L’EME, entreprise spécialisée dans l’organisation de manifestations culturelles, économiques et scientifiques, en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou et l’APC de Larbâa Nath Irathen, a organisé samedi dernier, au niveau de la bibliothèque communale, une journée dédiée au patrimoine de la ville de Larbâa Nath Irathen, intitulée «De Fort National à Larbâa Nath Irathen».
Cet événement a été rechaussé par la présence des autorités locales et de plusieurs artistes tels Karim Abranis, Belaïd Tagrawla et Rabah Ouferhat, pour ne citer que ceux-là. Dès le début de la matinée, il y avait déjà une grande foule qui attendait l’ouverture de la bibliothèque, impatients de découvrir l’exposition qui fera découvrir aux visiteurs l’ancienne architecture de la ville, notamment à l’époque coloniale, et qui leur donnera un aperçu sur le mode de vie de leurs aïeuls. « L’idée d’organiser une journée dédiée au patrimoine de la localité est née suite à de nombreuses rencontres, à l’instar des cafés littéraires, que nous avons organisées depuis le mois de novembre dernier », nous dira M. Malek, gérant de l’entreprise organisatrice. Et d’ajouter : « Notre objectif, est de contribuer au dynamisme de la région, par la promotion de la culture et du patrimoine locaux. La concrétisation de ce projet s’est faite grâce aux travaux de Lynda Ouar, architecte originaire de la localité ». Ainsi donc, les organisateurs ont concocté un programme riche, dans lequel les moindres détails ont été pris en considération, en parallèle à une exposition de cartes postales anciennes de la ville. La matinée a été réservée à une visite guidée du centre historique de Larbaâ Nath Irathen. L’après-midi a été consacré par les organisateurs à une conférence-débat, ayant pour intitulé « De Fort National à Larbâa Nath Irathen », animée par Lynda Ouar, qui a, lors de son mémoire de fin d’études, fait des recherches sur l’histoire de la ville et sur son architecture. Elle nous dira, au cours d’un bref entretien : « je suis toujours restée attachée à cette ville. J’ai appris beaucoup de choses sur la ville, grâce notamment à mon père, qui n’est autre que Dalil Omar, le chanteur Kabyle. A propos de cette journée, tout a commencé lorsque j’ai entamé mes recherches sur l’histoire de la ville, en 2001, dans le cadre de mes études à l’école d’architecture de Paris Belleville, avec un mémoire intitulé L’implantation de la colonie française en Algérie, cas de Fort Napoléon. Larbâa Nath Irathen, de la ville fortifiée à l’agglomération urbaine . Voyant que beaucoup de monde s’est intéressé à mes travaux, surtout à Larbâa Nath Irathen, j’ai pu continuer mes travaux grâce au soutien de ces citoyens ». Notre interlocutrice ajoutera que son objectif est « d’une part, reconstituer la mémoire matérielle de la ville avec des plans d’archives, des textes, des photos…etc. Et d’autre part, échanger avec les habitants de Larbâa Nath Irathen, car chacun porte en lui une partie de la mémoire de la ville ». Elle terminera en disant : « Mon travail vise aussi à sensibiliser les autorités locales et les citoyens quant à la sauvegarde d’un patrimoine qui est aujourd’hui en péril. Voir tout ce beau monde s’intéresser à mes travaux, m’encourage à aller de l’avant ». Lors de la visite guidée, à laquelle plusieurs personnes ont assisté on a pu apprécier, en compagnie des anciens, qui gardent encore en mémoire l’ancienne ville et les vieux monuments détruits. Karim Abranis, présent lors de cette rencontre, nous dira : « C’est un honneur pour moi d’avoir été invité à cette rencontre. Je dirai que Larbâa évoque, pour moi, de très beaux souvenirs, restés gravés dans ma mémoire. Elle est la région natale d’Abane Ramdane, architecte de la Révolution algérienne. Nous avons participé à de nombreux galas, notamment ceux organisés à l’occasion de la fête des cerises. Le gala de 1981, au cinéma l’Afrique, m’a particulièrement marqué je me rappelle que 11 militaires avaient déserté leur caserne rien que pour nous voir sur scène. Les pauvres ont été arrêtés, le lendemain, nous avions voulu savoir, auprès de leurs supérieurs, le sort qui leur était réservé et on nous avait assurés qu’ils avaient juste été rasés de la tête. C’est pour dire que Larbâa est chargée d’histoire et d’anecdotes ». Enfin, les citoyens présents à cet événement ont été unanimes à dire que l’organisation de ce genre de manifestations doit se répéter plus souvent.
Youcef Ziad

