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Les spécialistes en débattent

A l‘occasion de la journée nationale des personnes âgées, coïncidant avec le 27 avril de chaque année, la Faculté des sciences humaines et sociales, de l’Université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, a organisé hier, une journée d’étude ayant pour thème « Le rôle de sensibilisation des services chargés des personnes âgées». 

A cet, effet de nombreux spécialistes et experts du domaine se sont exprimés sur le sujet. Tout d’abord, le Dr Chibane, spécialistes en sciences sociales, expliquera en préambule que la population mondiale des personnes âgées croît au rythme de 2% par an, soit beaucoup plus rapidement que la population dans son ensemble. Pendant les 25 ans qui viennent, elle devrait continuer d’augmenter à un rythme plus rapide que les autres groupes d’âge. Le taux d’accroissement annuel de la population âgée de 65 ans et plus atteindra 2,8 % entre 2005 et 2030. Une croissance aussi rapide exigera, dans la plupart des pays, des mesures économiques et sociales de grande portée. Par la suite, cet expert révélera, qu’en Algérie, le nombre de personnes dites âgées, c’est -à dire de plus de 65 ans, représente plus de 8% de la population, soit 3.2 millions de personnes.  « L’Algérie, à l’instar des autres pays du monde, va connaître un important vieillissement au cours des 40 prochaines années.  Les statistiques de 2013 montrent que la population de plus de 60 ans est estimée à 3.2 millions d’individus, soit 8.13 % de la population globale en Algérie. En 2050, l’âge médian en Algérie (âge qui divise la population en deux parties numériquement égales, l’une plus jeune, l’autre plus âgée, ndlr) sera proche de celui du Japon aujourd’hui qui est de 35 ans », a-t-il indiqué.  De son côté le Dr Boumadjen Saliha, se penchera sur la gériatrie en la définissant ainsi : « la gériatrie est une spécialité médicale qui s’intéresse aux maladies de la personne âgée ». Avant d’ajouter que : «  ce terme est comparable à celui de la gérontologie qui porte sur le vieillissement humain, ses conséquences et son implication au sens le plus large : sociologie, économie, psychologie… » Poursuivant son intervention, cette spécialiste mentionnera certains problèmes rencontrés par les personnes âgées, notamment en milieu institutionnel (foyer pour personnes âgées). « Les personnes  âgées sont souvent atteintes de plusieurs maladies concomitantes, leurs plaintes sont multiples, ce qui les conduit à de nombreuses consultations et en résulte une sur médication. Ainsi leur prise en charge  nécessite beaucoup de connaissances spécifiques. », dira Mme Boumadjen. Parmi ces «  indications », cette experte préconisera notamment de « parler lentement et distinctement, de se placer face à la personne âgée qui a pu apprendre à compenser son déficit en lisant sur les lèvres de son interlocuteur, ne pas grimacer pour articuler : dans ce cas, le sujet âgé qui a appris à lire sur les lèvres ne reconnaît plus l’expression du visage, calmer l’angoisse du sujet âgé et l’aider dans ses recherches… » 

« De nos jours, ce sont les femmes qui prennent un mari » 

Mais le moment fort de cette journée d’étude était sans conteste, et de l’avis de l’assistance, la représentation donnée par deux étudiantes  du département des sciences humaines. La scénette montre une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer et qui souffre de nombreux problèmes liés à l’âge.  Il faut préciser que cette reconstitution est tirée d’une situation réelle que les deux étudiantes  ont eu à vivre. «  Ma fille, je suis abandonnée par mes enfants. Mon fils s’est marié et m’a laissé toute seule. De nos jours, ce sont les femmes qui prennent un mari et non l’inverse. ». Cette dernière phrase a beaucoup ému l’assistance, car elle reflète parfaitement le cas de milliers de personnes âgées qui sont abandonnés par leurs enfants. Par la suite, l’étudiante, qui joue le rôle d’une assistante sociale, interrogera  la vieille dame sur ses conditions de vie. A cette question, la vieille dame rétorquera : « O ma famille, si tu savais… Je me sens si seule ! Je n’arrive plus à faire mes besoins, ni à me laver, encore moins à faire à manger. Heureusement que ma fille vient de temps à autre me rendre visite ». Interrogée à propos de son fils, le personnage de la vieille dame, formidablement interprété par l’étudiante en question, lancera : «  Il vient me rendre visite durant les fêtes de l’Aïd, sinon il m’envoie des SMS ! Vous savez, je ne le blâme pas, les conditions de vie sont difficiles et puis, il voulait vivre seul avec sa femme et ses enfants ».  Cette réponse a eu l’effet d’un « électrochoque » parmi l’assistance. Non seulement elle est criarde de vérité mais  elle a également provoqué l’espace d’un instant, une prise de conscience collective sur un phénomène aussi abject qu’ignoble qui celui de l’abandon des parents. D’ailleurs, certains étudiants ont eu les larmes aux yeux du fait de l’intensité de cette scène.  Par la suite, Mme Boumadjen abordera le sujet de la maladie et de ses symptômes. « La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative (perte progressive de neurones) incurable du tissu cérébral. Elle entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire. C’est la forme la plus fréquente de démence chez l’être humain », a-t-elle expliqué. Concernant les signes de cette maladie, l’oratrice mentionnera entre autres, des pertes de souvenirs (amnésie), se manifestant initialement par des distractions mineures, qui s’accentuent avec la progression de la maladie. L’atteinte neurologique s’étend par la suite aux cortex associatifs frontaux et temporo-pariétaux, la perte de la mémoire à long terme. La destruction des neurones se poursuit jusqu’à la perte des fonctions autonomes. «  Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose essentiellement sur l’interrogatoire, des tests neuropsychologiques et sur la mise en évidence d’une atrophie corticale qui touche d’abord le lobe temporal interne et notamment l’hippocampe », soulignera cette spécialiste.  

Ramdane B.

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