Faut-il couper un comprimé de Cotareg en deux, un médicament pour les hypertendus, afin de l’amener à une plus faible dose, comme le souhaite cet hypertendu sexagénaire qui déclare ne se sentir bien qu’avec le produit Novartis qui n’est, malheureusement, commercialisé en Algérie que sous forme de comprimés enrobés à 160 mg/25, l’autre forme à 160 mg/12,5 étant inexistante chez nous ?
Deux cardiologues à qui on a posé la question ont répondu que le malade chronique peut le faire. Mais l’avis d’un médecin généraliste et celui d’une pharmacienne sont différents. Une petite recherche sur internet semble donner raison à ces deux derniers. Car, l’enrobage du produit pharmaceutique sert à préserver intactes ses propriétés médicinales contre les différents sucs et autres acides au moment de son passage dans le tube digestif et l’estomac. C’est pourquoi, il se trouve classé sur le tableau parmi les médicaments qu’on ne peut écraser pour leur administration par voie orale à des malades dans l’incapacité d’avaler le comprimé en entier. Mais déjà une question subsidiaire : couper n’est pas écraser ? Une grande partie du produit visé par l’opération demeure enrobée. Il n’est plus protégé que d’un seul côté. Cela suffira-t-il à le rendre inopérant comme dans le cas du broyage ? Nous pensons que s’agissant de la santé des malades, c’est un risque à ne pas courir. En revanche, la responsabilité des pouvoirs publics est fortement engagée. Pourquoi permettre la commercialisation de ce produit sous forme de comprimés à 160 mg/25 et non à 160 mg/12,5 ? Il y a là une logique qui échappe aux simples observateurs que nous sommes. Sur quels critères médicaux ou commerciaux, les importateurs de produits pharmaceutiques qui tiennent notre santé entre leurs mains ont décidé un jour, de ne pas laisser entrer ce médicament en Algérie, pourtant, d’une nécessité vitale. On nous rétorquera que, puisque le générique existe et qu’il est fabriqué par le laboratoire algérien, la question ne se pose plus. Mais l’équivalent de Cotareg existe aussi en 160 mg/25, pourquoi le laisse-t-on, donc, entrer ? Or, il nous semble que la question des génériques étrangers se pose d’autant plus que maintenant beaucoup de médecin paraissent pris de doute quant à l’efficacité totale de certains produits fabriqués chez nous. D’abord à propos des adjuvants eux-mêmes. Si la formule d’un produit est rigoureusement exacte, il reste que les adjuvants qui entrent dans sa composition sont souvent, pour des raisons économiques, revues à la baisse chez nous. Un simple coup d’œil aux notices des deux laboratoires algérien et étranger fabricant le même générique permet d’être édifié quant à cela. Or, dans une récente journée médicale, au moins un intervenant a attiré l’attention sur l’effet des adjuvants sur la protection même des vertus médicinales d’un produit. Pour des raisons économiques, certains laboratoires lésinent sur le nombre d’adjuvants, compromettant du coup l’efficacité de certains de leurs produits. D’ailleurs, une communication entière a été consacrée à la relation entre médecin, pharmacien et malade pour se mettre d’accord sur le choix du médicament à prescrire dans le cas, par exemple, d’un traitement au long cours comme pour les maladies chroniques, le dernier mot revenant toujours au malade en raison de ses réactions particulières aux prescriptions médicales dont il fait l’objet. Ce pavé dans la marre a trouvé des échos chez nombre de médecins et de malades qui préfèrent certains laboratoires à d’autres. C’est une affaire de savoir-faire et de crédibilité mais aussi de réactions de l’organisme aux produits mis en vente.
Aziz Bey.

