Les étudiants de Hasnaoua II en grève illimitée

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L’université Hasnaoua II (Bastos) de Tizi-Ouzou a été paralysée, hier, par une grève générale des étudiants de l’ensemble des facultés qui s’y trouvent. Ils manifestent ainsi leur solidarité avec un étudiant en 3e année et membre du comité de la faculté de Géni-civil, qui a été entendu la semaine dernière par la police, dans une affaire l’opposant au directeur des œuvres universitaires de Hasnaoua. Hier donc, l’ensemble des facultés de cette université ont été désertées par les étudiants, qui ont répondu à l’appel des comités estudiantins de sécher les cours afin de se solidariser avec l’un des leurs qui a été entendu par la police judiciaire suite à une plainte déposée, début mai, par le DOUH, Ali Amri. Sur place, nous étions interdits d’accès à l’enceinte de l’université par les agents de sécurité qui nous ont exigé « une autorisation d’accès signée par le recteur » pour pouvoir avoir entrer et « travailler librement ». Quelques étudiants que nous avons interrogés sur les origines de la grève ont daigné nous répondre, précisant que l’action vise à soutenir l’un des leurs, qui encoure d’être traduit devant les tribunaux. D’ailleurs, c’est dans ce sens que les membres des comités, solidaires, ont accroché une banderole au niveau de l’accès principal de l’université sur laquelle était écrit : « 10 ans de prison, à qui le tour ? ». Cet écriteau traduit, ainsi, à lui seul, le mot d’ordre de cette grève qui a été suivie par des milliers d’étudiants et qui risque d’être reconduite pour plusieurs jours, à en croire un membre du comité. Celui-ci, refusant de décliner son identité a aussi refusé d’aller dans le détail de l’affaire, dans laquelle le spectre de 10 ans de prison est né. Il aura suffit d’une dizaine de minutes d’attente pour que l’étudiant concerné par cette affaire vienne à notre rencontre et nous étale sa version des faits : « L’affaire remonte au 7 mai dernier, un groupe d’étudiants avait fait irruption dans les locaux du DOUH et ont déversé en la présence de celui-ci, des litres d’huile de vidange automobile. Puis, ils ont menacé de mettre le feu au bureau du directeur qui y était présent. Je n’avais pas participé avec ce groupe à cette action, mais j’ai rejoint, effectivement, le bureau du directeur, au moment où l’action a eu lieu », raconte le jeune étudiant, qui a refusé que nous divulguions son identité pour « ne pas affoler mes parents ». Initialement, poursuit le mis en cause, « le directeur a annoncé avoir déposé plainte contre X, mais le 19 mai, je reçois une convocation de la police pour répondre à une plainte déposée à mon encontre par M. Amri ». L’étudiant, contre lequel la plainte porte sur une « tentative de mettre le feu aux locaux administratifs appartenant à l’Etat », et « tentative d’incendie contre autrui », en la personne du DOUH, a été donc entendu, selon ses dires, par la police judiciaire de la sûreté de wilaya. « Ils ont rédigé le procès verbal d’audition, que j’ai signé et au terme de cette audition, un policier m’a signifié que l’affaire sera qualifié devant le tribunal criminel et que j’encours 10 ans de prison ». Et c’est cette déclaration du policier qui semble avoir affolé l’étudiant, envers lequel les comités estudiantins des facultés de Hasnaoua II, ont décidé d’apporter leur soutien. Contacté par téléphone, en milieu d’après midi d’hier, le DOUH, Ali Amri, a confirmé avoir déposé plainte contre l’étudiant, précisant que celui-ci « est un étudiant non résident ». « J’ai déposé plainte contre lui, car il a tenté de mettre le feu à mon bureau, en ma présence », et de souligner que l’étudiant en question a « immaculé mon bureau par du mazout et des huiles de vidange automobile et a menacé d’y me mettre le feu, aussi ». M. Amri, qui nous a, par ailleurs, indiqué qu’il retirera sa plainte « par considération vis-à-vis du recteur et des autres responsables de l’université qui m’ont invité à le faire », n’a pas hésité à pointer du doigt « certains cadres de l’université qui veulent déstabiliser l’université Mouloud Mammeri, rien que parce qu’ils veulent prendre ma place ».  « Il est regrettable que ce genre de personnes, nourris par des ambitions de responsabilité aient utilisé un étudiant pour commettre un délit qui risque de compromettre son avenir, rien que pour assouvir leur désirs d’avancer dans leur carrière », regrette encore M. Amri, qui a tenu aussi à rassurer la communauté estudiantine de sa volonté à retirer sa plainte.

M.A.T. 

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