17 416 malades en attente d’une greffe rénale en Algérie

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Un total de 9 163 opérations de greffe d’organes et de tissus a été enregistré en Algérie, à ce jour. C’est ce qui ressort des chiffres présentés, jeudi dernier, au CHU Nedir Mohamed, par l’association ‘’Biloba’’ qui milite pour le don d’organes, à l’occasion de la journée de sensibilisation consacré à ce sujet. La problématique de l’heure consiste en effet à trouver un moyen efficace pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes sur le don d’organe. Et c’est dans cette optique qu’a été organisée, avant-hier, une journée de sensibilisation au niveau du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou. Une initiative de l’association Biloba. Lors de la rencontre, à laquelle ont pris part des spécialistes locaux, aux côtés des membres de l’association, on a avancé le chiffre de 9 163 qui représente le total des greffes d’organes et de tissues effectuées jusqu’à présent en Algérie. En effet, et comme il a été précisé dans la communication du Dr. Chaïmi, 1 134 greffes rénales ont été effectuées entre 1986 et 2013. Pour les greffes de foies, la conférencière a parlé de 34 cas entre 2003 et 2012. Deux autres sortes de greffes ont été citées lors de la même occasion. Celles de tissus, plus exactement la greffe de la moelle osseuse et de la cornée. D’après toujours la même intervenante, il a été réalisé 1 966 greffes de la moelle osseuse (de 1998 à 2012) et pas moins de 6 029 concernant la cornée depuis le début de ce genre d’opération jusqu’à l’année 2012. L’intervenante précisera néanmoins que les cornées implantées étaient importées des États-Unis, à partir de 2002. «Ceci suite à un décret qui interdit le prélèvement de cornée sur des cadavres, imposant le consentement du donneur de son vivant. Chose qui n’était pas nécessaire auparavant», expliquera l’intervenante. Il sera également noté que ces chiffres sont minimes comparés au nombre de malades nécessitant une greffe. Pour ne prendre que le seul exemple du rein, organe le plus touché et dont les personnes atteintes se comptent en milliers, seuls 3% des greffes ont lieu en Algérie, avec près de 100 greffes réalisées chaque année. Un pourcentage très faible comparé au nombre de malades nécessitant une thérapeutique de substitution, en dehors de la dialyse, c’est-à-dire une greffe rénale. En Algérie, explique le même docteur, 17 416 patients sont recensés, avec une moyenne de 3 500 nouveaux cas enregistrés annuellement. Pour les membres fondateurs de l’association du don d’organes Biloba, dont la présidente est Radhia Kraiba, qui se sont succédé «le problème réside dans le manque d’information et de sensibilisation sur l’acte de donner». Car, pour rester toujours dans l’exemple de la greffe rénale, 98% des dons effectués constituent des dons de proches et parents. Un sondage réalisé par l’association sur 373 personnes, dont 252 femmes, fait ressortir que 83% des personnes interrogées seraient favorables au don d’organes. 

Toutefois, seules 50% d’entre elles sont disposées à donner. 30% sont favorables sans pour autant vouloir un jour être donneuses d’organes. D’autre pas, seuls 2% des greffes rénales sont réalisés depuis des cadavres en état de mort encéphalique. Le débat a d’ailleurs été axé lors de cette journée abritée par le CHU de Tizi-Ouzou, sur la nécessité d’encourager les greffes à partir de personnes décédées. Pour expliquer les contours de la question de prélèvement d’organe à partir de personnes décédées, notamment par rapport à la religion, un Imam a été invité pour prendre part au débat. Celui-ci expliquera qu’à travers la religion «le don d’organe est possible s’il est le seul moyen de sauver une vie» et que «seul compte la gratuité du don qui est un principe primordial». La problématique étique dans la décision de donner un organe, comme l’a souligné jeudi dernier, la présidente Radhia Kraiba, médecin immunologue au niveau du service de cytologie du centre Pierre et Marie Curie d’Alger, et vu le flou qui l’entoure, exige une large promotion du don d’organes, de tissus et de cellules à travers, notamment, l’information et la sensibilisation du public. Le travail fait par l’association, depuis sa création en 2012, à travers le territoire national s’est traduit par de nombreuses journées d’information et de sensibilisation. L’association a notamment introduit la notion de «carte de donneurs d’organes». Une carte qui, comme l’explique Abderezak Zebboudj, vice-président de l’Association et chargé de la communication, «n’a pas de valeur juridique, mais aide à connaître la motivation de la personne qui l’a. Elle l’aide aussi à faire connaître sa volonté de devenir donneur», expliquant que cela aidera les parents à prendre la décision si la mort de la personne survient subitement. Le vice-président ajoutera que l’association a distribué jusqu’à présent, une quarantaine de cartes « et le travail continue». Il est à souligner que lors de la journée de jeudi, des témoins donneurs, mais aussi receveurs, ont été accueillis pour parler de leur expérience et expliquer comment était leur vie avant et comment elle est devenue après l’intervention. Ils ont tous insisté sur le cour normal de leur vie pour les premiers et l’amélioration sensible de celui-ci pour les deuxièmes. 

Tassadit. Ch.

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