Les journalistes et correspondants de la wilaya de Bejaia ont célébré, hier, la journée mondiale de la liberté de la presse en se réappropriant fièrement la Place Saïd Mekbel.
Ainsi les représentants locaux de la presse ont pu, enfin, dépasser leurs puérils antagonismes pour s’entendre sur l’essentiel, à savoir protéger la mémoire de feu Mekbel, assassiné le 3 décembre 1994 par des obscurantistes islamistes. Inaugurée dans la précipitation le 16 avril dernier par le chef de l’exécutif de wilaya, la place de la liberté de la presse Saïd Mekbel a été rebaptisée, hier, par les journalistes locaux. Une inauguration solennelle et un moment de recueillement auxquels ont assisté en sus des représentants locaux de la presse, des membres de la famille du défunt, des leaders du mouvement associatif, des représentants de quelques partis politiques et une foule d’anonymes. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire du feu Saïd Mekbel, deux journalistes ont déposé une gerbe de fleurs au pied du mémorial de l’ancien billettiste du quotidien Le Matin, avant d’improviser des prises de parole. « Nous sommes tous là (…) pour honorer la mémoire de Saïd Mekbel, que la bêtise humaine a assassiné il y a 20 ans. Nous rendons hommage à «l’Ogre», à «El Ghoul», à «Mesmar j’ha» pour combattre l’oubli et dire le journaliste talentueux et engagé qu’il était. L’obscurantisme islamiste qui l’a raté en mars 1994, l’a assassiné neuf mois plus tard, le 3 décembre pour faire taire sa plume, sa clairvoyance et son engagement. En l’assassinant, ils l’ont rendu immortel. La mémoire de Saïd Mekbel habite désormais ce lieu. Nous sommes sur la place de la liberté de la presse Saïd Mekbel. Cette place qui, il y a tout juste quelques mois, était un espace sans vie, revêt désormais une grande symbolique. Il a fallu que des journalistes proposent ce projet que vous voyez aujourd’hui réalisé pour que cette place ait une destination et une âme. Il faudra peut-être rappeler que la proposition du groupe de journalistes a eu l’aval des autorités, le 3 mai 2011, avec l’appui de l’APW qui a dégagé le financement qu’il fallait. En gardant le projet dans ses tiroirs, il faut dire aussi que l’APC a failli le tuer dans l’œuf. Mais, la place est heureusement là. », écrivent les journalistes de Bejaia dans une déclaration publiée la veille de l’inauguration de la place. Dans le même document il est souligné qu’ « au nom de tous les journalistes de Béjaïa, qui se reconnaissent dans le combat, juste pour la liberté de la presse et la noble mission d’informer, nous dénonçons la manœuvre des autorités. Et parce que Saïd Mekbel a été assassiné pour avoir usé de sa liberté nous, journalistes de Béjaïa, considérons que la place Saïd Mekbel est inaugurée aujourd’hui, 3 mai 2014, journée internationale de la liberté de la presse, comme proclamée par l’assemblée générale des Nations Unies. En réparant cet impair, nous avons désormais la conscience tranquille. Que cette place serve d’espace de liberté pour toute expression, que des artistes viennent y exposer leurs créations, que des poètes viennent déclamer leurs vers, que chacun vienne dire sa libre parole. Cet espace est le nôtre. Préservons-le. » Il importe de signaler que deux conférences ont été animées, dans l’après-midi d’hier, par le politologue Mohamed Chafik Mesbah et le professeur MOSTEFAOUI Belkacem. Les deux conférenciers ont été respectivement invités par l’association des journalistes et correspondants de Bejaia et le bureau local de la LADDH.
Dalil S.