Située à la limite sud-est de la wilaya de Bouira, à quelques 60 kms du chef-lieu, la commune de Mesdour paraît perdue dans ce qui reste des lambeaux de la forêt de Oued Okhriss et dans les monts de Afroun et Hellala qui la ceinturent sur les limites avec les wilayas de Bordj Bou Arréridj et M'Sila.
En effet les terres de ces deux wilayas, composant les communes de Herraza, Ben Daoud et Beni Imane, sont à un jet de pierre des dernières agglomérations et bourgades de la commune de Mesdour. Cette dernière, appartenant à la daïra de Bordj Okhriss et forte de ses 12 000 habitants et de sa superficie qui s’étend sur 145 km2, est élevée au rang de commune lors du découpage administratif de 1984. En tout cas, presque tous les aspects de la vie de ses habitants, ainsi que les infrastructures et les équipements, dénotent une transition difficile vers ce statut de commune, tant d’immenses retards marquent encore les volets de la vie quotidienne: les routes, les quartiers, les trottoirs, l’habitat, le raccordement au gaz de ville et l’adduction en eau potable. Le chemin de wilaya n°20, desservant la commune à partir de Sour El Ghozlane, et continuant sur Bendadoud et El M’hir, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, est le seul axe routier qui mérite ce nom, malgré quelques détériorations qu’il a subies au cours de ces dernières années. Le reste du réseau routier, notamment celui de Chouiriet, Ouled Anane, Lafregue, Lahouarèche,…etc., est marqué par de crevasses, de nids-de-poules et de glissements de terrain. Si l’eau potable est amenée depuis le barrage Tilesdite, dans la daïra de Bechloul, ce ne sont pas tous les foyers qui en sont alimentés. Les anciens puits et forages sont toujours là bien que cette année le manque de pluviométrie a conduit inévitablement au rabattement de la nappe. Les petits agriculteurs, qui ont pu planter des arbres fruitiers, sur fonds d’aide de l’État, trouvent mille difficultés à les entretenir. M’hamed nous apprend que pour sauver ses jeunes oliviers, plantés dans le cadre du projet d’emploi rural en 2008, il lui a fallu acheter, régulièrement, des citernes d’eau, et ce, à partir du mois de mai. Certes, le résultat est excellent, presque inattendu dans une région qui ne connaissait auparavant que les céréales, mais le prix à payer, jusqu’à 1000 dinars la citerne, est trop lourd à supporter pour un agriculteur qui ne récolte pas encore le fruit de ses efforts. Le village, qui est le chef-lieu communal, est en train de grossir à vue d’œil. Il a tardé à subir l’extension et la réhabilitation de son habitat et des autres infrastructures et équipements. L’absence des titres de propriété a constitué un véritable frein pour le développement du chef-lieu communal et des villages environnants au milieu des années 2000, c’est-à-dire au moment où le reste des communes de la wilaya de Bouira ont vu leur face se transformer de fond en comble. Mais, depuis trois ans, une certaine dynamique est constatée; elle est surtout due à la libération des assiettes à construire par la procédure de l’acte de possession. En effet, les services des domaines et de la conservation foncière reçoivent parfois des dizaines de fiches par mois, transmises par l’APC afin de s’assurer du caractère non litigieux des demandes d’actes de possession. Cette pièce est d’autant plus importante qu’une grande partie de la population de Mesdour possède des retraités pensionnés en euros qui tiennent à rénover leur maison ou à en construire carrément une nouvelle. Plus de 70 % de l’habitat du chef-lieu communal est frappé par une vétusté manifeste. Avec les nouvelles constructions qui sont érigées sur des points dispersés du village, un terrible contraste apparaît, fait de bariolage du vieux bâti et de nouvelles constructions. Mais, en toute apparence, aucun plan d’ensemble, devant assurer l’homogénéité et l’esthétique générale du tissu urbain, n’existe. Cependant, le fléau dont se plaignent la majorité des jeunes est assurément le manque d’emploi. Si certaines familles s’accrochent difficilement à une agriculture de subsistance et à un élevage problématique, en l’absence de tout ouvrage hydraulique d’envergure, le reste des jeunes sont livrés à eux-mêmes. Fonctionnaires à Bordj Okhriss, chef-lieu de daïra, ou à Sour El Ghozlane, distant de 42 kms, transporteurs par fourgons ou clandestins, les jeunes des Intacen (c’est le nom de la tribu du territoire de Mesdour) n’ont pas beaucoup de choix en matière d’emploi. Certains, ayant profité des années d’insécurité ont arraché plusieurs arbres de la forêt de Belkat, ancienne belle futaie composée de pin d’Alep, pour y pratiquer illicitement de l’agriculture. C’est un dossier qui est devenu litigieux et qui tarde à trouver son issue. Au carrefour de trois wilayas, Mesdour possède des potentialités indéniables, comme la proximité des routes (CW 20 et CW 24 qui est proposé au classement comme route nationale), l’étendue de son territoire (elle fait partie des 6 plus grandes communes de la wilaya) et le site agro-forestier dans lequel est positionnée à l’orée des Hauts-Plateaux. Ces potentialités sont malheureusement sous-exploitées et les actions de développement sont plus du saupoudrage qu’un plan cohérent et concerté.
N. M. Taous

