Les auto-écoles toujours sans circuit

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Le parking du cimetière des Martyrs de Tizi-Ouzou, sis à M’Douha, est transformé, depuis presque 2 ans, en un circuit pour les auto-écoles, accueillant, ainsi, les dizaines de moniteurs et leurs élèves qui y viennent, quotidiennement, apprendre et s’entraîner en vue des différents examens pour l’obtention du permis de conduire, sans que cela n’interpelle les autorités concernées.

En effet, censé être un endroit sacré où repose nos martyrs, cet endroit est tout sauf un lieu de repos éternel, à cause du laisser-aller des autorités locales. Pourtant, ils le savent et le voient en se rendant sur les lieux, à chaque anniversaire d’une date historique, pour y déposer une gerbe de fleurs en la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour l’Algérie et qui méritent plus d’égards. Lors d’une virée sur les lieux, la plupart les concernées, élèves et moniteurs, n’ont pas manqué d’afficher leur mécontentement quant à cette situation. Car, outre l’atteinte à la mémoire des « Chouhada » enterrés là qui ont sacrifiés leur vie pour libérer leur pays, aussi bien les moniteurs que les élèves ont des difficultés à s’exercer sur un terrain pareil, que ce soit en hiver ou en été. « En hiver, ce terrain devient impraticable. Du coup, il nous est impossible de donner des cours à nos élèves. Mais parfois, nous y sommes obligés, surtout à l’approche des examens. Un peu de pluie et le sol se transforme en boue. C’est difficile de faire ne serait-ce qu’une simple manœuvre, notamment pour une personne qui manie une voiture pour la première fois », regrette un moniteur. Quant à Nesrine, une universitaire qui repasse son examen de conduite pour la seconde fois, elle relatera : « J’ai passé mon examen de créneau au mois d’avril, mais je l’ai raté. Il faisait trop chaud, ce jour là et j’ai eu un coup de soleil qui m’a provoqué de la fièvre et des douleurs atroces au crâne. Tout ça parce que les autorités locales ne bougent pas le petit doigt pour trouver une solution ». Pour sa part, Amine, également apprenant, dira : « J’ai raté pratiquement toutes mes séances, car je n’arrive pas à faire une manœuvre correcte sur un terrain pareil. Sans parler des désagréments auxquels nous faisons face à chaque séance, comme la chaleur et la pluie qui rend le terrain impraticable. Je me demande jusqu’à quand durera ce laisser-aller. En attendant de trouver un terrain digne d’un circuit pour les auto-écoles, pourquoi n’aménagent-ils pas ce terrain afin de faciliter la tâche à ceux qui viennent y travailler quotidiennement ? ». Il est à signaler que cette situation n’arrange personne, ni les autorités ni les moniteurs et encore moins les citoyens. Tout le monde s’interroge sur celui qui est derrière cette décision ? Selon l’association des auto-écoles de la wilaya de Tizi-Ouzou, cette décision émane de autorités concernées, qui leur ont promis un terrain dans les meilleurs délais, mais en vain. Cela dure depuis plusieurs mois et rien n’arrive pour arranger les choses, constate-t-on sur le terrain. Certes, la région souffre d’un terrible manque en matière d’assiettes foncière, mais de là à installer un circuit d’auto-écoles à proximité du cimetière des Martyrs…  Cela n’a, d’ailleurs, pas laissé insensible les familles des Chouhada qui y reposent. Interpellé un sexagénaire qui se rendait à ce cimetière où repose un parent à lui, mort pour l’Algérie indépendante, indiquera que « la décision d’installer en cet endroit un espace d’examen ou d’entraînement pour les auto-écoles est une atteinte à la mémoire des martyrs qui reposent juste à côté. J’ai entendu dire que le P/APC avait promis, lors d’une réunion, de solutionner ce problème dans les plus brefs délais. Mais depuis, nous n’avons rien vu venir et cela me désole. Car c’est un lieu sacré qui doit être réservé aux Martyrs et non pas à autre chose ». En fait, ce problème auquel font face également les directeurs d’auto-écoles, ne date pas d’hier.  Ils sont, d’ailleurs, montés au créneau à maintes reprises pour protester contre les conditions dans lesquelles ils travaillent et réclamer un cadre plus adéquat pour exercer dignement leur métier.

En quête d’un terrain

Un membre de l’association des auto-écoles de Tizi-Ouzou affirmera que l’ancien directeur des transports leur avait promis de leur céder l’ancienne gare routière de Tizi-Ouzou et en faire un centre d’examens et d’apprentissage. Mais le site a finalement été affecté à d’autres activités. Quant au choix de l’espace du monument des Moudjahidines à M’Douha, il dira que c’est une décision qui ne relève pas du ressort de l’association. « Nous ne sommes pour rien dans cette décision. Ils nous ont dit d’aller sur ce terrain et nous sommes partis, en attendant qu’on nous trouve un terrain libre pour l’aménager en un circuit d’examen et d’apprentissage pour les auto-écoles», a-t-il dit, pointant du doigt la gestion au niveau de la direction des transports qu’il accuse de ne pas faire son travail. Il ajoutera que le problème de « la non disponibilité d’un autre lieu qui conviendrait à notre activité », se pose avec acuité pour le moment. Abderrahmane Babouche, directeur d’auto-école et représentant de ses confrères au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, avouera que dans un premier temps, un terrain leur avait été accordé juste après la pompe à essence dite « Chabane », sise à la sortie Est de Tizi-Ouzou, mais suite aux oppositions des riverains, ils ont été contraints de quitter ce lieu. Par la suite, selon ses dires, l’association des auto-écoles de Tizi-Ouzou avait proposé un terrain à Aàzib Ahmed, une belle surface, idéale pour accueillir un circuit d’examen. Mais cette demande a été rejetée par les autorités concernées, prétextant le passage d’une conduite de gaz. « Il s’agit d’un bout de route au niveau de Hasnaoua. C’est un beau terrain. Parfait pour un circuit d’auto-écoles. De plus, il n’a pas besoin de grand-chose en matière d’aménagement, juste des trottoirs, du goudron et une clôture pour assurer la sécurité de nos élèves », a-t-il dit. Il ajoutera, en répondant une question, qu’« actuellement, quelques moniteurs exercent au niveau de la future gare intermédiaire, sise à la sortie de Tizi-Ouzou, du côté de Boukhalfa. Mais ce n’est pas un terrain qui nous a été officiellement attribué. Les autorités nous ont promis un terrain et maintenant nous attendons ». Notre interlocuteur, qui a insisté sur le fait que l’intérêt des citoyens passe avant toute autre chose, soulèvera également plusieurs autres problèmes qui gangrènent leur profession, notamment le manque en matière d’examinateurs. Il est à rappeler que la wilaya de Tizi-Ouzou a droit à un examen tous les 30 jours, tandis que dans certaines autres wilayas, les délais ne dépassent pas les 20 jours, voir même les deux semaines. Par ailleurs, interrogé au sujet du centre d’examen qui devait être construit au dans la wilaya de Tizi-Ouzou, il y a de cela plusieurs mois, le président de ladite association dira : « Cela fait une éternité que nous demandons un lieu aménagé spécialement pour les activités des auto-écoles. À cet effet, nous avions interpellé les autorités concernées à maintes reprises, mais en vain». Jointe par nos soins, Mme Terki, directrice des Transports de la wilaya de Tizi-Ouzou, indiquera que ce la est dû à l’inexistence d’assiettes de terrain pouvant accueillir un circuit d’examen et d’apprentissage pour les auto-écoles. « Concernant l’assiette qu’ils nous ont proposée à Aâzib Ahmed, il s’agit d’un terrain privé », affirme-t-elle. Notre interlocutrice conclura en ajoutant qu’« actuellement, nous essayons de leur trouver un terrain du côté du pôle d’excellence, à Oued-Falli. La commission de la DUC nous a fait des propositions. Mais nous n’avons toujours pas pris de décision définitive concernant le choix du site ».  Les directeurs des auto-écoles de Tizi-Ouzou devront, donc, prendre leur mal en patience et attendre que les autorités concernées puissent, enfin, trouver une solution à leur problème qui perdure depuis des décennies.

Samira Bouabdellah

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