Quand Touati justifie la violence

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Moussa Touati, candidat du Front national algérien à l’élection présidentielle du 17 avril, a plaidé hier, à partir de Béjaïa, où il a animé un meeting populaire au TRB, pour l’instauration d’un Etat de droit. 

«Nous au FNA, nous voulons instaurer un Etat de droit, un Etat où tous les Algériens seront égaux en droits et en devoirs », a-t-il d’emblée lancé à l’adresse de ses partisans, estimant que les responsables qui se sont succédé à la tête du pays depuis 1962 à ce jour ont marginalisé le peuple. « Le peuple n’a jamais été associé dans la prise de décision. Il est marginalisé et interdit de parole », a-t-il martelé en promettant de rendre aux citoyens algériens leur dignité s’il est élu président le 17 avril. « L’Algérie n’est pas stérile, elle a enfanté des hommes pouvant protéger et faire prospérer leur pays », a-t-il insisté accusant les tenants du pouvoir d’avoir dépouillé le peuple de ses richesses et subtilisé 20% des revenus du pétrole. « Les revenus du pétrole servent à alimenter leurs comptes bancaires à l’étranger. Ils ont volé 216 milliards et maintenant ils veulent décréter l’amnistie générale pour que Khalifa et Chakib ne soient pas jugés », a-t-il martelé en appelant au respect du choix du peuple lors du scrutin présidentiel. Evoquant Tamazight, le candidat frontiste a estimé que la promotion de cette langue passera par la mise en place d’une académie qui aura  pour mission « de réunir tous les dialectes ». Il dénoncera au passage son instrumentalisation à des fins politiciennes. Au sujet des derniers événements qui ont eu lieu à Béjaïa, Moussa Touati indiquera : « Je suis dans une région qui a libéré le pays du joug colonial. Je suis dans une région de tolérance et ceux qui ont manifesté samedi dernier, voulaient tout simplement exprimer leur opposition à un quatrième mandat de Bouteflika ». Une manière de justifier la violence qui a suivi l’empêchement du meeting que devait animer Sellal, samedi dernier dans la wilaya. 

Il menace de sortir dans la rue 

Après son meeting, hier dans la matinée à Béjaïa, le leader du FNA, Moussa Touati, a animé en fin d’après-midi devant ses militants de Boumerdès, une autre rencontre de campagne électorale pour la prochaine présidentielle.  « Doit-on accepter, comme une fatalité que ces élections servent encore une fois le candidat du système ? », s’est-il interrogé en s’adressant à une assistance peu nombreuse, qui l’attendait, depuis 14h, à la salle Said Sennani du chef-lieu de wilaya. Il y a une nette différence, dit-il, « entre les moyens mis à notre disposition et ceux actuellement utilisés par les partisans du candidat sortant lors de cette campagne électorale ». « Il faut se mobiliser contre toute éventuelle fraude, lors du prochain scrutin présidentiel », a-t-il insinué en proclamant que « le peuple est au service de la patrie et non du système en place ». Comme à Médéa, Bouira et d’autres régions du pays, il plaidera pour « le changement du  système, qui n’a fait que pérenniser la politique coloniale depuis l’indépendance ». L’orateur, qui semble incapable d’analyser la chose politique, puisqu’il fait sciemment abstraction des importantes réalisations successives depuis 1962 dans tous les domaines, exprime sa crainte que le peuple algérien soit réduit à l’esclavagisme, en cas de quatrième mandat pour Bouteflika. Il accusera, dans cet ordre d’idées, l’administration, de favoriser le candidat président; en arguant du fait qu’elle va autoriser un meeting pro Bouteflika, samedi prochain, dans une salle de Blida, initialement réservée pour son parti. Et haussant le ton, il dira : « Nous y maintiendrons notre activité coûte que coûte, et s’il le faut, nous enclencherons la rupture avec ce système, ce jour-là à partir de Blida ». Plus grave encore, le candidat menace «  de sortir dans la rue », précisant que «  tout se décidera le 12 avril prochain », date retenue, selon lui pour une réunion de son staff.  Le chef de file du FNA a fustigé aussi la gestion locale, ayant construit des villes et des usines en saccageant des terres fertiles, ce qui a accentué la dépendance alimentaire envers l’étranger de la population. « Qu’est-ce qui nous empêche de construire au piémont de Bouzegza ? », s’est-il interrogé en rappelant les récoltes agricoles satisfaisantes de la Mitidja, jusqu’au  début des années 70. Moussa Touati avait, pourtant, lors du même discours, dressé un tableau noir concernant la situation du pays depuis une cinquantaine d’années.

  F.A.B./ Salim Haddou

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