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«La plasticité, une maladie qui se traite, mais…»

La plasticité est un mal qui guette surtout les enfants en bas âge. En effet, selon Dr Carole Leclercq, qui a animé avant-hier, dimanche, une conférence-débat sur cette infection d’origine neuromusculaire, deux enfants sur mille sont frappés, chaque année en France, par cette maladie. Le nombre de personnes qui en sont atteintes en Algérie, doit être assez important pour que ce médecin chirurgien, qui travaille à l’Institut de La main à Paris, et qui en est à sa deuxième mission en Algérie, en opère 6 sur les vingt-cinq qu’il a eu à examiner à l’hôpital de Ben Aknoun. D’ailleurs, la conférencière a fait savoir que le problème de prise en charge qu’elle pose est-elle qu’il a été décidé qu’un diplôme de la chirurgie de la main soit créé chez nous. Mais qu’est-ce que la plasticité ? En quoi diffère-t-elle de la contraction musculaire et de la simple raideur ? Dans quelle mesure la chirurgie la traite-t-elle ? Quels autres moyens lui associer pour arriver aux résultats escomptés ? Y arrive-t-on toujours ? C’est à ces questions que la chirurgienne de l’Institut de La main a tenté de répondre en illustrant sa communication de projections de diapositives. Selon elle, la plasticité est une hypertonie d’un ou plusieurs muscles, suite à un accident cérébral ou spinal. Il s’agit dans de nombreux cas, d’une hémiplégie ou d’une quadriplégie. Une forte fièvre, une infection, une chute, un accident de voiture, un traumatisme crânien peuvent être responsables de cette maladie. Elle se distingue assez facilement de la contraction, lorsque c’est le bras ou la main qui est atteint, par étirement du membre affecté. La résistance augmente et une fois relâché il reprend sa position initiale. On peut également essayer la stimulation électrique. Quelques photos d’enfants ou d’adolescents présentant ce phénomène illustrent ces situations. Mais, il arrive aussi que le recours à la toxine botulique soit nécessaire. Au bout de 10 jours, selon la spécialiste, le muscle fournit un renseignement capital sur la nature du mal : s’il conserve son état initial, on peut, alors, affirmer qu’on est en présence d’une plasticité. Si, au contraire, l’état pathologique disparaît, cela voudrait dire qu’il s’agissait d’une contraction ou d’une simple raideur. Mais comment guérir, ou du moins atténuer le mal ? Selon elle, c’est par une opération sur le membre présentant des anomalies se traduisant par un manque de coordination des mouvements exécutés par le patient. Sur une photo montrant un bras, le médecin montre où interviennent les troubles, et comment le malade ne peut plus commander au membre. C’est en sectionnant trois rameaux (petits faisceaux de muscle) sur quatre, à l’origine du trouble, parfois deux, quand le muscle n’en comporte que trois, qu’on parvient à rééquilibrer les forces en présence. Mais la réussite est facteur d’un diagnostic et d’un traitement précoces. Plus on s’y prend tôt avec cette pathologie, plus on a des chances d’agir sur les schémas (habitudes vicieuses) qui se sont installés à la suite de cette atteinte cérébro-musculaire. «Ce n’est pas après quinze ou seize ans qu’on parvient à se servir correctement d’une main, autrement qu’on ne l’a jamais fait jusqu’ici.» a-t-elle souligné. Mais l’ergothérapie et même une médication à base d’antalgiques peuvent être heureusement associées. Quelques résultats obtenus au niveau de l’Institut de La main, au Brésil où Dr Leclercq en est à sa neuvième mission, ou au Maroc encore, donnent une idée du combat de ce médecin qui, avec Dr Alain Gibert, patron de cet Institut, Dr Raoul Tubiaux et en compagnie de quatorze autres chirurgiens, mène une guerre sans merci contre ce fléau, qui comme nous l’avions dit frappe surtout les enfants, même si les adultes ne sont pas toujours épargnés. Un détail portant sur la correction d’une main atteinte de spasticité montre comment le chirurgien peut procéder à un transfert musculaire ou tendineux pour équilibrer l’action des muscles responsables d’une anomalie, et renforcer, ainsi, les nouveaux schémas qui s’installent à la suite de l’opération. On prélève le muscle antagoniste, c’est-à-dire qui tire quand celui responsable de l’état pathologique résiste, et on remplace celui-ci par l’autre. La spasticité disparaît et le membre retrouve les réflexes normaux ou presque. Interrogée sur sa vocation qui l’a conduite à opter pour la chirurgie de la main et du membre supérieur, le docteur Nicole Leclercq a confessé qu’avant d’embrasser cette exaltante carrière, elle se destinait, au temps où elle était étudiante, à la pédiatrie. Mais, lorsqu’elle a vu que cette branche de la médecine présentait peu d’intérêt pour elle, elle s’est orientée résolument vers la chirurgie de la main et du membre supérieur. La présidente de l’Association «La main tendue», qui l’accompagnait, a, quant à elle, mis l’accent sur sa nouvelle politique, qui de 2002 à 20012 était d’aider les algériens qui venaient se soigner en France. Avec les progrès réalisés dans le domaine de la santé par l’Algérie, elle exhorte et aide, depuis, ces malades à rester au pays pour les soins dont ils ont besoin.

Aziz Bey

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