«Laissons le peuple décider»

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«Nous sommes les porte-paroledu candidat Bouteflika. Et notre message est de dire que nous ne voulons pas repartir dans la spirale de la violence.

Que tout le monde s’exprime, mais par l’urne. Concernant notre candidat, le peuple algérien va le voir et va l’entendre dans les tous prochains jours. Je ne sais pas encore quelle forme il choisira, mais il s’exprimera», a déclaré avant-hier, M. Amara Benyounès, sur le plateau de TV5 Monde. C’était juste avant d’aller animer son meeting prévu à Paris. «Il va bien. Sa santé s’améliore régulièrement (…) Il vient tout juste, comme vous le savez, de recevoir John Kerry et l’émir du Qatar. C’est quelqu’un dont le fonctionnement mental est très bien. Il a un problème de rééducation fonctionnelle, il est en train de poursuivre les soins et ça s’améliore de jour en jour, mais sa tête fonctionne très bien», a assuré encore M. Amara Benyounès, membre du directoire de campagne du candidat Bouteflika. C’était lors de l’émission Internationales, présentée par Philippe Dessaint, auquel se sont jointes Sophie Malibeaux de RFI et Isabelle Mandraud du journal Le Monde. Abordant les cas de chahut enregistrés lors des meetings du camp de l’actuel Président, M. Benyounès saisira l’opportunité pour dire tout son étonnement du fait que « certains médias justifient ces actes de violence antidémocratiques (…) Mais si ces gens-là sont réellement représentatifs de la société algérienne, pourquoi alors ne laissent-ils pas le peuple s’exprimer librement ? Pourquoi ont-ils peur de son vote ? (…) Si ces violences s’étaient produites ici en France, l’ensemble de la classe politique et des médias auraient dénoncé ça, mais quand ça se produit en Algérie et contre le candidat Bouteflika, non seulement on tente de justifier cette violence, mais pire encore, on l’encourage». Le mouvement Barakat ? Benyounès consent que «c’est là un mouvement qui est contre le quatrième mandat, et sur le principe, c’est son droit le plus absolu de l’être, mais l’expression de ce rejet doit se faire par les urnes et non pas par la rue. Nous avons tous vu ce que la rue a donné dans les années 1990. Et nous avons vu ce qu’elle a donné en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie…», a-t-il encore rappelé. Interpellé sur certaines déclarations qui tentent de jeter le discrédit, avant l’heure, sur le scrutin, le représentant de Bouteflika répliquera que «face à Bouteflika, il y a cinq autres candidats qui connaissent parfaitement le système politique algérien. Ils sont dans la politique depuis au moins trente ans pour les uns, et les autres, s’ils se sont engagés, j’imagine qu’ils font confiance à ce processus électoral. Alors qu’on laisse le peuple voter et exprimer sa volonté». Au sujet «des restrictions démocratiques», évoquées par la journaliste du Monde, et qui empêcheraient le camp des frondeurs de manifester librement, l’invité balayera tout d’un revers de main, avec faits à l’appui : «Mais ils s’expriment. Pas plus loin que la semaine dernière, ceux qu’on appelle le front du boycott ont bien eu une salle et ils ont tenu leur meeting. Le mouvement Barakat s’exprime, lui, depuis maintenant presque deux mois. Ils font leurs manifestations à Alger, même s’ils sont encadrés par la police, car on ne peut pas les laisser bloquer la capitale chaque samedi, combien même ils sont minoritaires».

Bouteflika s’exprimera dans les prochains jours

«D’ailleurs, ils ont adopté une stratégie plus médiatique que politique (…). Ils utilisent nos rassemblements, qui drainent les grandes foules, pour nous chahuter et s’exprimer (…) Lors de leurs manifestations, ils n’ont jamais pu rassembler plus de trente personnes». Sauf que sur la toile, le mouvement semble prendre de grandes proportions. Mais c’est là un détail qui ne semble pas du tout inquiéter le camp du Président candidat. «certes, ça se joue sur les réseaux sociaux, mais la réalité c’est le terrain. Ce n’est ni facebook, ni les réseaux sociaux qui vont voter, c’est le peuple algérien qui va le faire», rappellera M. Benyounès. Et puis ce rappel sec à l’ordre du ministre envers la journaliste de RFI, qui croyait le mettre dans l’embarras en se faisant le relais de ces voix qui laissent entendre que c’est Saïd Bouteflika qui gérerait tout à la place de son frère, le Président. «C’est incroyable cette histoire de frère du Président. Madame, vous n’avez pas à en faire une république bananière. Savez-vous que nous sommes en train de parler de l’Algérie, qui est un grand pays, qui a des institutions, démocratiquement élues, stables, sérieuses, solides. Ce n’est pas le frère du Président qui va gérer l’Algérie ! C’est le Président qui gère et qui dirige le pays». «Vous pensez que si le secrétaire d’Etat américain l’avait trouvé à bout de force, il ne l’aurait pas dit ?», enchaînera encore M. Benyounès, qui précisera par ailleurs que la visite de ce dernier ne vaut que par l’importance des sujets qui étaient au menu. Car au-delà «nous ne cherchons pas à être cautionnés par qui que ce soit. La seule caution que nous cherchons c’est celle du peuple algérien. Nous voulons que la population sorte, le 17 avril prochain, pour voter massivement et de préférence pour nous, pour le candidat pour lequel nous faisons campagne». S’étalant, plus loin, sur ce quatrième mandat auquel Bouteflika postule, Benyounès dira que «ce sera essentiellement un mandat économique, durant lequel nous essayerons d’avoir une croissance économique forte pour régler le problème du chômage. Pour y parvenir, nous avons deux grands défis à relever : le premier c’est de passer de cette économie socialiste bureaucratique à une véritable économie sociale de marché et le deuxième, ce sera de nous soustraire à la dépendance des exportations énergétiques, en redynamisant le secteur public, en encourageant le privé et les investissements étrangers», a-t-il expliqué. Et ce sera là une transition idéale pour évoquer les relations entre les deux pays, à savoir l’Algérie et la France, en fin d’émission. «Nos relations avec Paris sont excellentes sur le plan politique. Maintenant, sur le plan des échanges économiques, nous sommes justement, en ce qui me concerne, avec mon ami Arnaud Montebourg, en train de travailler dans le sens à donner une nouvelle dynamique à notre partenariat. Les deux Etats sont, en effet, là pour faciliter les démarches, mais en dernier ressort, il ne faut pas perdre de vue que ce sont les opérateurs qui décident. Mais ce qui est certain, c’est que nous avons la volonté de mettre en place un partenariat vraiment d’exception entre les deux pays».

Compte-rendu de D. C.

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