’enchainer : « Pensez-vous qu’il s’amusera à recevoir des personnalités du monde entier s’il était inapte à le faire ?! ». Amara Benyounès, plus offensif encore, ira jusqu’à lancer des défis à ceux qui « cherchent le changement par la rue ». « Ceux qui appellent à sortir dans la rue doivent se rendre compte qu’ils ne sont pas du tout sur le droit chemin, et si par malheur, il y persistent, ils nous trouveront devant eux, rien que pour les remettre sur les rails, car l’Algérie n’est plus prête à pleurer ses enfants, à les enterrer. Il n’est plus permis à personne de mener le pays vers l’impasse ». Et de reprendre en kabyle «  nig wevrid, daw wevrid, leqraris davrid », ironisa t-il.                          

M.A.T. 

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