La marche, devant se tenir, hier, à Tizi-Ouzou, à laquelle ont appelé les anciens détenus d’avril 1980 et des universitaires, a été empêchée par la police. Des centaines de personnes se sont rassemblées, dès 8h de la matinée d’hier, devant le portail du campus universitaire Hasnaoua. La marche, à l’appel des fondateurs du MCB, devait s’ébranler à 11h pour rallier son point de chute devant le musée de la ville. Mais l’impressionnant dispositif anti-émeute de la police nationale a rendu l’action impossible. Quelques minutes avant l’heure du départ de la marche, les premiers troubles apparaissent, à la faveur d’une tentative de forcing, qu’ont voulu opérer quelques participants à cette manifestation, contre le cordon de sécurité composé de dizaines de CRS. L’échange de coups de pierres et d’objets hétéroclites entre les deux camps a fait quelques blessés. Dans le cœur de la foule, où sont installés les initiateurs de la marche, parmi lesquels figurent les anciens détenus d’avril 1980, des voix se sont élevées pour rétablir le calme et faire cesser les hostilités. Peine perdue, puisqu’ils étaient plusieurs dizaines d’individus, en contrebas de la chaussée, qui jouaient déjà aux trouble-fêtes. La police riposte, et se replie par moment. Les rangs des manifestants grossissaient davantage. Ils étaient dominés par les militants et sympathisants du MAK. Le dispositif sécuritaire reste imperturbable. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un groupe d’une trentaine de marcheurs, conduits par Belaïd Abrika, pour que la situation se libère pendant quelques minutes. En effet, ce groupe constitué d’anciens délégués du Mouvement citoyen, qui venait de déposer une gerbe de fleurs sur le mémorial des victimes du Printemps noir, au centre-ville de Tizi-Ouzou, s’est ensuite dirigé vers le campus de Hasnaoua pour rejoindre l’action des anciens détenus d’avril 1980. Mais la situation a failli dégénérer lorsque des militants du MAK s’en sont pris à Abrika, aux cris d’«Abrika barra» («Abrika dehors !»). Sérieusement malmené ayant frôlé l’agression, l’ancien délégué du Mouvement citoyen quitte la marche. Les anciens détenus d’avril 1980 et les universitaires, initiateurs de l’action, se retirent. Les manifestants tentent une avancée vers le centre ville. Ils sont stoppés près du stade du 1er novembre par des centaines de policiers. Ces derniers, affichaient une certaine fermeté face aux manifestants. C’est à ce moment-là qu’un groupe de jeunes, surgis de nulle part, arrose les policiers d’une avalanche de pierres. Un élément de la brigade anti-émeute a été grièvement touché à la tête par une grosse pierre, le projectile l’a assommé avant de s’affaisser par terre. Il a été évacué inconscient, vers le CHU. Ses collègues ont dès lors usé de quelques tires de bombes lacrymogènes en direction des agresseurs. Les groupes disparates, qui n’ont pas cessé de jouer aux trouble-fêtes durant cette action commémorative qui se voulait «pacifique» par ces initiateurs, ont fini par se replier devant le campus universitaire de Hasnaoua où les heurts se sont poursuivis jusqu’à 16 h où une trentaine d’autres manifestants furent arrêtés.
M.A.T