«J’espère que la population a ressenti l’amélioration»

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Ayant vécu les affres des hordes terroristes durant la décennie noire, la commune rurale de Tamridjt, située à une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, est dépourvue de presque tout. Ce qui expliquerait l’exode enregistré dans cette commune d’une dizaine de milliers d’habitants. Approché, Youcef Bellefou, le maire élu sur la liste MPA, nous fera part de ces insuffisances. Toutefois, il compte redonner de l’espoir à la population en développant la commune, notamment via le tourisme de montagne.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous parler des travaux réalisés depuis votre installation à la tête de l’APC ?

M. Bellefou : Il est vrai que beaucoup de choses restent à faire et les lenteurs administratives ne cessent de nous freiner, mais nous avons, à l’instar des autres communes, bénéficié de beaucoup de projets. Nous avons bénéficié récemment, de deux ouvertures de pistes agricoles en attendant d’autres pour désenclaver les différents quartiers.

Avez-vous fait des études pour des  projets depuis votre installation?

En 16 mois, nous avons pu élaborer 7 études et nous sommes convaincus que ce n’est que sur cette base qu’on peut bénéficier de projets sectoriels. Prioritairement, nous prévoyons le captage des eaux de sources qui se déversent dans les rivières, l’adduction, la rénovation et la réalisation d’éventuels forages pour renforcer le réseau AEP. D’ailleurs, si le projet aboutit, Tamridjt serait capable d’alimenter en eau potable certaines communes limitrophes.

 

Vous avez parlé tout à l’heure du problème des routes. Qu’en est-il de celle de Bouhaloumen qui n’est pas encore achevée ?

Effectivement, il reste un tronçon de près de deux cent mètres à ouvrir. La nature rocheuse de l’endroit nécessite une rallonge financière et une entreprise qualifiée pour ce genre de travaux. Le projet a déjà consommé plus d’une quinzaine de milliards de centimes. Une fois achevé il aura besoin d’une extension pour élargir la route. C’est un projet sectoriel, donc, nous attendons, au même titre que les citoyens, son achèvement dans les meilleurs délais. En mois de mars dernier, il y a eu des éboulements au niveau de Bouhaloumen pour lesquels des fiches techniques ont été faites et transmises à qui de droit. Je suis convaincu que les travaux d’aménagement ne sauraient tarder à être lancés.

Que pourriez-vous nous dire concernant la délocalisation du siège de l’APC contre laquelle, les citoyens de Laalam s’opposent ?

Je préfère parler du développement local, car pour les structures administratives, des propositions ont été faites et les décisions seront prises par les autorités compétentes.

Qu’en est-il du développement touristique?

Notre commune possède un foncier appartenant à 70% au domaine forestier, mais la multitude des sites d’attraction captivants qu’elle recèle nous pousse à penser au développement du tourisme de montagne. Une étude plus que nécessaire pour désenclaver la région et la faire connaître par la même occasion. Loisirs, escalades, randonnées pédestres, campings et auberges, tout peut être réalisé chez nous. Pour votre gouverne, nous avons trois variétés de poisson dans nos rivières qui peuvent intéresser les amateurs de pêche. Dans un premier temps, je suis prêt à assurer le transport gratuitement aux touristes pour leur faire découvrir notre belle région. 

Sachant que votre polyclinique est dépourvue du minimum, comment comptez-vous assurer une couverture sanitaire pour les touristes ?

Oui c’est vrai. Nous avons une polyclinique pour 10.000 habitants qui n’assure même pas les premiers soins. Le plateau technique fait défaut malgré l’existence de cinq unités de soins. Nous avons enregistré des pertes humaines faute de leur prise en charge. Il n’y a ni ambulance ni médecin de garde en plus de la plage horaire de son activité limitée entre 8h et 14h. D’ailleurs, nous souhaiterions avoir au moins un poste avancé de la protection civile pour éviter les accidents domestiques qui engendrent, malheureusement, des pertes humaines.

Avez-vous enregistré d’autres insuffisances ?

Nous souffrons de l’absence d’une véritable poste. Nous avons une agence au chef-lieu, datant des années 70, qui n’a bénéficié d’aucun aménagement. Elle fonctionne avec un seul agent, engendrant des retards dans l’acheminement du courrier et un manque flagrant de liquidité.

Et pour le secteur de l’éducation ?

Nous avons 6 écoles primaire et 2 CEM, mais le problème réside dans le secondaire. L’inscription d’un lycée est souhaitée par l’ensemble de la population. Nous dépensons 6 millions de dinars par an dans le transport de nos 405 lycéens vers les établissements de Melbou, Souk El Tenine, Aokas et Darguina. En cinq ans, cela nous fait trois milliards de centimes, soit un quart de l’enveloppe accordée à la construction d’un lycée. Nous attendons des autorités compétentes qu’elles se penchent sérieusement sur ce sujet.

Que pourriez-vous nous dire concernant le sport et la culture ?

Le sport est notre oxygène. Notre équipe de football est classée deuxième au championnat de wilaya. Notre stade est proposé à l’homologation, mais il nécessite une enveloppe financière pour achever les travaux d’aménagement entamés en 2002. Le directeur de la jeunesse et des sports a promis la pose du gazon synthétique de 4e génération. Quant aux associations socioculturelles, elles activent selon leurs moyens, sachant que de faibles subventions leur sont octroyées.

Un mot pour conclure…

Avec mes pairs à l’assemblée, nous sommes convaincus d’avoir fourni beaucoup d’efforts jusque-là. J’espère que la population ait déjà ressenti l’amélioration des conditions de vie. Bien entendu, le résultat sera palpable dans les prochains mois, car ce n’est pas facile d’apporter des changements en un laps de  temps. Nous sommes animés d’une bonne volonté et à la population de nous comprendre.

Entretien réalisé

par A. Gana

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