Formation sur le travail thérapeutique en réseau

Partager

L’Association Etoile Culturelle d’Akbou a organisé, dernièrement, en son siège, une formation sur le travail thérapeutique en réseau au profit d’animateurs associatifs, d’enseignants, de psychologues et des professionnels des soins intervenant dans le domaine de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse.

La formation mise en œuvre dans le cadre du projet intitulé «Création d’une pépinière de jeunes d’Akbou et de Biskra» soutenu par le programme concerté pluri-acteurs – Algérie et la commission européenne, a été encadrée par Mme Marie-Claire Michaud, assistante sociale, thérapeute de famille, clinicienne de concertation niveau 4, formatrice en thérapie contextuelle et en «Clinique de Concertation» en Belgique, en France, en Suisse, en Italie et en Algérie et directrice du centre de ressources «Ecole et Famille» (Val d’Oise), ainsi que par le docteur Pascale Querouil, médecin généraliste et membre actif de l’établissement «Ecole et Famille» France.

Durant la première journée, la formation a tourné autour de l’initiation au «sociogénogramme» qui est le plus important outil au service des professionnels qui s’engagent dans le travail thérapeutique de réseau. Il est une représentation graphique éphémère et évolutive des acteurs, professionnels, associations et institutions de l’aide, du soin, de l’éducation et du contrôle, activés ou mis au travail par les membres d’une famille en détresses multiples.

Le sociogénogramme est, donc, une représentation des liens, de la trace qu’ils impriment dans le réseau, des demandes, des délégations des personnes qui vivent ensemble vers ceux qui travaillent ensemble et vis-versa. Marie-Claire Michaud, tout en usant d’un langage accessible à tous et débarrassé de tout jargon savant et en développant des concepts scientifiques, a illustré ses explications par des exemples tirés de l’expérience clinique de l’association «Ecole et Famille».

Des exemples de familles en détresses multiples qui, au départ, étaient récalcitrantes à toutes formes d’aide thérapeutique et qui finissent pourtant par collaborer et sortir du gouffre grâce à l’aide du réseau des professionnels que cette association a permis de mettre en place. La méthode pédagogique adoptée était celle de l’échange avec les participants pour les aider à construire eux-mêmes leurs apprentissages.

Outre leurs questionnements liés à leur travail thérapeutique dans le contexte algérien, les intervenants ont mis l’accent sur la démission des parents par exemple. Ce à quoi Marie-Claire Michaud répondait que parmi les règles d’or à respecter dans le travail thérapeutique de réseau, c’est de parler des absents comme s’ils étaient présents. «Tout ce qu’on ne peut pas dire en face d’une personne, nous ne devons pas le dire en son absence. Il faut donc se réjouir de la présence des présents et regretter l’absence des absents», disait-elle.

Le travail thérapeutique de réseau repose sur la thérapie contextuelle qui consiste en un échange avec les familles. Les familles ne doivent pas rester spectatrices de ce que les professionnels font pour elles. Elles doivent s’impliquer pleinement, condition sans laquelle aucune thérapie viable ne peut être espérée.

«Les familles nous apprennent beaucoup de choses sur notre métier», affirme Marie-Claire Michaud. De plus, dans ce travail, on doit surtout mettre en valeur ce qui honore les familles, leur capacité de s’en sortir. «On ne convoque généralement les parents que quand ça va mal, on ne valorise pas l’enfant», a-t-elle fait remarquer.

Il faut aussi respecter le choix des familles quant aux informations qui seront diffusées dans le réseau. Les familles peuvent également être accompagnées des personnes de leur choix. « Il faut toujours remercier les familles et leur expliquer pourquoi, parce qu’elles nous permettent d’apprendre sur notre travail», précise Marie-Claire Michaud. La deuxième journée commence comme la première par un tour de présentation. Il est important de se présenter, de dire qui on est, ce qu’on peut apporter aux autres et ce que les autres peuvent nous apporter.

Il était question de visualiser le réseau des professionnels, la manière de se présenter à des incidences sur les problèmes posés et la manière d’organiser les soins et d’autres rapports. Ensuite, les deux animatrices abordent d’autres points théoriques, à savoir le champ de recouvrement et la clinique de relais. Le sociogénogramme permet de «repérer les champs de recouvrement» des différents professionnels, les missions parfois communes et travailler à un partage des responsabilités dans un réseau, repérer les cliniques de relais».

Cette façon de travailler en réseau permet aussi d’appréhender la complexité évolutive des situations cliniques rencontrées en réalisant du sociogénogramme. «Ecole et Famille est un vaste champ de recouvrement, où s’exercent constamment des relais entre des professionnels issus de plusieurs institutions, mais également entre familles et professionnels. Tous ces champs viennent de l’éducatif, du judiciaire, du social et du clinique».

Ce travail en réseau permet le décloisonnement des pratiques, une vision. Les travaux d’ateliers ont porté sur la mise au travail des situations cliniques réelles. La dernière journée de formation était consacrée à la clinique dite de concertation. Marie-Claire Michaud privilégie toujours l’échange avec les apprenants et partir de situations cliniques vécues par eux, ce qui leur facilite le travail trans-éducatif (le travail de lien entre théorie et l’expérience réelle de l’apprenant) et l’appropriation des nouveaux savoirs.

A noter que l’Etoile Culturelle d’Akbou, qui ne cesse de s’essayer dans l’innovation, dans la conception et la mise en œuvre de projets associatifs, n’a pas omis de faire le point avec les participants en leur soumettant un questionnaire sur la qualité de la formation.

M. Ch.

Partager