La réalisation de projets d’utilité publique bute sur les épineuses oppositions des propriétaires de terrains touchés, d’une manière ou d’une autre, par les tracés de projets d’écoles, de salles de soins et autres réseaux d’assainissement ou de distribution d’eau
Les oppositions émises par des propriétaires surgissent dès les premiers coups d’envoi des projets qu’ils freinent durant des mois voire même des années, et ce, pour deux raisons principales : la première étant les consultations avec tous les partenaires concernés soit le maître de l’œuvre, celui de l’ouvrage et le propriétaire qui n’est pas associé aux consultations, notamment dans des cas de passages. Et celui-ci ne se rend compte qu’une fois les topographes arrivent sur sa propriété pour procéder à la levée et le tracé de l’itinéraire de l’ouvrage. La majorité de ces propriétaires laissent faire cette première opération du projet et n’interviennent pour le bloquer qu’une fois l’entreprise de réalisation arrive sur les lieux et ce n’est qu’en ce moment que les pouvoirs publics se manifestent pour entamer de longues négociations pour débloquer la situation. Dans la majorité de ce genre de conflits, la plupart des opposants bloquent le projet pour le simple fait de ne pas avoir été averti avant le démarrage des travaux qu’il qualifient de violation de propriété partant du principe qu’elles (les propriétés privées) sont protégées par la loi. La deuxième raison a trait aux indemnités et l’évaluation du terrain dont le barème officiel n’est pas réactualisé pour s’aligner sur les cours du marché et ne tient pas aussi compte de la dévaluation du dinar. L’exemple le plus édifiant est le cas de la réalisation des projets d’irrigation et de renforcement de l’AEP à partir du barrage de Tilesdit qui touche les daïra de Bechloul et de M’Chedallah et sur lequel des oppositions de propriétaires de terrains se comptent par dizaines et ralentissent sensiblement l’avancement des travaux au point où l’actuel wali, qui a hérité de cette situation de blocage tous azimuts, se voit contraint de se reconvertir en négociateur en multipliant les sorties sur le terrain, presque chaque semaine depuis son installation. La dernière en date étant celle de la semaine écoulée durant laquelle il lui a été donné de prendre connaissance de deux cas édifiants à l’origine des oppositions sur ce projet parmi d’autres. Le premier cas est signalé à Ahnif. Il s’agit d’une famille dont les terrains ont été touchés par la réalisation de la conduite d’eau vers un réservoir. Le représentant de cette famille, qui réside dans la commune de M’Chedallah, a affirmé qu’ils n’a même pas été informé et que ce n’est qu’en se rendant sur ses terres qu’ils a découvert ces ouvrages. Le wali n’avait eu aucune difficulté pour trouver un terrain d’entente avec cette famille qui est prête pour faciliter la réalisation du projet si on règle le problème des indemnités. L’autre cas est signalé à Ath Mansour où un groupe d’agriculteurs ont aussi freiné un projet d’utilité publique, à cause d’un problème d’évaluation des terres et des oliveries. Ces opposants informent le wali que les prix qu’on leur a proposés représentent la moitié de ceux proposés au propriétaire d’Ahnif. Un dossier dont le wali a décidé la mise sur pied d’une commission pour examiner la demande des citoyens après avoir constaté qu’ils sont prêts à négocier et lâcher du leste. La balle est dans le camp des pouvoirs publics. Il est utile de souligner qu’une autre contrainte de taille qui bloque les dossiers de régularisation des indemnités est le fait que les domaines et l’expert ne sont sollicités dans beaucoup de cas qu’une fois les travaux réalisés d’où des difficultés à procéder à une estimation juste équitable et le recours à des évaluations, au forfait, que les propriétaires rejettent.
Oulaid Soualah