Une localité poubelle !

Partager

Aussi bien sur le CW97, allant vers la ville de Aïn Bessem, que dans les venelles et chemins pédestres de cette nouvelle agglomération, le village du barrage Oued Lak’hal offre l’image surréelle d’une immense décharge à ciel ouvert. À moins de huit kilomètres du chef-lieu communal d’Aïn Bessem, l’on se croirait dans un canton perdu de la brousse. Plus d’une centaine de maisons, construites à la hâte et dans l’anarchie la plus débridée, à quelques dizaines de mètres d’un lieu paradisiaque, le lac bleu azur du barrage hydraulique, s’élèvent en un « agrégat » informe qui s’étire dans tous les sens. À l’origine, jusqu’à l’ouverture du barrage en 1984, il n’y avait pas d’agglomération sur ce site purement agricole. Le lieu avait le nom: Drâa Sidi Khelifa. Il y avait aussi une source naturelle: Aïn Benachour, sur le versant du fécond Oued Lak’hal. Dès que le barrage hydraulique eut été achevé les cabines sahariennes, ayant abrité les cadres du projet, ont été investis par de nouveaux occupants. Ce petit noyau, qui s’étendra à l’est comme à l’ouest, fera boule de neige. Il n’y avait que les années d’insécurité (1994-2002) qui avaient ralenti quelque peu le phénomène de peuplement et de constructions anarchiques. Après le retour de la sécurité le village renoue avec la situation immaîtrisable et incontrôlable sur le plan de l’urbanisme, de l’architecture et du cadre de vie. C’est là un véritable no man’s land, formant un éternel chantier qui ne connaîtra pas de forme définitive de sitôt. Cet ensemble d’habitats, plongé dans les immondices aux quatre coins de son périmètre, constitue une véritable écharde dans un paysage féerique où se mêlent les champs céréaliers aux bosquets forestiers du vallon et au lac bleu du barrage hydraulique. Un contraste qui crève les yeux et qui tarde à être pris en charge, aussi bien par les autorités locales que par les habitants eux-mêmes.

N. M. Taous

Partager