Un report et des interrogations !

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Les artistes attendaient cet événement qui revient chaque année, le 8 juin, où ils pouvaient exposer leurs œuvres avec d’autant plus d’impatience, qu’ils se sentaient, depuis des années, négligés, abandonnés, oubliés… Cette année, ce rendez-vous artistique prend une dimension nationale dans la wilaya de Bouira, puisqu’il rassemble une trentaine de figures bien connues dans le milieu artistique. Or, pavé lancé dans la marre dans ce domaine, voilà qu’on leur apprend que le salon national des arts plastiques est reporté sine die. A la cellule de communication de la Maison de la culture Ali Zaamoum, où nous nous sommes rendus hier pour de plus amples informations à ce sujet, on se refuse à tout commentaire. On ne sait même quand est-ce que  cette exposition, qui allait se tenir du 8 au 11 juin en cours, et qui réunira une quinzaine de pinceaux à l’échelle locale et une trentaine d’autres venant d’autres wilayas, va être de nouveau programmée. Tout ce dont on est sûr, c’est que le programme mis en place comportait une exposition de tableaux et une excursion sur un site touristique, et que les invitations ont été décommandées par la direction au dernier moment. Tout le monde sait quels rapports entretiennent les artistes avec les anciens responsables de la culture. Ils déploraient l’absence d’écoute et de volonté de la part de ces derniers pour une meilleure prise en charge de leurs problèmes. Aussi quelle n’a pas été leur joie à l’annonce de la nouvelle du départ, il y a peu, du directeur de la culture et son remplacement par celui de la maison de la culture Ali Zaamoum. Le nouveau responsable a toujours eu de bonnes relations avec tous les artistes et fait naître chez tous l’espoir d’un changement qui profiterait au secteur et à tous ceux qui s’y rattachent de près ou de loin, mais surtout les poètes, les écrivains, les chanteurs, les comédiens, les peintres, les sculpteurs… C’est pourquoi l’attente est grande, et tout aussi grande la déconvenue amenée par le report de la journée de l’artiste. On leur volait leur journée ! Ce sentiment est-il ressenti par tous ? Lila Bouzidi, qui expose depuis plusieurs années à la maison de la culture, ne le partage pas. Car, elle connaît la vraie raison de ce renvoi à une date ultérieure. Le nouveau directeur a été appelé au ministère pour une réunion qui va prendre quelques jours. De cette réunion, elle sent qu’il va en sortir quelque chose de bon pour la corporation tout entière. Sans quoi, la journée n’aurait pas été renvoyée. Cette jeune artiste, dont l’œuvre compte quinze tableaux, dont deux ou trois grands portraits, pense que les mauvais jours sont derrière, que l’artiste qui se bat pour son statut va enfin jouir de plus de respect et de considération. Beaucoup de choses vont voir le jour. On leur déclare, on le leur assure… Et notre artiste y croit. D’ailleurs, la direction n’a pas dit que ce salon ne se tiendra pas. Il aura bel et bien lieu. C’est une simple question de temps, de calendrier… Parmi les figures illustres qui vont rehausser cette exposition de trois jours, l’artiste native de Taghzout (Haïzer), citait en l’occurrence Noreddine Mékadès de Bel Abbès, qui se distingue par sa technique pointilliste et qui a organisé sa propre exposition dans plusieurs villes du pays avec sa quarantaine de tableaux, également Sayeh Tafsir de Batna, qui expose aussi à l’étranger (Belgique), Djamel Talbi de Tizi-Ouzou et bien d’autres encore, comme Nidhal de Tébessa. Bref, un événement pictural qui promettait de briller de mille éclats et dont le rayonnement allait porter très loin… Consciente de l’importance d’une telle aubaine, elle supputait, donc, les retombées qui bénéficieraient à la pléiade d’artistes peintres de la wilaya, et l’honneur qui leur sera fait d’exposer, de comparer leurs œuvres naissantes aux côtés d’œuvres plus mûres et jouissant du suffrage d’un public plus averti et plus large. Dans les couloirs de la maison de la culture, vides, mercredi dernier, nous croisions un chanteur en herbe, Khaled Guettaf. Son premier album sera lancé prochainement. Amer, il considérait l’énorme gâchis causé longtemps avant et après la décennie noire, où il chantait dans le groupe Somod et où dans les festivals nationaux il obtenait la première place. Il se souvenait aussi, avec plein de nostalgie, du temps, où le groupe Thouloudj, formé par les trois frères Bouchia, était au zénith de la chanson « moderne » qui a précédé selon lui, Rayna, Rayna. Livrés à eux-mêmes, selon notre chanteur, sans réelle prise en charge pour raffermir leurs dons, les jeunes talents s’étiolaient puis disparaissaient dans le néant d’où leur génie les avait tirés un moment.

Aziz Bey

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